DRUMMONDVILLE
Une détresse palpable sur les réseaux sociaux
Les appels à l’aide alimentaire se multiplient sur les réseaux sociaux, révélant une nouvelle réalité pour de nombreuses familles en détresse. Une famille rencontrée par Le Vingt55, après avoir lancé un cri du cœur en ligne, illustre cette précarité grandissante « Le comptoir alimentaire ne peut plus répondre à nos besoins. L’aide qu’on reçoit nous permet à peine de survivre une semaine. Parfois, nous devons retourner certains produits ou les revendre pour récupérer quelques dollars en argent liquide afin de subvenir aux besoins de la famille. »
La situation est devenue si critique que le père de famille envisage de transformer son véhicule en une « vanlife » improvisée. Il projette de quitter Drummondville pour se rapprocher de sa famille à Gatineau, où ses parents possèdent une maison. Bien que celle-ci soit trop petite pour accueillir toute la famille, il espère pouvoir stationner leur véhicule sur le terrain familial. Oui, c’est de l’itinérance, admet-il, de l’itinérance de luxe diront certains, ou un mode de vie s’apparentant à de la simplicité involontaire.
Des coûts de la vie insoutenables « Mon salaire ne suffit plus à couvrir le loyer, les frais de scolarité et les factures. Nous n’avons plus d’issue ici à Drummondville. »
Ce père de 38 ans, qui a toujours travaillé, voit ses rêves de stabilité familiale engloutis par le coût de la vie croissant et le manque d’aide et de ressource à Drummondville.
Une mère de famille doit-elle également se resigner au ‘’vanlife » improvisé et imposé
Le message d’une Drummondvilloise a touché bien des lecteurs du Vingt55, qui ont relayé son message. La Drummondvilloise affirme devoir laisser son enfant à la charge du père, pour lui éviter de vivre avec elle dans son CR-V, véhicule qu’elle tente de préparer et d’hiverniser pour les mois à venir en raison de sa situation financière et familiale, qui s’est fortement détériorée abruptement et qui nécessite cette mesure extrême, de plus en plus répandue et prenant de l’ampleur à Drummondville comme dans plusieurs villes de la province aussi.
Les réseaux sociaux, nouvelle porte d’entrée pour l’aide alimentaire et le soutien d’urgence
Les réseaux sociaux sont devenus une plateforme essentielle pour l’aide alimentaire et le soutien d’urgence. Comme l’a constaté Le Vingt55, de nombreuses familles en détresse se tournent directement vers Facebook pour lancer des appels à l’aide. Les messages relayés par les lecteurs révèlent une réalité alarmante : les besoins sont multiples et variés, allant de l’aide alimentaire à des contributions en argent pour couvrir les loyers ou les frais de subsistance.
Certains demandent de l’aide pour financer les repas de leurs enfants à l’école ou même pour remplir la boîte à lunch des parents au travail, incapables de s’offrir un repas complet. Malgré leur bonne volonté, les organismes locaux n’arrivent plus à répondre à toutes les demandes.
Appels à l’aide sur les réseaux sociaux : des risques pour les personnes vulnérables
Une Drummondvilloise met en garde contre les dangers liés aux demandes d’aide sur les réseaux sociaux. Elle témoigne d’une expérience inquiétante :
« J’ai fait une demande d’aide sur Facebook. L’homme semblait bien intentionné et généreux. Une fois sur place, après m’avoir proposé un montant pour de la nourriture, il a rapidement tenté de monnayer cette aide sur une base régulière en échange de faveurs sexuelles. J’ai quitté l’appartement sans accepter l’aide, réalisant que j’étais plus vulnérable que je ne le pensais et à la merci d’un étranger opportuniste. »
Une question de priorités : des organismes en situation de précarité
Les organismes communautaires font face à des besoins criants et peinent à subvenir à la demande.
