En 1929 les cours de la bourse de New York s’effondrèrent – À Drummondville on parla du « krach, la crise des années 30 …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

En 1929 les cours de la bourse de New York s’effondrèrent – À Drummondville on parla du « krach, la crise des années 30 …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Travailleurs de la Celanese lors de leur entrée au travail à Drummondville en 1934 « Crédit photo Société d’histoire de Drummond Fond Celanese. Tout droit acquitté Vingt55

DRUMMONDVILLE

Le jeudi 24 octobre 1929, après une décennie de prospérité relative qui avait vu les spéculateurs s’enrichir comme jamais sur les marchés financiers, les cours de la bourse de New York s’effondrèrent. On parla du « krach » de 1929.  En quelques semaines, on vit un nombre incalculable d’entreprises fermer faute de capitaux dans toute l’Amérique du Nord : on était entré dans la Grande Dépression, appelée aussi « Crise des années 30 ».

Travailleurs de la Celanese lors de leur entrée au travail à Drummondville en 1934 « Crédit photo Société d’histoire de Drummond Fond Celanese. Tout droit acquitté Vingt55

Le chômage massif frappe aussi le Québec où on voit le nombre de sans-emploi passer de 7,7% en 1929 à 26,4% en 1932. La situation est dramatique pour de nombreuses familles de travailleurs. Il faut savoir qu’à l’époque, l’aide aux « nécessiteux » comme on disait, est sous la responsabilité exclusive des municipalités et relève entièrement de la charité privée (Société Saint-Vincent-de-Paul, orphelinats, asiles, secours mutuels et, au premier rang : la famille ). Une loi de 1921 permet au gouvernement provincial de soutenir financièrement ces institutions mais ne prévoit aucune mesure spécifique.  Le chômeur se retrouve fréquemment sans aucun revenu. Beaucoup seront expulsés de leur logement, faute de pouvoir payer le loyer, la malnutrition se répand et on voit se multiplier les vagabonds qui embarquent clandestinement sur les trains pour aller mendier un bol de soupe et chercher un emploi.  Les sociétés charitables sont conçues essentiellement pour venir en aide aux personnes inaptes au travail ou pour le chômage de courte durée. Face au chômage massif, leurs moyens sont vite insuffisants.

À Drummondville, les chômeurs des villages environnants viennent chercher du travail car la ville a connu une forte croissance économique les années précédentes. La population de Drummondville passera de 6 609 en 1931 à 10,555 en 1941, ce qui impose vite un lourd fardeau aux institutions locales : l’Hôpital Sainte-Croix, par exemple, se met à servir des repas aux chômeurs et aux « nécessiteux » entre 1931 et 1933, surtout à « des indigents dont la plupart (…) des étrangers venus (…) dans le but de trouver de l’ouvrage ».

À tel point que le maire Walter-Alexandre Moisan finit par demander aux voyageurs de commerce « de ne pas parler en terme trop élogieux de l’abondance du travail à Drummondville », considérant que cette réputation favorable attire les demandeurs d’emploi. Au début de la crise, Drummondville semble néanmoins ne pas trop souffrir car le grand nombre d’entreprises fondées dans les années 1920 permet d’absorber une bonne partie des chômeurs. Néanmoins, ici aussi, la dépression finira par se faire sentir.

En décembre 1932, un journal affirme que 120 familles (425 personnes) ont bénéficié des secours directs durant le mois. Quatre ans plus tard, en avril, mai et juin 1936, 804 résidants de Drummondville ont logé une requête au bureau de placement pour obtenir un emploi. Drummondville abrite donc de plus en plus de personnes en chômage. De plus, dans les entreprises textiles où travaille la majorité des salariés, les salaires sont faibles. Trois grèves auront d’ailleurs lieu, à la Celanese, en 1933 et en 1940, puis à la Dominion Textile en 1937.

Le 6 novembre 1933 le conseil municipal sollicite la participation de toutes les industries afin d’aider la municipalité à secourir les familles nécessiteuses. La Ville prépare une liste de ces ménages et émets des certificats de citoyenneté en demandant aux chefs d’entreprise de prioriser la main-d’œuvre locale s’ils doivent recruter. L’aide aux chômeurs est versée, non en argent, mais sous formes de « bons » qui permettent d’acheter certaines marchandises essentielles (surtout la nourriture) dans les magasins qui doivent se faire rembourser par la ville qui en a pris la responsabilité en 1933, la Société Saint-Vincent-de-Paul ayant abandonné cette tâche, ses bénévoles étant débordés. Les personnes désirant en obtenir doivent s’adresser directement au Conseil municipal. Ces aides sont limitées : par exemple en 1933, un individu doit habiter à Drummondville depuis au moins six mois pour être éligible. Les gouvernements provinciaux et fédéral se font tirer l’oreille pour financer cette mesure : de 1934 à 1939 moins du tiers des montants dépensés en bons de secours est remboursé à Drummondville par le gouvernement du Québec.

La mesure privilégiée, toutefois, consiste à financer des travaux publics et d’y enrôler les chômeurs en privilégiant les pères de famille.

Drummondville fera par conséquent face à des déficits répétés durant toute la décennie. Les propriétaires qui louent des appartements à des chômeurs, veulent que les bénéficiaires de secours directs reçoivent une aide pour le paiement du loyer, mais les mêmes propriétaires ne veulent pas voir monter leur compte de taxe !

En 1932, une loi fédérale s’attaque au chômage de deux façons : déporter les chômeurs qui n’ont pas la citoyenneté canadienne et envoyer les autres dans des camps de travail surveillés par l’armée dans des lieux éloignés ! Environ 20 000 hommes ( ça ne s’appliquait qu’aux chômeurs mâles et célibataires) seront employés à divers travaux publics (notamment l’aménagement des parcs nationaux) chaque année jusqu’en 1936, année où les camps seront abolis. La crise se résorbera finalement avec le début de la Seconde Guerre Mondiale en 1939 : entre l’enrôlement dans l’armée et le développement des industries de guerre, on atteindra vite le plein-emploi. Enfin, en 1940, le gouvernement fédéral crée l’Assurance-chômage. La crise est enfin finie.

Il nous fait extrêmement plaisir de vous présenter les finalistes de l’édition 2021-2022 du Concours Élan CAE Drummond

André Pelchat
CHRONIQUEUR
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