Camps de jour : assez du jeu de la patate chaude à Drummondville, les familles d’enfants handicapés réclament des actions à la hauteur des besoins

Camps de jour : assez du jeu de la patate chaude à Drummondville, les familles d’enfants handicapés réclament des actions à la hauteur des besoins
Des familles d’enfants handicapés réclament des actions à la hauteur des besoins @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Des parents, pères et mères d’enfants vivant avec un handicap, ont profité de l’inauguration du camp de jour du Centre communautaire Drummondville-Sud pour lancer un appel à un soutien stable et récurrent de la part de la Ville de Drummondville. Ils interpellent également différents partenaires institutionnels, ainsi que la population et la communauté locale, afin de rappeler que les besoins sont bien réels, non seulement pour les enfants, mais aussi pour leurs parents, qui se retrouvent trop souvent dans une situation de précarité, sans répit et à bout de ressources, faute de services adaptés.

Des familles d’enfants handicapés réclament des actions à la hauteur des besoins @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

En mars 2024, l’organisme avait appris qu’il ne pourrait plus puiser dans les fonds octroyés par la Ville de Drummondville pour le maintien du camp de jour destiné aux jeunes de 13 ans et plus, créant ainsi un trou de service.

Les jeunes de 13 ans et plus ont des besoins importants, souvent méconnus, et l’aide municipale représente une ressource vitale, tant pour les enfants que pour leurs parents.

À l’occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées, le Collectif Inclusion 13+ a lancé un appel urgent à la Ville de Drummondville et à toutes les instances gouvernementales concernées : il est temps, affirment-elles, de cesser de sacrifier les adolescents handicapés et leurs familles sur l’autel de la bureaucratie et du désengagement.

Une pression constante sur les familles, épuisées 

Lors de l’inauguration du camp de jour, le Vingt55 a rencontré plusieurs familles venues souligner les enjeux cruciaux auxquels elles sont confrontées. Parmi elles, Julie Saint-Antoine, porte-parole du Collectif Inclusion 13+, a exprimé les préoccupations partagées par de nombreux parents.

« Ce qu’on souhaite, c’est une vraie collaboration entre la Ville, les organismes communautaires et le CIUSSS afin d’assurer la pérennité de ces services. Chaque année, on replonge dans l’incertitude : est-ce que notre enfant pourra avoir accès à un camp de jour ? Est-ce qu’on pourra maintenir notre emploi ? C’est une charge énorme à porter pour les familles, jusqu’à ce que notre enfant atteigne 21 ans », a confié Mme Saint-Antoine au Vingt55.

Malheureusement, plusieurs parents ont exprimé leur déception face au retrait partiel du soutien municipal encore cette année. Ce soutien, rappellent-ils, était essentiel pour assurer un encadrement adapté pendant l’été.

Nombre de ces jeunes âgés de 13 ans vivent avec un retard développemental important. Ils ont des besoins comparables à ceux d’enfants beaucoup plus jeunes.

« Oui, ils ont plus de 13 ans, mais leur développement n’est pas au même niveau. C’est comme priver un enfant de 7 ou 8 ans de son droit au développement. C’est une réalité qui dépasse la compréhension de plusieurs personnes, surtout celles qui, malheureusement, n’ont jamais vécu avec un enfant présentant ce type de retard », a expliqué un père de famille en entrevue au Vingt55.

« Pour ces jeunes, le camp de jour est une occasion unique de socialiser, de développer leurs aptitudes comportementales et leur autonomie. Ce n’est pas juste une activité estivale : c’est un service essentiel à leur développement », a souligné une mère rencontrée par le Vingt55.

Certaines familles ont dénoncé les limites financières et organisationnelles du camp. Une mère a indiqué qu’en raison du manque de ressources pour offrir un encadrement individualisé (1 pour 1), un enfant a dû être exclu cette année.

