DRUMMONDVILLE
Demande d’un BAPE sur l’implantation d’éoliennes en territoire agricole @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Alors que la MRC de Drummond se penche sur un projet d’éolienne dans la région, projet qui semble diviser autant les agriculteurs que de nombreux citoyens, et que la MRC de Nicolet-Yamaska est également aux prises avec des constats inquiétants de l’avis de nombreux centricois, un agriculteur sonne à son tour l’alarme sur l’implantation d’éoliennes en terre agricole.
Selon Serge Giard, agriculteur retraité de Saint-Hugues, les promoteurs ne parlent que des redevances de 40 000 $ et de l’emplacement possible de l’éolienne sur le terrain. On ne mentionne pas les 1 145 mètres cubes de béton nécessaire pour construire une seule base d’éolienne, requérant le passage de 100 bétonnières, souligne M. Giard.
En outre, selon l’agriculteur, le sol détruit par le passage des 100 bétonnières équivaut à la perte permanente de 2 hectares de terrain pour chaque éolienne construite, principalement pour les chemins d’accès.
« On ne dit pas non plus que le projet amènera probablement l’installation future d’un champ de batteries pour l’entreposage d’électricité et d’un poste de transformateurs de courant », précise Serge Giard. « On peut se demander si le fait de passer sous silence ce que sera la vraie réalité future, de la part des promoteurs, relève de la fausse représentation ou de l’oubli, peut-être volontaire. »
Le travail du promoteur d’éoliennes auprès de certains agriculteurs se fait en catimini, en prenant bien soin de ne pas divulguer le projet. Entre 50 et 70 % des citoyens de la municipalité ne sont même pas informés d’un projet d’éoliennes dans leur paroisse, affirme Serge Giard. Le manque de respect du promoteur envers les citoyens détruit la confiance. On peut se questionner sur ce qui pousse certains élus municipaux à céder une partie de nos terres agricoles, qui nourrissent les Québécois, au profit des compagnies d’éoliennes.
Depuis la fondation de nos paroisses, les générations précédentes, malgré leur travail intense, ont su préserver le sol agricole tel que nous le cultivons aujourd’hui. De quel droit, « au nom des générations futures », allons-nous aujourd’hui céder en partie le sol agricole qui sert toujours à nourrir ses occupants ? Seulement 2 % du territoire québécois est cultivable. En comparaison, 54 % du territoire est cultivable en France et 46 % aux États-Unis. En Amérique du Nord, c’est le Québec qui a la plus petite superficie cultivable par habitant, et l’on veut encore diminuer cette faible superficie pour l’installation des éoliennes ? Nous, la population, réclamons un BAPE générique afin d’étudier en profondeur comment le développement des éoliennes doit être mis en œuvre avec le minimum d’impact sur les terres nourricières du Québec, s’inquiète l’agriculteur retraité. Un moratoire devrait être appliqué d’ici la fin de l’étude du BAPE, ajoute M. Giard.
« Nous avons le devoir de transmettre aux générations futures notre sol agricole à sa pleine valeur agronomique et sa pleine superficie », ajoute Serge Giard. « Nous devons leur léguer l’héritage de l’autonomie alimentaire, malgré la diminution des rendements à l’hectare due aux changements climatiques. Le sol ne doit ni être morcelé ni liquidé par des gens qui font une mauvaise analyse de la valeur du sol cultivable parce qu’ils sont trop obnubilés par la recherche de profits. Un débat approfondi et impartial, tenant compte de l’ensemble du territoire québécois, est nécessaire pour toutes les municipalités du Québec.
Pendant la pandémie, en constatant les tablettes vides dans nos supermarchés, des groupes de citoyens ont demandé des circuits courts et des marchés de proximité approvisionnés par des produits québécois. Pour y parvenir, nous avons besoin de sol arable pour cultiver ces produits ! »
Les éoliennes prévues sur le secteur agricole devraient plutôt être placées sur des terrains publics inhabités. Le choix de terrains publics permettrait de diminuer les redevances annuelles à verser aux propriétaires des terrains, selon le modèle actuel. En plaçant les éoliennes sur des terrains publics, cette économie pourrait servir à financer la construction d’une ligne de transport, peut-être souterraine, d’énergie produite plus loin des milieux habités et protéger ainsi notre 2 % de terres cultivables, conclut Serge Giard.
Demande d’un BAPE sur l’implantation d’éoliennes en territoire agricole @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.