DRUMMONDVILLE
Portrait de Jean Raimbault vers 1820, photographié par J.E. Livernois
Jean Raimbault est né en France, plus précisément à Orléans, en 1770, cadet d’une famille de quatre enfants. Après des études classiques, il s’inscrit au séminaire sulpicien de sa ville natale en 1787 avec l’intention de devenir prêtre. Mais voilà, en 1789, la Révolution française éclate. Rapidement, elle se radicalise et, l’année suivante, est adoptée la Constitution civile du clergé, décret voté à l’Assemblée nationale, qui réorganise le clergé séculier français et institue une nouvelle « Église constitutionnelle ». Les évêques sont désormais élus par l’assemblée des électeurs du département et les curés par celle des électeurs du district, catholiques ou non. L’État paie désormais le salaire des ecclésiastiques et ceux-ci doivent prêter serment à la Constitution. Les vœux monastiques sont annulés. Le pape condamne rapidement cette loi et le clergé français se divise entre prêtres « jureurs » (qui acceptent de prêter serment) et « non-jureurs ». Raimbault fait partie des seconds. Il quitte le séminaire et gagne sa vie comme précepteur jusqu’en 1793 quand il est frappé par une autre loi révolutionnaire : la conscription. Enrôlé dans l’armée, il est stationné avec son régiment à la frontière belge. Il déserte et rejoint un séminaire fondé par des prêtres français exilés, à Bruxelles.
De là, il gagne l’Angleterre et, ne pouvant rentrer en France, il décide de partir pour le Canada où l’Église catholique a un grand besoin de prêtres. En effet, la conquête britannique a arrêté l’arrivée de prêtres français dans la colonie et il s’en forme bien peu sur place. De 1 prêtre pour 350 catholiques en 1759, on est passé à 1 pour 1 400 en 1790. Aucune nouvelle paroisse n’a été homologuée depuis 1721. L’influence du clergé diminue d’autant. La révolution française change la donne : la France est en guerre avec la Grande-Bretagne (donc avec la Canada) qui se découvre une soudaine sympathie pour les prêtres « persécutés ». 44 prêtres français viendront au pays entre 1793 et 1802. Ils feront beaucoup pour faire détester la Révolution par les Canadiens. Jean Raimbault, pour sa part, arrive en 1795.
Comme beaucoup de ses confrères arrivés de France, Raimbault sera reçu à bras ouvert par l’évêque de la colonie, Mgr Hubert qui l’ordonnera enfin prêtre. Certains curés locaux seront même un peu jaloux de la rapidité avec laquelle l’évêque donne des postes importants à ces nouveaux venus. La région de Trois-Rivières sera même surnommée un temps « la petite France » à cause de nombres de prêtres français qui y ont des postes importants. Raimbault enseignera d’abord la philosophie et les sciences au Petit séminaire de Québec, puis, en 1797, il est nommé curé de L’Ange-Gardien. En 1805, il est transféré à Pointe-aux-Tremble puis, l’année suivante, à Saint-Jean-Baptiste de Nicolet pour y être curé et diriger le séminaire qui vient d’y être fondé. C’est à partir de 1815 qu’il commence à desservir la région de Drummond comme missionnaire pour s’occuper des quelques catholiques qui se trouve dans cette petite colonie majoritairement anglophone et protestante.
Il y prêchait en anglais et en français. Il vint pour la dernière fois en 1819, non sans avoir, l’année précédente signé un contrat acheter un terrain pour construire la première église catholique. Il revint dans la région une dernière fois en 1835 pour bénir la première pierre de la première église de Kingsey.
Depuis 1830, il est visiteur et syndic des écoles primaires, ce qui lui donne la responsabilité du choix des institutrices, du contenu des programmes et de la discipline scolaire, tout en continuant à diriger le séminaire de Nicolet.
Il décède en 1845 et laisse tous ses biens à son successeur, l’abbé Leprohon, pour qu’il en fasse profiter les jeunes qui fréquentent le séminaire de Nicolet.
Voilà donc, rapidement, qui était Jean Raimbault !
École secondaire Jean-Raimbault © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.