DRUMMONDVILLE
L’ancien maire de Drummondville, Alain Carrier, touché par les inondations, dénonce des manquements dans la gestion de la situation à Drummondville @ Crédit photo : Éric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Rencontré devant sa demeure par Le Vingt55, alors qu’il était en train d’évaluer les dommages et de procéder au nettoyage des dégâts causés par l’inondation due à la montée rapide et soudaine des eaux de la rivière Saint-François, l’ex-maire de Drummondville et homme d’affaires a déclaré :
« Je ne mets pas la faute sur la Sécurité publique, affirme Alain Carrier, ancien maire de Drummondville. Je veux être clair : c’est le conseil municipal, et surtout la mairie, qui doit diriger. C’est le premier officier qui doit gérer et s’assurer que cela n’arrive pas », a-t-il déclaré, dénonçant une gestion inefficace de la situation par la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, affirme l’homme d’affaires et sinistré.
Un manque d’anticipation évident
Selon lui, la Ville aurait dû voir venir la situation. « L’embâcle était là depuis janvier », rappelle-t-il. « On sait depuis 50 ans que lorsqu’il y a un embâcle, des inondations suivent. C’est arrivé en 1989, ça a failli arriver en 2003, et cette fois-ci, c’est bel et bien arrivé. »
« Je ne suis pas à plaindre, je suis assuré, mais je pense aux femmes, aux familles et aux enfants qui ont perdu beaucoup : maisons, souvenirs, biens personnels », déplore Alain Carrier. Malheureusement, plusieurs sinistrés ne sont pas assurés et ont tout perdu. « C’est très malheureux et ça va encore arriver si on ne sait pas comment gérer et régler le problème de façon plus efficace », ajoute-t-il.
Alain Carrier s’exprimait devant sa demeure alors qu’il évaluait les dommages causés par l’inondation, alors que la Ville de Drummondville est toujours en préalerte face aux risques d’une nouvelle montée des eaux.
Une solution sous-estimée : l’achat d’un brise-glace « grenouille »
Alain Carrier estime que la Ville devrait envisager l’achat d’un véhicule brise-glace, communément appelé « grenouille ». « À la limite, quand nous n’en aurions plus besoin, nous pourrions la louer à d’autres municipalités en hiver et au printemps », suggère-t-il.
Il rappelle que chaque année, la Ville dépense environ 100 000 $ pour des interventions d’urgence. « Cette année, la grenouille n’est sortie qu’une seule fois et n’a libéré qu’une cinquantaine de pieds en une journée, un travail fait trop rapidement. Ce genre d’opération est efficace lorsqu’elle est répétée sur plusieurs jours lors de la période de dégel », explique-t-il.
D’après lui, une intervention anticipée aurait permis de défaire les embâcles plus fréquemment et de prévenir les inondations. « L’opération de cette année a été très insuffisante et n’a fait que repousser le problème. Résultat : des dommages qui coûtent des milliers de dollars et des citoyens qui ont tout perdu », déplore-t-il.
« L’ensemble des citoyens devront assumer les coûts de nettoyage et de sécurité à venir pour cet événement évitable », ajoute-t-il.
Une mauvaise gestion de crise
Alain Carrier critique la gestion actuelle de la crise. « Pourquoi attendre et toujours fonctionner en mode cellule de crise alors qu’un travail préventif aurait été beaucoup plus efficace et aurait permis d’économiser des milliers de dollars en ressources humaines et matérielles ? Nous avons été chanceux de ne pas déplorer de pertes de vies humaines, mais doit-on attendre un drame pour agir ? » questionne-t-il.
Selon lui, la Ville est à la merci d’une gestion réactive plutôt que préventive. « Quand nous appelons pour demander les services de la grenouille, nous ne sommes pas les seuls à en faire la demande », précise l’ex-maire de Drummondville. « Les priorités sont accordées ailleurs, ce qui nous laisse dans une situation difficile à gérer dans l’urgence. »
Il souligne que l’achat d’une grenouille coûterait entre 1,25 et 1,6 million de dollars, un investissement qui serait rapidement rentabilisé. « Sur 10 ans, la Ville dépense déjà près d’un million de dollars pour des services d’urgence. L’achat d’une grenouille permettrait non seulement de mieux gérer la situation localement, mais aussi de réduire les coûts », précise-t-il.
Pour Alain Carrier, il est primordial que la prochaine administration municipale prenne des mesures concrètes pour éviter la répétition de ces événements. « Ce n’est pas une question d’argent, mais une question de vie humaine. Un jour, l’eau montera rapidement et causera un drame. Faut-il attendre qu’un décès survienne pour réagir ? » questionne-t-il.
« La mairesse n’était pas préparée affirme l’homme d’affaires Alain Carrier, »Elle aurait dû aller voir les embâcles plus tôt. Tout le monde savait que la situation allait devenir critique. On ne peut pas vouloir économiser 10 000 ou 20 000 dollars sur un équipement ou une intervention nécessaire à la gestion des embâcles alors qu’on investit dans des projets qui n’ont aucune utilité en cas de crise, comme les structures au centre-ville », dénonce-t-il.
Un appel à l’action pour l’avenir : des changements souhaités en novembre prochain
Tout cela pour dire que, visiblement, la situation a été mal gérée. « Il faut que le prochain maire ou la prochaine mairesse prenne les choses en main et règle la situation de façon efficace. »
« Si j’avais été en poste, il y a longtemps que cette situation aurait été réglée. » Rappelons que celui qui avait du temps ou qui a agi en tant que maire devait rencontrer les gestionnaires du Centre et Barrage d’Hydro-Québec afin de proposer et évaluer l’acquisition par la Ville d’un brise-glace.
L’objectif était d’évaluer et d’estimer l’efficacité ainsi que les coûts de cette solution pour aller de l’avant, afin d’investir efficacement et surtout d’éviter des pertes financières pour les citoyens lors des risques d’inondation. Il s’agissait également d’anticiper et de mieux gérer les risques calculables et évitables.
Ce n’est pas une question d’argent, mais une question de vie humaine, insiste Alain Carrier en conclusion d’entrevue. « Un jour ou l’autre, l’eau montera rapidement, elle peut grimper de 5 ou 6 pieds en 10 ou 15 minutes. Il est facile d’imaginer que la situation pourrait devenir grave. N’attendons pas qu’il y ait des morts, veillons à ce que cela n’arrive plus jamais. »
Enfin, Alain Carrier espère et souhaite que le prochain maire ou la prochaine mairesse exprime clairement son engagement à prendre la situation en main de manière efficace et rapide.

L’ancien maire de Drummondville, Alain Carrier, touché par les inondations, dénonce des manquements dans la gestion de la situation à Drummondville @ Crédit photo : Éric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Le Vingt55 n’avait pas, au moment de publier le texte, la position de la Ville ni celle de la mairesse de Drummondville, invitée à commenter la situation