« Est-ce que l’argent des gouvernements et des municipalités est utilisé efficacement ? Les élus multiplient les annonces, mais les sommes semblent se perdre en chemin avant d’arriver concrètement aux organismes sur le terrain. »
Ces interrogations sont partagées par de nombreuses personnes en situation de précarité. Un travailleur rencontré par Le Vingt55 a témoigné de son incapacité à recevoir une aide alimentaire suffisante malgré ses démarches auprès des organismes locaux.
« Beaucoup de belles annonces sont faites, mais elles se traduisent souvent par un soutien insuffisant pour des organismes déjà submergés par des besoins grandissants. »
Un père de famille a exprimé son désarroi « J’ai reçu plus d’aide des réseaux sociaux que de nos organismes locaux. »
Cette déclaration souligne le rôle crucial que jouent désormais les réseaux sociaux, comblant les lacunes des systèmes de soutien traditionnels. Dans ce contexte, les familles en difficulté s’appuient sur la solidarité en ligne pour pallier le manque de ressources locales.
Des organismes à bout de souffle, selon les bénéficiaires et familles dans le besoin
Les organismes communautaires de Drummondville sont submergés par une demande croissante, comme le constatent également les familles qui sollicitent directement de l’aide. Leurs ressources sont insuffisantes pour répondre à tous les besoins, et les aides ponctuelles ne suffisent plus. Ces organismes eux-mêmes peinent à obtenir le soutien financier nécessaire pour maintenir leurs services.
« Les annonces d’aide sont encourageantes, mais au bout du compte, il reste peu de choses pour réellement soutenir ceux qui en ont besoin. »
La combinaison d’emplois peu rémunérés, de coupures, de la hausse du coût de la vie et de l’abandon des travailleurs étrangers saisonniers alimente la demande d’aide alimentaire. Beaucoup de ces travailleurs se retrouvent avec peu de ressources et doivent affronter la réalité d’être laissés pour compte à la fin de leur contrat saisonnier.
Cette situation préoccupante met en lumière le cercle vicieux dans lequel les familles en difficulté et les organismes de soutien se retrouvent piégés. Les ressources manquent, et sans aide financière supplémentaire, l’espoir d’une sortie de crise semble bien lointain.
Cette réalité à Drummondville reflète une tendance plus large observée dans d’autres régions du Québec. Face à l’augmentation de l’itinérance et aux besoins croissants, les communautés doivent trouver des solutions adaptées. Mais pour de nombreuses familles et personnes en situation d’itinérance rencontrées par Le Vingt55, le temps presse, et les options se font rares, s’accordent-elles à dire.
Véronique Sawyer confirme la précarité croissante et les risques liés aux demandes d’aide en ligne
Contactée par Le Vingt55, Véronique Sawyer, directrice générale du Comptoir alimentaire, confirme que la situation précaire de nombreuses femmes et familles demeure alarmante.
« Il est évident que des femmes et des familles se tournent de plus en plus vers les réseaux sociaux pour demander de l’aide alimentaire ou financière. C’est une nouvelle réalité qui comporte son lot de risques », a-t-elle expliqué en entrevue.
Mme Sawyer recommande aux personnes en difficulté de privilégier les organismes reconnus, capables d’offrir un soutien plus structuré. « Bien souvent, nous accueillons des familles, des travailleurs locaux ou étrangers, parfois temporaires, qui ont épuisé leurs démarches et réseaux. Ces personnes se retrouvent dans une détresse profonde. » Mme Sawyer précise qu’un financement adéquat permettrait d’offrir davantage, mais que pour l’instant, « c’est réellement un dépannage alimentaire que l’organisme est en mesure d’offrir »
Elle souligne également l’importance de se méfier des réseaux sociaux, malgré l’ampleur qu’ils ont prise « Les réseaux sociaux peuvent offrir des solutions rapides, mais ils comportent des risques non négligeables. C’est pourquoi nous encourageons les citoyens et les familles dans le besoin à se tourner vers des organismes reconnus de la région, qui offrent une aide sécuritaire et fiable. »
Mme Sawyer insiste sur la nécessité de faire preuve de prudence et invite les personnes en détresse à utiliser les ressources locales disponibles pour éviter les dangers liés aux initiatives non encadrées en ligne.