La violence sexuelle à l’ère numérique : la revenge porn…Oser en parler, la chronique du CALACS La Passerelle

La violence sexuelle à l’ère numérique : la revenge porn…Oser en parler, la chronique du CALACS La Passerelle

DRUMMONDVILLE

Dans les dernières années, on constate un usage croissant des technologies numériques. On voit de plus en plus d’avancées technologiques et de nouvelles façons d’utiliser le cyberespace. Malheureusement, ces avancés amène également de nouvelles façons de prendre le contrôle et d’humilier/d’agresser sexuellement. C’est ainsi qu’a pris naissance le phénomène du revenge porn.

C’est un terme qui est fréquemment utilisé dans le langage courant et qui englobe le fait de publier, de distribuer, de transmettre ou de rendre accessible l’image intime d’une personne tout en sachant que la personne n’a pas consentie au partage ou sans se soucier de vérifier son consentement.

Souvent, ces repartages sont effectués par une personne à qui la victime faisait confiance. Par exemple :

Un ex-partenaire à qui l’on a envoyé des photos intimes alors qu’on était en couple et qui décide de les repartager après la séparation.
Un.e conjoint.e qui utilise la menace de repartager le contenu intime si la personne ne se soumet pas à ses demandes.

Il arrive aussi que la personne qui repartage le contenu intime soit une personne qui a fait de la sextorsion afin d’obtenir le contenu intime. Suite à l’obtention du contenu, la personne demande des choses (argent, autre contenu) en échange de ne pas repartager les images et/ou vend les images afin d’avoir des profits. On le voit beaucoup dans les cas de pornographie juvénile.

De la vengeance? Vraiment?

Il n’est pas rare d’entendre les gens parler de revenge porn. C’est cependant un terme qui à une connotation que l’on n’aime pas. Effectivement, cette expression est associée à la vengeance. Ça sous-entend que la victime à fait quelque chose de mal et que le motif du crime est de se venger. Ça remet le blâme sur la victime.

Étant donné que la plupart du temps les motifs pour repartager le contenu intime sont de faire des profits, d’avoir des bénéfices et surtout de prendre le pouvoir sur la victime en l’humiliant, cette expression est peu adaptée. Elle devrait plutôt être remplacée par le terme « distribution non consensuelle d’images intimes ».

Une réalité plus fréquente que l’on pense

C’est difficile d’avoir les chiffres exacts puisque l’on doit se baser sur les fois où le crime à été dénoncé. Souvent, les victimes ont tellement honte qu’elles n’osent pas en parler. Voici néanmoins quelques chiffres :

1 personne sur 4 qui reçoit du contenu intime le repartage à au moins une autre personne. (Projet sexto, 2021)
En 2017, il existait 10 000 sites web dont l’unique but était de télécharger de la « revenge porn ».
Environ 12% des personnes qui commettent le crime de repartager le contenu intime seraient des adolescent.e.s. (Madigan et al. 2018)
3 victimes sur 4 du repartage non consensuel d’images intimes seraient des femmes. (Gamez-Guadix et al. 2022)

« Elle a été imprudente d’envoyer ses photos, elle aurait dû s’y attendre »

C’est le genre de phrases que la société va souvent dire à propos d’une victime de distribution non consensuelled’images intimes. En ayant ce genre de propos, on remet la faute sur la victime et on déresponsabilise l’agresseur.

Pourtant, c’est environ 1 jeune sur 3 du secondaire et 1 adulte sur 2 qui envoient du contenu intime à d’autres personnes de façon consentante. Plusieurs personnes le font et ce ne sont pas toutes ces personnes qui subiront du repartage de contenu non consenti. Le problème n’est donc pas d’explorer sa sexualité en ligne de façon consentante. Le problème ce sont les personnes qui abusent de la confiance d’une autre, qui manipulent et qui humilient en prenant la décision de repartager les images intimes. La seule personne responsable de cette violence sexuelle est celle qui redistribue le contenu intime.

Quoi faire?

Les personnes qui subissent de la distribution nonconsensuelle d’images intimes vivent les mêmes conséquences qu’une personne victime d’une agression sexuelle plus « traditionnelle ». Elles peuvent vivre de l’anxiété, des symptômes dépressifs, de la honte, un sentiment d’être sale. Elles peuvent avoir des impacts au niveau social : s’isoler, perte de relations, recevoir des insultes et même se faire intimider. Certaines victimes auront même des impacts au niveau professionnel puisque des employeurs pourraient voir ces images.

Si vous ou une personne proche subissez ce type de violence :

N’hésitez pas à en parler, à consulter des ressources qui peuvent vous aider à aller mieux (CALACS, CAVAC)
Gardez des preuves (des captures d’écrans des discussions et des sites web où les images ont été partagées)
Signalez aux plateformes le contenu intime repartagé
Si vous le souhaitez, il est possible de porter plainte
Si un.e mineur.e est dans les images intimes repartagées faites un signalement ici : Dangers d’Internet : Images intimes – Cyberaide.ca

On te croit, n’hésite pas à nous contacter pour toutes questions,

Élisabeth-Anne Mailloux

Intervenante

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