L'AVENIR
Rappelons que le PSC vise à renforcer la capacité des entreprises agricoles et agroalimentaires à s’adapter à leur environnement d’affaires, à maintenir l’offre d’aliments de qualité favorable à la santé, et à assurer la protection de l’environnement ainsi que la santé et le bien-être des animaux. Les services-conseils sont donc une composante essentielle du développement des entreprises agricoles, notamment par rapport à leur engagement en matière d’environnement.
Afin de maintenir une offre diversifiée et adaptée aux différentes réalités de production, le PSC appuie notamment l’utilisation des services-conseils techniques, en gestion et en agroenvironnement. Faisant partie des initiatives stratégiques du Partenariat canadien pour une agriculture durable, conclu entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec, le PSC a officiellement pris fin le 31 mars dernier. Depuis, l’ensemble des entreprises agricoles du Québec étaient en attente de son renouvellement, afin de pouvoir sécuriser leurs contrats de services avec leurs conseillers et conseillères pour la saison 2023.
« Les montants maximums de remboursement ont beau être les mêmes, au final, il va falloir investir 20 % plus en service-conseil de notre propre poche pour y avoir droit déplore Julie Bissonnette, présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec et productrice laitière à L’Avenir. Dans un contexte où l’indépendance des conseillers est plus que nécessaire, où les pressions économiques pèsent sur les épaules de la prochaine génération et où les entreprises doivent faire preuve de créativité pour être efficaces et rentables, cette décision nous apparaît non seulement incohérente, mais surtout irresponsable. »
D’autre part, le nombre d’entreprises agricoles sous régie biologique a augmenté de 73 % depuis cinq ans. Plus de 40 % d’entre elles sont donc de jeunes entreprises qui ont besoin d’un accompagnement agronomique pour assurer leur viabilité, puisque ces entreprises reposent particulièrement sur le savoir-faire technique pour assurer leur réussite. D’ailleurs, la production biologique est l’un des moyens identifiés dans la Politique bioalimentaire du Québec pour renforcer l’implantation de pratiques d’affaires responsables, et encourager les approches concertées pour protéger la santé et l’environnement. Il est d’autant plus inquiétant de constater la diminution de ce soutien puisqu’il semble contraire aux engagements du gouvernement.
« Notre gouvernement dit avoir pour ambition d’assurer l’autonomie alimentaire du Québec et de favoriser l’agriculture «durable». La production biologique et les fermes de proximité contribuent depuis des décennies à cet objectif, et méritent d’être reconnues à juste titre comme un moteur de développement des bonnes pratiques agroenvironnementale explique Léon Bibeau-Mercier, président de la CAPÉ
Pour ce faire, l’utilisation des services-conseils indépendants est essentielle. Alors qu’on nous parle constamment de l’importance d’innover, mentionne Léon Bibeau-Mercier, président de la CAPÉ il est consternant de constater que le MAPAQ limite les capacités de nos entreprises à le faire en coupant son soutien. »
« Dès ce printemps, l’UPA a signalé au ministre de l’Agriculture que la mise en application rapide du PSC était nécessaire pour que les entreprises agricoles puissent être en mesure d’estimer les frais qu’elles auront à débourser cette année en matière de services-conseils ajoute Martin Caron, président général de l’UPA. En cette période d’augmentation générale des coûts à la ferme et en plus de l’attente de quatre mois avant de connaître le niveau d’appui gouvernemental, il est fâcheux de constater que ce soutien est diminué pour les entreprises en développement. »
La précédente mouture du PSC (2018-2023) offrait à toutes les entreprises agricoles une aide couvrant 75 % des frais associés aux services-conseils en agroenvironnement, et 50 % des services-conseils techniques et en gestion. Cette couverture est maintenue dans le nouveau PSC, mais la bonification spécifique aux entreprises de la relève et celles du secteur biologique n’a pas été reconduite pour l’agroenvironnement. Celle dédiée aux services techniques et de gestion a quant à elle diminué de 20 %.
Rappelons que depuis 2018, les relèves agricoles, les entreprises biologiques et les entreprises en démarrage pouvaient bénéficier de cette bonification. Cette annonce survient alors que les relèves agricoles et les entreprises agricoles biologiques de partout au Québec demandent une bonification des programmes.
Devant tous ces constats, la FRAQ, la CAPÉ et l’UPA demandent au ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, M. André Lamontagne, de rétablir le soutien aux entreprises de la relève et à celles en production biologique à 85 % dans le cadre du PSC 2023-2028 ou de compenser la baisse annoncée par d’autres mesures.