Québec doit agir sur les enjeux de santé, de logement et de revenu : La situation des aînés se détériore à Drummondville

Québec doit agir sur les enjeux de santé, de logement et de revenu : La situation des aînés se détériore à Drummondville
La situation des aînés se détériore à Drummondville @ Crédit photo archive Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Plusieurs aînés de la région de Drummondville peinent à garder leur logement et à maintenir une condition de vie acceptable. Le dilemme entre manger ou choisir ses médicaments devient un enjeu majeur et bien réel à Drummondville pour ces personnes âgées qui se retrouvent dans des situations de plus en plus précaires, tant à Drummondville qu’ailleurs dans la province.

« Quand je suis arrivée dans mon logement 1 1/2 à 1300$, je considérais que je pouvais y arriver en me serrant la ceinture et en faisant quelques compromis », explique une résidente de Drummondville qui a choisi de vivre dans une RPA.

« Or, des changements entre le gouvernement du Québec et Ottawa m’ont fait perdre 175$ qui étaient attribués à l’allocation au logement, un montant qui m’était accordé avant la signature de mon bail. De plus, j’ai été informée que, en raison des nouveaux calculs, je perdais également 75$ supplémentaires », déplore cette résidente âgée de 71 ans, qui a travaillé toute sa vie pour s’assurer un minimum à sa retraite. Je dois maintenant vivre avec moins de 200$ pour payer mes factures, épicerie et médicaments, constate cette femme qui cache sa réalité à ses enfants qui ne sont pas en mesure de lui venir en aide. « La hausse du coût de la vie et l’inflation, de l’épicerie, de l’essence dans leur cas et leur modeste loyer, rendu trop cher, les force à devoir travailler plus fort pour subvenir eux aussi à leur nouvelle petite famille. »

« Aujourd’hui, je dois choisir entre manger ou me priver de certains médicaments », explique la dame, qui a surmonté un grave problème de santé il y a trois ans. « Je ne souhaite pas vivre dans le luxe, mais décemment. Le coût de la vie et les aides accordées par le gouvernement diminuent, tout comme mon pouvoir d’achat à l’épicerie. Ma carte de bus, qui m’assure une certaine autonomie, est la première dépense que je dois supprimer après la nourriture et les médicaments. Envisager de déménager en cours de bail me coûterait très cher en pénalités », explique-t-elle. « Que puis-je faire sinon gratter les fonds de tiroir et réduire mon budget épicerie ? Allons-nous, un jour, demander l’aide médicale à mourir pour éviter de devenir un fardeau pour nos enfants et nos familles, cachés derrière l’humilité et le peu de fierté qu’il nous reste ? », ajoute la dame, qui constate auprès de ses pairs qu’elle n’est pas la seule dans cette précarité.

Devoir solliciter l’aide alimentaire ou s’adresser à nos députés pour un peu de considération m’apparaît comme le pire des scénarios, en bas de l’échelle. C’est comme si on devait quémander, et c’est difficile de les déranger, tandis que nos élus provinciaux et fédéreaux se promènent sur les réseaux sociaux. La pauvreté est notre réalité, ne s’affiche pas sur ces mêmes plateformes. Je n’ai d’ailleurs pas les moyens de m’offrir ces outils ou technologie pour briser l’isolement ou pour les rejoindre, conclut la dame qui  souhaite voir des mesures concrètes pour aider ceux qui, comme elle, ont travaillé toute leur vie et qui se retrouvent aujourd’hui démunis et sur le seuil de la pauvreté.

De son côté, l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées invite aujourd’hui le gouvernement qui reprend les travaux parlementaires à livrer la marchandise concernant la santé, le logement et le revenu des aînés

Alors que les travaux parlementaires reprennent aujourd’hui à Québec, l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) rappelle que les aînés du Québec sont toujours aux prises avec de nombreux défis, notamment en ce qui concerne la santé, le logement et le revenu. L’automne sera donc déterminant, notamment avec le projet de loi 15 et le gouvernement devra livrer la marchandise.

« En santé, le ministre Christian Dubé semble accorder une grande importance au projet de loi 15, mais plusieurs aspects préoccupent les aînés du Québec, par exemple quant à la prise en compte de l’avis des usagers, ainsi qu’à propos du maintien à domicile et de la place de ces services dans la nouvelle structure », explique Pierre Lynch, président de l’AQDR. « Les attentes sont grandes et nous arrivons à un point tournant pour l’avenir du système de santé québécois. L’AQDR demeure en mode collaboration et est plus que disposée à travailler avec le gouvernement pour améliorer notre système de santé. »

Concernant le logement, l’AQDR souligne que la crise actuelle frappe particulièrement les aînés et que la problématique ne se résume pas seulement qu’aux RPA et aux CHSLD. Bien que les fermetures des petites RPA et les listes d’attentes en CHSLD demeurent des enjeux prioritaires, l’AQDR entend bien se faire entendre sur la pénurie de logements privés, communautaires ou sociaux.

« La crise du logement a fait couler beaucoup d’encre mais les solutions émergent trop lentement, tout en ayant des impacts limités. Les aînés doivent faire partie de l’équation et leurs besoins spécifiques, pris en compte. C’est ce que nous nous attendons du gouvernement cet automne à ce sujet », de conclure M. Lynch.

Finalement, la question du revenu viable demeure un incontournable pour l’Association. L’AQDR entend poursuivre ses efforts de sensibilisation auprès des élus afin que la société québécoise offre un soutien suffisant pour que les aînés puissent vivre de façon digne.

Éric Beaupré
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