Aux origines de Drummond : le Régiment « suisse » de Meuron …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Aux origines de Drummond : le Régiment « suisse » de Meuron  …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Le régiment de Meuron aux Indes

DRUMMONDVILLE

Si le régiment des Voltigeurs est commémoré à Drummondville, entre autres par un parc et une équipe de hockey, un autre régiment, ayant contribué de façon presqu’aussi importante, est beaucoup moins connu : le Régiment suisse de Meuron.

Après la guerre de 1812 contre les États-Unis, notre région est destinée par les autorités à un peuplement anglophone, en l’occurrence celui des vétérans concessionnaires, soldats britanniques démobilisés après le conflit. Ceux-ci, dirigés par Sir George Heriot, fondent la colonie de la rivière Saint-François en 1815-1816.

Mais la nouvelle colonie ne sera jamais uniquement anglophone.  La cause s’en trouve bien loin du Bas-Canada. En 1781, dans le canton de Neufchâtel, en Suisse, Charles-Daniel de Meuron a fondé un régiment de mercenaires destiné à être mis au service des Pays-Bas. La Suisse fournit en effet des mercenaires à différentes monarchies européennes depuis des siècles. En 1787 une partie du régiment est envoyée dans la colonie hollandaise de Ceylan (Sri Lanka actuel). L’invasion des Pays-Bas par l’armée de la République française en 1795 amène la Grande-Bretagne à s’emparer des colonies néerlandaises. Fait prisonniers, soldats et officiers acceptent de signer un contrat d’engagement au service de la Couronne britannique. Ils doivent cependant quitter Ceylan et sont expédiés aux Indes britanniques combattre contre le sultan de Mysore, avant d’être envoyés en Europe où on les met en garnison à Malte.  Au fur et à mesure de ses voyages, le régiment comble ses pertes en recrutant des soldats trouvés sur place.

C’est le déclenchement de la guerre de 1812 qui pousse le gouvernement britannique à déménager le régiment de Malte au Bas-Canada. Il y arrive en 1813, sous le commandement de François-Henri Meuron-Bayard.  Il participe à plusieurs combats avant d’être démobilisé à la fin du conflit. Les soldats et officiers de ce régiment « suisse » sont originaires de 12 pays différents : Angleterre, Suisse, Allemagne, Italie, France, Espagne, Portugal, Russie, Danemark, Hongrie, Pologne, Pays-Bas.   Ce sont 504 hommes, 72 femmes et 30 enfants qui resteront finalement au pays. La présence de femmes et d’enfants peut surprendre mais il est courant à l’époque que les épouses d’officiers suivent leurs maris. De plus les régiments sont fréquemment accompagnés d’un « personnel féminin civil » chargé de laver le linge, faire la cuisine et autres tâches dites « féminines ». Ces femmes servaient aussi fréquemment d’infirmières improvisées lors des combats. Environ 80 soldats et officiers choisiront la colonie de la rivière St-François, principalement les comtés de Grantham et Wickham.

Chaque militaire a droit à une terre. Ces lots sont attribués en fonction de la hiérarchie :

« Un soldat a droit à 100 acres de terre, un sergent à 200 et un lieutenant à 500 ». Des outils tels que hache, scie, lime, pelle, bêche, houe sont également fournis de même que des fournitures diverses tels que draps et couvertures.

Cependant, les débuts de la nouvelle colonie sont difficiles, d’autant plus que l’année 1816 sera connue comme « l’année sans été », (comme le savent les lecteurs ayant vu mes précédentes chroniques) l’explosion d’un volcan indonésien ayant entraîné une chute des températures moyennes dans l’ensemble de l’hémisphère nord. L’année 1817 ne sera guère meilleure.  On signale l’abandon de l’établissement par plusieurs colons. On ignore combien de « déserteurs » font partie du régiment de Meuron mais il est certain que plusieurs demeurent sur place, qu’on peut retracer par leurs noms de familles tels les Niderer, Courtois, Bonner, Herman. Parfois aussi les patronymes seront francisés, tels les « Sabello », d’origine italienne, qui deviendront des « Isabelle ». »  Dès le départ le peuplement de la région de Drummond se distingue donc par la diversité de ses origines. On peut donc dire que la diversité culturelle est présente à Drummondville dès les débuts. Toutefois, le départ de plusieurs vétérans du régiment de Meuron annonce aussi une problématique récurrente : la difficulté de retenir les immigrants hors des grands centres.

 

 

Pour en savoir plus :

Vallée, Maurice

Le Régiment suisse de Meuron au Bas-Canada

Drummondville, Société d’Histoire de Drummondville, 2005,

378 pages.

 

 

Image : Le régiment de Meuron aux Indes

Dessin de lbert Escher — Albert Escher: Les Régiments Suisses au service étranger, costumes militaires, domaine public

 

Drapeu du régiment de Meuron source Wikipedia,

André Pelchat
CHRONIQUEUR
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