« Imaginez la déception pour ce jeune et pour sa famille, qui comptait sur ce répit estival pour souffler un peu. L’encadrement spécialisé coûte environ 6 000 $ par été par enfant, mais pour nous, ça vaut bien plus que ce montant. Ce camp, c’est une planche de salut », a-t-elle affirmé au Vingt55.

« La Ville a fait des choix budgétaires, nous comprenons cela. Mais certaines dépenses – comme les fontaines ou les aménagements décoratifs – auraient pu être réaffectées pour soutenir les services aux familles. Il faut des actions concrètes, pas seulement des engagements à court terme », a ajouté une autre mère de famille, rencontrée elle aussi par le Vingt55.

Une lutte qui se répète chaque année

Le Collectif Inclusion 13+, formé par des parents de Drummondville, dénonce la décision répétée de la Ville de cesser ou de diminuer son soutien financier aux camps de jour pour adolescents handicapés. Chaque été, depuis deux ans, les parents et les organismes communautaires doivent se battre pour préserver un service qu’ils jugent vital. Pendant ce temps, la Ville et le CIUSSS se renvoient la balle quant à la responsabilité.

« Les camps de jour ne sont pas un luxe. Ce sont des milieux d’apprentissage, de socialisation et de répit pour des familles qui vivent déjà avec une charge immense. Couper ces services, c’est couper dans la dignité, l’inclusion et la sécurité de nos enfants », martèle Martine Proulx, mère et membre fondatrice du collectif.

La récente situation d’une jeune femme handicapée, enfermée faute de ressources adaptées, a profondément choqué la population québécoise. Pour le collectif, cet exemple illustre les conséquences d’un système fragmenté, où les instances publiques agissent en vase clos.

« Ce n’est pas à des parents déjà épuisés de quémander, année après année, un service aussi essentiel. C’est à nos élus de garantir que nos enfants puissent s’épanouir, comme tous les autres », soutient Karine St-Onge, autre mère engagée au sein du collectif.

Des demandes claires

Le Collectif Inclusion 13+ insiste : le maintien des services pour les jeunes handicapés de 13 à 20 ans est aussi crucial que celui exigé pour les adultes de 21 ans et plus. Leur exclusion des camps de jour pendant l’été est jugée incohérente, injuste et lourde de conséquences : isolement, perte d’acquis, détresse psychologique et pression accrue sur les proches.

Les familles n’en peuvent plus. Elles formulent trois demandes précises :

Un financement municipal stable et récurrent pour les camps de jour destinés aux jeunes handicapés de 13 ans et plus.

Une collaboration réelle et continue entre la Ville, le CIUSSS, le Centre de services scolaire et les organismes communautaires pour assurer la pérennité des services et une meilleure coordination.

La reconnaissance formelle des camps de jour spécialisés comme un service essentiel pour ces jeunes.

« Il est minuit moins une. Les tragédies comme nous voyons trop souvent doivent cesser. Et ici, à Drummondville, c’est en maintenant des services comme les camps de jour que nous pouvons agir concrètement pour prévenir l’exclusion et les catastrophes humaines », conclut le Collectif Inclusion 13+.

Des familles d’enfants handicapés réclament des actions à la hauteur des besoins @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Le Collectif Inclusion 13+ dénonce, mais surtout réclame des actions concrètes pour une véritable équité dans les services destinés aux jeunes handicapés.

Formé par Émilie Lamothe, Martine Proulx, Julie St-Antoine, Karine St-Onge et Karine Veilleux, le Collectif Inclusion 13+ est un regroupement citoyen de Drummondville réunissant des parents d’adolescents handicapés de 13 ans et plus. Né en réaction à la décision de la Ville de mettre fin au financement des camps de jour destinés à ces jeunes, le collectif revendique une reconnaissance pleine et entière des besoins spécifiques des adolescents en transition vers l’âge adulte. À travers ses démarches, Inclusion 13+ milite pour des services publics inclusifs, équitables et humains, afin qu’aucun jeune ne soit laissé pour compte en raison de son âge ou de son handicap.

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Éric Beaupré
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