En 1966, le FLQ s’invite à Drummondville  »L’attentat de Drummondville se situait dans le cadre d’une offensive d’envergure du FLQ » …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

En 1966, le FLQ s’invite à Drummondville  »L’attentat de Drummondville se situait dans le cadre d’une offensive d’envergure du FLQ » …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
L’attentat de Drummondville se situait dans le cadre d’une offensive d’envergure du FLQ.  Qu’on en juge : le 5 mai, un colis piégé avait explosé à l’usine de chaussures Lagrenade, à Montréal

DRUMMONDVILLE

Aujourd’hui, le sigle « FLQ »(Front de Libération du Québec) évoque surtout la crised’octobre 1970, l’enlèvement de James Cross et, surtout, l’enlèvement et l’assassinat dePierre Laporte. Beaucoup de gens, surtout ceux nés après 1970, ne sont pas conscients que le FLQ a, en fait, été fondé et a posé ses premières bombes dès 1963.

Lien vers le controversé documentaire « On est au coton », réalisé par Denys Arcand en 1970, et portant sur l’industrie du textile au Québec.

La Révolution Tranquille ne fut pas si tranquille pour tout le monde et, à la naissance du mouvement indépendantiste québécois, la question de l’usage de la violence fut sérieusement discutée entre les tenants d’une approche démocratique et des éléments plus radicaux. Les seconds fondèrent le FLQ.  Ce premier réseau fut vite démantelé par la police qui arrêta 18 membres du groupe dans la même année. Les attentats ne cessèrent pas pour autant et, après 1965, le FLQ radicalisa son discours, ajoutant à sa rhétorique indépendantiste une touche socialiste et tentant, sans grand succès, de nouer des liens avec les syndicats. Il se rebaptise « Armée révolutionnaire du Québec » pour un temps et se restructure sous la direction de Charles Gagnon et Pierre Vallières (auteur du déjà controversé « Nègres Blancs d’Amérique » publié l’année précédente). On parlera du groupe « Vallières-Gagnon ».

Dans la nuit du 24 juin 1964, des slogans indépendantistes avaient été peints au local de la Légion canadienne et au stade de baseball de Drummondville. Un colis représentant une bombe a aussi été déposé au bureau de poste. Trois individus ont été arrêtés et accusés de méfaits. Ils disaient appartenir aux « commandos révolutionnaires du Québec ». Ce n’était qu’un début.

Deux ans plus tard, les 5 000 travailleuses et travailleurs syndiqués de la Dominion Textile se mettent en grève.  Les salaires sont au cœur de ce conflit qui durera six mois. Plusieurs usines sont paralysées par le conflit, notamment celles de Magog, Sherbrooke, Montmorency et… Drummondville. Il faut dire que 1966 est une année « chaude » sur le front syndical. Qu’on en juge : la même année voit se produire la grève des 30 000 membres du Conseil des métiers de la construction de Montréal (FTQ) et des syndicats du bâtiment de Montréal (CSN) et celle des 120 000 employés non-itinérants du Canadien National et du Canadien Pacifique. Le gouvernement, formé par l’Union nationale de Daniel Johnson, en a plein les bras ! C’est à cette époque que le FLQ tente de se présenter comme défenseur de la classe ouvrière.

C’est pour manifester son appui aux syndiqués que le FLQ décide d’intervenir dans le conflit.

Dans la nuit du 21 au 22 mai, l’explosion d’un réservoir d’air comprimé dans l’usine Dominion Textile de Drummondville fait éclater les vitres. Il n’y a aucune victime : les ouvriers étant en grève, l’usine est déserte. L’examen des débris du réservoir permet d’établir qu’aucune défectuosité du réservoir n’est en cause et que l’explosion a été provoquée par « une cause extérieure d’origine inconnue ».

Le journaliste Louis Fournier, de CKAC, qui s’intéresse au FLQ depuis longtemps, n’hésite pas à attribuer l’explosion à une bombe posée par le FLQ.

L’attentat de Drummondville se situait dans le cadre d’une offensive d’envergure du FLQ.  Qu’on en juge : le 5 mai, un colis piégé avait explosé à l’usine de chaussures Lagrenade, à Montréal. Une secrétaire, Thérèse Morin, est tuée. Le 3 juin, une bombe a éclaté au Centre Paul-Sauvé, lors d’une assemblée du parti libéral et le 14 juillet, c’est de nouveau la Dominion Textile qui est visée, dans son usine de Montréal, cette fois, quand le jeune felquiste Jean Corbo vient poser une bombe qui lui explose entre les mains, le tuant sur le coup.

Finalement, en août, la police arrête 3 felquistes lors d’une tentative de hold-up à Montréal. L’enquête ne mettra par la suite que deux semaines à décimer le groupe Vallières-Gagnon, mettant sous les verrous une quinzaine de personnes… mais ni Vallières, ni Gagnon, alors aux États-Unis. Ils seront néanmoins ramenés au Canada et jugés au pays l’année suivante. Cette version du FLQ est définitivement réduite à néant, car presque  tous ses membres les plus actifs incarcérés. Ils feront partie des « prisonniers politiques » dont une nouvelle mouture du FLQ demandera la libération lors de la crise d’octobre 1970… qui sera le dernier baroud du terrorisme québécois, lequel ne s’est plus manifesté à Drummondville après la bombe de 1966.

André Pelchat
CHRONIQUEUR
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