Ottawa
Dans son premier discours, prononcé en français et en anglais, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre a insisté sur les préoccupations des Canadiens
Avec 85,9 % des suffrages, soit près de 138 000 votes, il s’impose largement face à Karina Gould (3,2 %) et Frank Baylis (3 %).
Cette victoire marque la fin d’une campagne où les enjeux économiques et les relations entre le Canada et les États-Unis ont occupé une place centrale, sur fond de crise du logement et de pressions inflationnistes.
Un discours axé sur l’économie et la diplomatie
S’adressant aux militants réunis à Ottawa, Mark Carney a exprimé sa gratitude :
« Je tiens à vous remercier, chers libéraux, de m’avoir accordé le plus grand honneur qui soit : celui de servir comme votre nouveau chef », a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Dans son premier discours, prononcé en français et en anglais, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre a insisté sur les préoccupations des Canadiens face à la crise du coût de la vie et aux tensions internationales.
« Nous faisons face à la crise la plus grave de notre génération. Les gens veulent du changement, car ils sont inquiets du coût de la vie, de la crise du logement et de l’avenir de nos jeunes. Ils s’interrogent sur la place du Canada dans un monde plus divisé et dangereux », a-t-il affirmé.
Il a également pointé du doigt l’administration américaine, notamment les politiques économiques du président Donald Trump, qu’il juge nuisibles pour le Canada.
« Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre territoire… notre pays. Pensez-y. Ça va détruire notre façon d’être », a averti le nouveau chef libéral, appelant à l’unité et à la résilience nationale.
Mark Carney a également réagi aux déclarations du chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, qui avait affirmé quelques heures avant le vote que « Carney et Trudeau, c’est la même équipe. »
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada a rapidement précisé sa position politique et répliqué à Pierre Poilievre.
« Alors que notre économie et notre sécurité sont confrontées à des attaques sans précédent, M. Poilievre veut fermer Radio-Canada / la CBC. À un moment où la désinformation et l’ingérence étrangère se multiplient, il insulte nos maires et ignore les Premières Nations. Lorsqu’il est temps de bâtir, il met fin à l’aide internationale, alors que la démocratie et les droits de la personne sont en péril à travers le monde. Pendant ce temps, il laisse notre planète brûler. Ce n’est pas du leadership », a déclaré Mark Carney.
Une transition imminente
Avec cette victoire, Mark Carney est en route pour devenir le 24e premier ministre du Canada, succédant à Justin Trudeau, qui avait déjà annoncé son intention de quitter ses fonctions. « On veut faire ça assez rapidement », a affirmé Justin Trudeau, soulignant l’importance d’une passation de pouvoir ordonnée.
L’ancien premier ministre Jean Chrétien a également pris la parole, suggérant dans son discours l’instauration d’une taxe sur l’énergie destinée aux États-Unis, une proposition qui pourrait devenir un enjeu majeur du prochain gouvernement.
Une fois la démission de Justin Trudeau officiellement remise à la gouverneure générale Mary Simon, Mark Carney pourra être assermenté et annoncer la composition de son cabinet.
Des défis majeurs pour le prochain gouvernement
Les attentes sont élevées pour le nouveau chef libéral, qui devra rapidement s’attaquer à plusieurs enjeux cruciaux : l’économie canadienne, avec la menace d’une récession alimentée par les tensions commerciales avec les États-Unis ; la crise du logement, qui affecte durement la classe moyenne et les jeunes générations ; ainsi que les règlements sur le contrôle des armes à feu, un dossier où le gouvernement et le premier ministre Trudeau avaient imposé des restrictions majeures. Certains souhaitent voir des modifications à la législation canadienne, tandis que nombreux espèrent qu’un nouveau premier ministre et leader du parti apportera des ajustements à la réglementation.
Mark Carney devra également composer avec un contexte politique incertain, alors que la prochaine élection fédérale s’annonce déterminante pour l’avenir du pays.
Avant l’annonce officielle des résultats, Justin Trudeau s’est adressé aux militants libéraux, dressant le bilan de ses années au pouvoir et partageant ses réflexions sur l’avenir du Canada.
« Le monde regarde ce que le Canada va faire », a-t-il affirmé, soulignant que le pays était confronté à un défi existentiel lié aux tensions internationales et aux divisions internes. « En tant que pays, nous agirons de façon diplomatique lorsque nous le pourrons… mais nous nous battrons lorsque nous devons le faire », a conclu le premier ministre sortant.
L’arrivée de Mark Carney à la tête du Parti libéral ouvre ainsi une nouvelle ère politique, alors que le Canada se prépare à affronter d’importants défis nationaux et internationaux.