Sextorsion et exploitation sexuelle d’adolescents sur Internet, une hausse de 88 % des signalements en contexte de pandémie

Sextorsion et exploitation sexuelle d’adolescents sur Internet, une hausse de 88 % des signalements en contexte de pandémie
© Crédit photo Eric Beaupré. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

En ce contexte de pandémie où les jeunes passent plus de temps sur Internet, Cyberaide.ca — la centrale canadienne de signalement de cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur Internet — enregistre une hausse de 88 % des signalements, notamment en ce qui concerne les cas de sextorsion.

Le risque des sextos

Certaines applications populaires auprès des jeunes offrent un faux sentiment de sécurité en effaçant leurs publications après quelques secondes. Les sites commerciaux, souvent utilisés pour envoyer des sextos, demeurent propriétaires des publications de leurs membres et conservent sur leurs serveurs tout ce qui est publié. Une fois partagées, ces images et vidéos sont difficiles, voire impossibles, à retirer d’Internet.

Des sextos, des jeunes et des conséquences

Il est bon de rappeler aux jeunes que l’envoi de photos ou de vidéos à caractère sexuel d’eux-mêmes peut entraîner des démêlés avec la justice. En effet, de tels documents audiovisuels peuvent être considérés comme étant de la pornographie juvénile.

S’il peut paraître banal pour des adolescents d’envoyer des photos compromettantes d’eux-mêmes à leur amoureux, cela reste illégal, et les images peuvent même se retrouver ailleurs que sur le cellulaire du destinataire!

En termes simples, la sextorsion est une forme de chantage. C’est quand un internaute menace de diffuser une photo ou une vidéo intime d’un enfant ou d’un adolescent si ce dernier refuse de lui envoyer de l’argent ou d’autres images intimes.

Cyberaide.ca reçoit en moyenne 40 signalements de sextorsion par mois. Dans bien des cas, ces signalements mettent en cause des individus qui communiquent avec des jeunes par l’entremise des médias sociaux et de plateformes de diffusion en direct comme Snapchat, Google Hangouts, Facebook Messenger et Omegle. La honte, la culpabilité et la peur empêchent souvent les jeunes de parler lorsqu’ils sont victimes de sextorsion, de sorte que le nombre de signalements ne reflète pas nécessairement la véritable ampleur de ce problème grandissant.

« Les jeunes n’ont pas à se débrouiller seuls face à des situations difficiles sur Internet. Il y a de l’aide », rappelle Signy Arnason, directrice générale adjointe du CCPE, ajoutant que contacter Cyberaide.ca est un bon point de départ pour les jeunes en détresse. « Cyberaide.ca peut aider les jeunes à reprendre le contrôle de la situation et à faire supprimer des photos et des vidéos d’Internet. »

Cyberaide.ca offre également aux familles et au personnel enseignant du matériel de prévention qui les renseignera sur le stratagème de la sextorsion, les points à discuter avec les jeunes à ce sujet et les façons d’aider un jeune en situation de sextorsion.

Cyberaide.ca propose une démarche en cinq étapes aux jeunes qui sont victimes de sextorsion :

Garde ton calme et fais un signalement. Signale immédiatement la situation à Cyberaide.ca ou contacte ton service de police.

Cesse immédiatement toute communication. Désactive (sans toutefois supprimer) tous les comptes ayant servi à communiquer avec le sextorqueur.

Ne cède JAMAIS aux menaces. Autrement dit, n’envoie jamais d’argent ni d’autres images de nudité. Dans un cas comme dans l’autre, tu ne pourrais qu’EMPIRER la situation. Si tu as déjà envoyé de l’argent, vérifie si le paiement a été encaissé. Sinon, dépêche-toi d’annuler la transaction.

Conserve ta correspondance. Conserve certaines informations comme le ou les noms d’utilisateur de ton interlocuteur, ses comptes de médias sociaux, une copie de vos conversations ainsi les images qui ont été envoyées.

Explique la situation à un adulte de confiance. Sache que tu n’es pas seul ou seule. Demande à un adulte de confiance de t’aider à traverser cette situation. Une affaire de sextorsion, c’est trop gros à gérer par toi-même.

Le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE), de qui relève Cyberaide.ca, a lancé une série de vidéos pour les jeunes. Ces courtes vidéos portent sur la sextorsion — ce que c’est, comment ça se passe et où trouver de l’aide — et le site qui les accompagne offre du matériel de prévention pour aider les familles et le personnel enseignant à protéger les jeunes contre ce stratagème.

Pour d’autres ressources, consulter cyberaide.ca/sextorsion.

Éric Beaupré
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