Les médias vs META : petit regard historique… raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Les médias vs META : petit regard historique… raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Les médias vs META : petit regard historique… raconte-moi l'histoire par André Pelchat @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Je sors cette semaine de mes thématiques habituelles sur l’histoire régionale pour m’aventurer à jeter un regard critique sur un débat bien contemporain : le conflit qui oppose les médias canadiens, soutenus par le gouvernement fédéral, aux propriétaires des grands réseaux sociaux, Facebook, Instagram, Whatsapp, etc. , bref ce qu’on désigne sous le nom collectif de META.

Cette mesure a été demandée depuis longtemps par les grands groupes médiatiques canadiens, tels Québécor, La Presse inc. ou CBC/Radio-Canada, qui jugent que la reprise de leurs contenus par les médias sociaux amène des publicitaires à délaisser les médias canadiens pour les plateformes de META, d’où une perte de revenus sans compensation, ce que personne ne nie. META, toutefois, prétend que ce sont les médias nationaux qui profitent le plus de cette situation par la visibilité accrue qu’elle leur donne.

Le débat a monté d’un cran récemment avec la situation d’urgence créée par les feux de forêts dans l’ouest du pays. Il semble que certains résidents des régions touchées n’arrivent pas à obtenir des informations récentes sur la situation à cause du blocage des médias canadiens sur les plateformes de META. Le premier ministre Trudeau a accusé les médias sociaux de « privilégier leurs profits aux dépens de la sécurité des Canadiens. » Il n’a pas parlé de « mettre des vies en danger », mais il aurait sans doute pu.

Et qu’en est-il des médias locaux ?  Un directeur de médias régionaux dans Charlevoix et sur la Côte-Nord disait récemment à Radio-Canada : « À court terme, la fréquentation va être grandement affectée. Il y a des journées où 70 % de nos lecteurs vont consulter nos contenus à partir de Facebook ».

D’un autre côté, le rédacteur en chef du Vingt55, Eric Beaupré, précise : « C’est une situation problématique qui met assurément en péril la survie des médias en région. L’embargo actuel affecte de manière significative le lectorat et, donc, la valeur que nos partenaires attribuent à cette visibilité affectée depuis le retrait du contenu d’information canadien, local, régional et national. » Les plus petits joueurs et médias n’ont assurément pas été consultés ni pris en compte dans cette crise, au détriment des médias nationaux en meilleure position et capables de résister plus longtemps durant cette période difficile », mentionne M. Beaupré.

Et la position des médias nationaux, est-elle inattaquable ? Sont-ils eux-mêmes innocents de ce dont ils accusent META ? Toujours selon l’éditeur du Vingt55, Eric Beaupré : « Certains médias nationaux et salles de nouvelles à grande écoute en radiodiffusion pillent sans vergogne les médias régionaux et locaux, reprenant leurs nouvelles sans en tirer quelque avantage que ce soit. Surtout, les présentateurs-vedettes des grandes stations de radios d’information ne prennent bien souvent même pas la peine de nommer la source des informations qu’ils reprennent, comme si elles provenaient de leur propre travail journalistique », d’affirmer M. Beaupré.

« En fin de compte, ils font couramment aux médias locaux ce qu’ils reprochent à META de leur faire ! Bien sûr, le débat est très justifié et justifiable », admet l’éditeur, « et il a sa raison d’être. Nous sommes à un point tournant important et il en va de la survie des médias et de l’information », selon l’éditeur du Vingt55.

« Un point positif s’il en est un, c’est l’importance de redonner aux médias leur place dans l’échiquier de l’information et des échanges sur la place public », ajoute l’éditeur. « Trop souvent, les lecteurs attribuent le fruit de notre travail à Facebook, qui ne possède, est-il utile de le rappeler, aucun journaliste. »

Enfin, il faut prendre un peu de recul : ce n’est pas la première fois que des médias sont en crise. Il faut se souvenir que l’apparition de la télévision, dans les années 50, a conduit plusieurs observateurs à prédire la mort de la radio. Comme nous le savons, ce n’est pas arrivé. Simplement, la radio a dû redéfinir son territoire. Les radioromans sont disparus, remplacés par les téléromans. Mais aujourd’hui, les nouvelles plateformes numériques menacent beaucoup plus la télé que la radio. Sans doute, en partie, parce qu’il est moins dangereux d’écouter la radio en conduisant son auto que de regarder sur son écran…

Enfin, pour déterminer qui a raison dans la querelle entre META et les grands groupes médiatiques, il suffit peut-être d’attendre : parions que celui qui a le plus besoin de l’autre va céder le premier.

André Pelchat
CHRONIQUEUR
PROFILE

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