Il y a cent ans, le jour de Noël à Drummondville l’église Saint-Frédéric est incendiée…Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Il y a cent ans, le jour de Noël à Drummondville l’église Saint-Frédéric est incendiée…Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Le 25 décembre prochain la vénérable basilique Saint-Frédéric marquera un double anniversaire © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le 25 décembre prochain, la vénérable basilique Saint-Frédéric marquera un double anniversaire, il y a 100 ans, en 1921, en fin d’après-midi, l’église Saint-Frédéric de Drummondville était la proie des flammes.

Le 25 décembre 1921, en fin d’après-midi, l’église Saint-Frédéric de Drummondville est la proie des flammes. Les paroissiens effarés voient leur troisième lieu de culte s’effondrer. Seuls les murs en maçonnerie restent debout, le reste est complètement détruit. La première église de Drummondville, construite en 1822, avait été démolie en 1879 pour en faire une plus grande qui a été aussi détruite par un incendie en 1899. L’église qui vient de brûler date de 1907.

Mais bientôt, l’examen des débris ne laissera pas de doute : cette fois, il s’agit d’un incendie criminel. L’auteur demeure toutefois inconnu. Qui a pu mettre le feu au bâtiment, fierté des Catholiques de Drummondville ? Le mystère restera entier pendant de nombreuses années. Nous y reviendrons.

En attendant, il faut construire une nouvelle église. Les assurances ont versé une indemnité de 152 000$ mais, en faisant les comptes, la Fabrique découvre que le curé Frédéric Tétreau, décédé quelques mois avant l’incendie avait géré les affaires de la paroisse de façon quelque peu risquées et contracté une dette de 30 000 $ et une obligation annuelle sur une période de 26 ans. Il faudra une intervention gouvernementale pour régulariser la situation et permettre à la paroisse de réunir les fonds nécessaires à la construction du nouvel édifice.

Le contrat est accordé à Napoléon Audet, qui a déjà contribué à la construction de quatre cathédrales à Sainte-Anne-de-Beaupré, Moncton, Bathurst et Valleyfield, en plus de plusieurs églises de moindre importance. Les travaux débutent le 23 juin 1922. Le bâtiment est achevé en 1929.

Mais entretemps, le mystère entourant l’auteur de l’incendie semble se résoudre de manière inattendue.

Le 25 juin 1927, le quotidien Le Nouvelliste, de Trois-Rivières, publie un article selon lequel un Américain nommé Raymond K. Marsden, à ce moment incarcéré en Ohio pour incendie et vol dans une église, aurait avoué être l’incendiaire de l’église de Drummondville. Selon l’Associated Press du 30 juin 1927 l’homme, membre d’un gang d’incendiaires, aurait poursuivi une carrière criminelle de vingt-sept ans au cours de laquelle il aurait commis 15 000 vols dans 7000 églises aux États-Unis et au Canada, incendiant plusieurs de celles-ci. Plus tard, il aurait affirmé avoir incendié 7 000 églises (!) dont 17 au Canada, incluant la Basilique Saint-Anne de Beaupré, la cathédrale de Québec, incendie pour lequel on avait soupçonné le Ku-Klux-Klan!, et l’église Saint-Frédéric de Drummondville. Les journaux de l’époque mentionnent que le sergent-détective Adélard Constantin, de la Commission des incendies à Montréal, serait allé à Columbus, en Ohio, récupérer des déclarations sous serments de l’individu. Certains journalistes soulèvent toutefois des doutes sur la crédibilité de Marsden qui semble avide de publicité.

Selon David J. Endres, historien de formation et prêtre catholique, qui a consacré une conférence au parcours de Marsden, celui-ci aurait été largement motivé par une haine viscérale de l’Église catholique.

Le récit de Marsden a généralement été retenu par l’histoire, tant pour l’incendie de l’église St-Frédéric que pour celui des autres églises incendiées à cette époque au Canada.  Toutefois, des historiens qui, récemment, ont voulu retracer les documents relatifs à ces crimes n’ont strictement rien trouvé dans les archives gouvernementales. Plus : Jean-François Courtemanche, ancien pompier montréalais et archiviste, dit n’avoir trouvé aucune mention du nom «Constantin» dans la vaste base de données archivistiques qu’il a assemblé depuis 1993 et qui ne recense pas moins de 23 607 incendies depuis l’époque de la Nouvelle-France.

Quant à Marsden, les archives américaines perdent sa trace après 1940. On ignore la date de son décès.

On ne peut donc pas dire que le mystère soit entièrement résolu. Voilà un sujet de conversation possible autour du sapin de Noël…

Joyeuses fêtes à tous !

André Pelchat
CHRONIQUEUR
PROFILE

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