Cauchemar ? Mauvais sort ? Les ponts de Notre-Dame-du-Bon-Conseil …raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Cauchemar ? Mauvais sort ? Les ponts de Notre-Dame-du-Bon-Conseil …raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Effondrement du cinquième pont de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, vers 1950 © Crédit photo Société d’histoire de Drummond, Collection régionale / Vingt55. Tous droits aquittés.

Notre-Dame-du-Bon-Conseil

Comme toutes les communautés du Québec (et probablement du monde !) Notre-Dame-du-Bon-Conseil a connu son lot de tragédies et de désastres. Érigée civilement en 1898, elle était alors formée de quatre localités, Carmel Hill, Blake, Mitchell et le village de Notre-Dame-du-Bon-Conseil proprement dit, hameaux situés le long du chemin de fer Drummond County Railway. À l’époque les trois quarts du territoire sont la propriété d’industries forestières. Dès l’année suivante, un incendie majeur ravage le secteur de Blake, réduisant en cendres la station de chemin de fer, le moulin à scie et une douzaine de maisons. Ce genre de catastrophe était courant à l’époque des poêles à bois, avant la création de services de pompiers efficaces.

La particularité de Notre-Dame-du-Bon-conseil c’est que le mauvais sort semble s’y être particulièrement acharné sur les ponts.

Depuis plusieurs années, un pont ferroviaire existe, le pont Mitchell, pour traverser la rivière Nicolet, mais on ne peut l’utiliser pour le trafic routier. Charrettes, chevaux, bicyclettes doivent faire de longs détours pour traverser le cours d’eau.

Le premier pont routier du village est construit en 1900, en bois. C’est un pont à péage. Tarif : 0.10$ ou 0.05$. Mais voilà, en 1908 un incendie détruit le village de Notre-Dame-du-Bon-Conseil proprement dit ainsi que Carmel et Mitchell. Le pont brûle également. Tout ça en 35 minutes…

On construit aussitôt un autre pont. En fer, celui-là. Mais le trafic routier augmente et, si le pont de fer est suffisamment résistant pour supporter les charrettes, calèches et autres voitures à traction animale, et même les automobiles, qui commencent à se multiplier, les camions, qui deviennent de plus en plus lourds et de plus en plus nombreux, finissent par affaiblir sa structure. À tel point qu’il finit par s’effondrer subitement.

Durant la crise économique de 1929, on favorise partout les grands travaux pour combattre le chômage. À Notre-Dame-du-Bon-Conseil, on décide donc que c’est le moment de procéder au remplacement du pont. En 1932, on entreprend la construction, terminée en janvier 1932.  Mais une malédiction semble s’acharner sur les ponts : dès le mois d’avril 1933, une crue des eaux exceptionnelle sur la rivière Nicolet,  emporte ce nouvel ouvrage. Voilà de nouveau le village dépourvu d’un moyen de traverser la rivière.

Donc, on entreprend un quatrième ouvrage. Cette fois, on s’inspire des ponts de chemin de fer, reconnus comme plus robustes. Celui-ci sera construit à Sainte-Anne-de-la-Pérade, par un constructeur reconnu, et acheminé ensuite à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Il semble solide et tient bon plusieurs années. Cependant, en février 1947, un accident de la route s’y produit et un camion emboutit l’extrémité du pont, le déplaçant hors de son pilier, ce qui entraîne l’effondrement de toute la structure…

On entreprend donc de construire le pont numéro 5. Bizarrement, on choisit, pour sa conception, de s’inspirer du troisième pont, celui construit en 1932. Sans surprise, il connaîtra le même sort :  en 1950, une crue des eaux exceptionnelle l’emporte et le détruit complètement.

Cette fois, le gouvernement provincial va décider d’intervenir. Les méchantes langues diront que le député de Drummond,, M. Robert Bernard, en poste depuis 1944, était un élu de l’Union Nationale alors au pouvoir et que c’était toujours une bonne recommandation quand on avait besoin de travaux publics que d’avoir voté pour le parti de Maurice Duplessis…

Donc, en 1950, le gouvernement du Québec construit le sixième et, (jusqu’à maintenant…) dernier pont à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Le fait qu’il ait tenu depuis plus de 70 ans semble indiquer que le mauvais sort a cessé de s’acharner sur les ponts du village…

André Pelchat
CHRONIQUEUR
PROFILE

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