Rentrée scolaire : Drummondville n’échappe pas à la pénurie de personnel dans le secteur de l’éducation

Rentrée scolaire : Drummondville n’échappe pas à la pénurie de personnel dans le secteur de l’éducation
Rentrée scolaire, Drummondville n'échappe pas à la pénurie de personnel dans le secteur de l'éducation @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

À quelques jours de la rentrée scolaire pour des milliers d’élèves, d’enseignants et d’enseignantes, de professionnels de l’éducation et de membres du personnel de soutien, sans oublier les directions d’établissement déjà en poste depuis quelques jours, les différents centres de services scolaires de la région, tout comme dans l’ensemble de la province, sont confrontés à une pénurie de personnel, tant dans l’enseignement que dans les postes de soutien au milieu scolaire et Drummondville n’échappe pas à la pénurie de personnel dans le secteur de l’éducation.

Pendant que les élèves, étudiants et parents s’affairent à acheter le matériel nécessaire pour le retour en classe à Drummondville, les divers centres de services scolaires s’activent déjà pour organiser et préparer cette rentrée, suscitant des inquiétudes parmi de nombreux parents et même au sein des centres de services scolaires régionaux. Normand Page, directeur du Centre de services scolaire des Chênes, confirme : « Drummondville ne fait pas exception à cette réalité de pénurie de personnel enseignant et éducatif. » Cette situation est mise en évidence dans une entrevue accordée au Vingt55.

Effectivement, le retour en classe cette année se déroule dans un contexte de pénurie de personnel. « Actuellement, nous déployons nos efforts pour mettre en place les services et les classes de manière à impacter le moins possible les élèves », affirme Normand Page, secrétaire général et directeur du Service des communications du centre de services scolaire des Chênes, en entrevue au Vingt55.

« Pour le centre de services scolaires, cette situation est comparable à celle que nous avons vécue en septembre dernier, précise-t-il. À l’heure actuelle, nous pouvons confirmer que la pénurie de personnel dans le secteur de l’éducation a des répercussions. Cependant, nous aurons une vision complète de la situation au cours des prochains jours », précise Normand Page.

« À l’instar des autres centres de services scolaires, nous devons composer avec la pénurie de personnel, notamment en adaptation scolaire, en enseignement de l’anglais au primaire et au secondaire, en français, en mathématiques et en science », précise le directeur du service des communications du CSSDC.

« Le service des ressources humaines croit être en mesure d’assurer une rentrée sans problématique majeure, comme ce fut le cas l’an dernier également », ajoute Normand Page. « Nous aurons un portrait plus détaillé d’ici la rentrée puisque les processus de recrutement, d’entrevues et d’embauches sont en cours à plusieurs niveaux », confirme Normand Page, en conclusion d’entrevue.

Depuis des années, les enseignants et les syndicats, mais aussi des membres de directions d’établissements et d’autres acteurs du milieu de l’éducation, dénoncent les défis liés à la rétention et à l’embauche auprès du ministère de l’Éducation.

À Drummondville, des enseignants rencontrés par le Vingt55 font remarquer que les ressources manquent de plus en plus malgré les efforts importants déployés par la direction du Centre de services scolaire des Chênes.

« Nos classes, nos élèves présentent des besoins de plus en plus complexes, les tâches ont beaucoup évolué et se sont complexifiées », indique une enseignante du primaire. Elle souligne également que les besoins en personnel de soutien sont criants, notamment pour les élèves présentant des situations particulières qui requièrent une meilleure prise en charge scolaire. Cependant, le personnel de soutien et les éducatrices spécialisées sont débordés, faute de personnel.

À cela s’ajoutent les nouveautés des programmes, les virages numériques et informatiques. L’apprentissage, parfois même pour le personnel déjà en poste, accentue la pression et alourdit la tâche des ressources déjà insuffisantes dans de nombreux secteurs. Cette situation complique de plus en plus le travail des centres de services scolaires et des directions. « Le désengagement coûte cher en main-d’œuvre », ajoute une ex-enseignante qui a quitté la profession après 20 ans de service. « Tous les secteurs souffrent de pénurie », dénoncent depuis des années les enseignants, les acteurs du milieu scolaire ainsi que les différents syndicats. Selon eux, le ministre de l’Éducation n’a pas rempli ses obligations pour éviter la crise actuelle.

Le nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Dainville, semble adopter des mesures de moindre envergure, notamment en annonçant qu’un diplôme de secondaire serait suffisant pour entrer dans la profession.

Cette décision est perçue comme un message très négatif pour le personnel en place, dénoncent également certaines enseignantes. Elles estiment que cette mesure d’urgence ne fera qu’augmenter le nombre de départs parmi le personnel qualifié, ce qui engendrera, à court, moyen et long termes, des coûts supplémentaires pour combler les lacunes importantes des enseignantes ou éducatrices spécialisées formées précipitamment. Ces lacunes devront être comblées face au manque de compétences et de connaissances nécessaires pour assumer efficacement le rôle d’enseignant.

« Le fait d’en appeler aux citoyens ayant un diplôme d’études secondaires pour combler des contrats d’enseignement dans les classes marque un pas de plus vers la dévalorisation de la profession enseignante », mentionne un enseignant rencontré par le Vingt55.

Une autre enseignante, préoccupée par les nouvelles mesures annoncées, pense que le désengagement et le découragement actuels ne sont que la partie visible de l’iceberg. Elle estime qu’un changement de cap du ministère de l’Éducation doit être rapidement opéré, sinon la qualité de l’enseignement continuera d’être sacrifiée au détriment de la rétention des enseignants en poste et de l’attractivité pour de nouveaux candidats à la profession. Elle propose de mettre à profit les connaissances des enseignants et des éducatrices spécialisées, tout en offrant des perspectives intéressantes et viables.

Les enseignements non légalement qualifiés… majoritaires?

Voilà une crainte partagée par plusieurs enseignants rencontrés par le Vingt55 : que nous soyons près d’atteindre un plus grand ratio d’enseignants non légalement qualifiés par rapport à celui des enseignants ayant un brevet d’enseignement.

Un enseignant bien connu des rédacteurs du Vingt55 et qui œuvre sur la rive nord de Montréal nous a partagé son expérience d’affectation, survenue aujourd’hui.

« Je me suis présenté aux portes ouvertes d’un centre de service scolaires vers midi. Il y avait une centaine de personnes en file qui attendaient que les portes ouvrent. Je trouvais ça génial de voir autant de gens prêts à dénicher un contrat pour l’année scolaire 2023-2024. J’osais croire que la pénurie serait moindre. Par contre, j’ai déchanté assez vite quand une employée du centre de services scolaire a longé la file pour inviter les personnes légalement qualifiées à former une deuxième file pour entrer en priorité aux portes ouvertes. Dans cette nouvelle file, nous étions… vingt personnes, peut-être un peu plus, maximum. Même si j’ai entendu deux ou trois personnes parler de leurs études dans une maîtrise qualifiante, le nombre d’enseignants légalement qualifiés ne faisait pas le poids », a-t-il affirmé, souhaitant conserver l’anonymat.

Les affectations de cet après-midi pour cet enseignant concernaient tous les champs du secondaire et les spécialités du primaire dans ce centre de services scolaire.

Éric Beaupré
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