Enquête de fraude au Musée National de la Photographie de Drummondville : des employés et bénévoles expriment leur inquiétude et dénoncent la situation

Enquête de fraude au Musée National de la Photographie de Drummondville : des employés et bénévoles expriment leur inquiétude et dénoncent la situation
Musée National de la Photographie de Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le Musée National de la Photographie de Drummondville fait l’objet d’une enquête par la Sûreté du Québec à la suite d’informations alléguant d’importantes pertes financières.

Musée National de la Photographie de Drummondville  © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Peu d’informations ont été divulguées par la Sûreté du Québec en lien avec les allégations de fraudes qu’aurait subi le Musée National de la Photographie. Le Vingt55 a contacté la Sûreté du Québec, qui a confirmé le dépôt d’une plainte en lien avec des actions présumées et des pertes financières concernant les activités du Musée National de la Photographie de Drummondville.

Un ou plusieurs employés pourraient être visés par cette enquête en cours.

Actuellement, aucune accusation n’a été portée dans cette affaire, selon les informations obtenues par le Vingt55. Une plainte a été déposée en lien avec une possible fraude au Musée National de la Photographie confirme la Sûreté du Québec (SQ) contactée par le Vingt55. ‘’ Comme c’est le cas dans tout processus d’enquête, les enquêteurs interrogent différents témoins et recueillent des informations pour faire progresser l’enquête et déterminer la validité et le bien-fondé de la plainte. Par la suite, il reste à déterminer si des accusations seront portées contre une ou plusieurs personnes dans cette affaire confirme le porte-parole de la Sûreté du Québec en entrevue au Vingt55

Des bénévoles et des membres du personnel proches de la direction s’inquiètent des allégations de fraudes qui circulent.

Il me semble très prématuré d’accuser ou de diffuser des informations alors que l’enquête débute, explique un bénévole du Musée qui a contacté le Vingt55. Cela me semble même suspect, voire discutable que tant d’efforts soient déployés pour tenter de faire porter le chapeau à une personne qui, pour le moment, ne fait l’objet d’aucune accusation, avance un bénévole de l’organisation. Celui-ci soupçonne d’ailleurs que des acteurs importants cherchent à se disculper ou à échapper aux accusations, tentant ainsi de se soustraire à toute responsabilité.

Déjà en difficulté depuis plusieurs années, cette situation est préoccupante pour la survie du Musée qui abrite l’une des plus importantes collections d’appareils et d’artefacts liés à la photographie.

Des appareils photos, des photos, des artefacts et des documents provenant de plusieurs collectionneurs et donateurs ont permis au Musée de constituer une collection impressionnante et estimée, tant d’un point de vue historique que financier, en raison de son importance.

Des pertes importantes pour le Musée. Une enquête qui pourrait rapidement mener à des accusations.

Étant dans l’impossibilité de joindre l’ex-directeur général, Jonathan Hugues Potvin, qui a quitté ses fonctions avant le début de l’enquête, plusieurs proches de l’organisation du Musée ont contacté le Vingt55 pour faire part de leurs inquiétudes.

Selon les informations provenant des membres du conseil d’administration et rendues publiques, les pertes sont estimées à près de 500 000 $. Selon les informations obtenues par le Vingt55, les pertes financières liées à cette présumée fraude pourraient se situer entre 300 000 et 600 000 $. En cumulant les pertes et les déficits du Musée, certains employés ont même évoqué des pertes financières approchant le million de dollars. Toutefois, ces informations doivent encore être confirmées par l’enquête en cours. Pour le moment il a été impossible de rejoindre des membres de la direction du Musée qui n’ont retourné aucun appel.

La situation précaire du Musée depuis des années, en raison d’une gestion discutable selon des employés et des informations obtenues par le Vingt55.

Plusieurs bénévoles, photographes et partenaires ont quitté l’aventure et coupé les ponts avec le Musée National de la Photographie depuis son ouverture sur la rue Hériot, insatisfaits de la gestion et du manque de transparence de la direction.

En effet des informations obtenues auprès de différentes sources par le Vingt55, laissent craindre que cette situation et dénonciation ne soit que la pointe de l’Iceberg. Des sommes d’argent réservées à des utilisations spécifiques semblaient disparaître sans justification adéquate depuis des années.

L’ex-directeur, Jonathan Hugues Potvin ne semblait pas s’en préoccuper outre mesure au fil des années affirme un employé qui a contacté le Vingt55.

Actuellement, il est allégué que des montants provenant de divers budgets fassent l’objet d’enquête et manquent actuellement. Des montants destinés à nos fournisseurs, des comptes et des cartes de crédit semblent avoir été utilisés de manière inappropriée sur une période de plusieurs années, d’après un employé qui a également rapporté que plusieurs employés responsables ont occupé des postes leur permettant d’avoir accès aux dépenses, bien souvent des gens sans grande expérience ni connaissance occupaient ces postes.

Déjà des questions étaient soulevées par des acteurs internes, employés ou bénévoles du Musée National de la photographie au sujet des finances ‘’Ils ont tenté de comprendre la gestion financière du Musée sans succès’’ affirme une source bien informé de la situation.

À la suite de la médiatisation des allégations de fraude, des employés et des partenaires du Musée s’inquiètent du sort des appareils de grande valeur ou des artefacts conservés dans le Musée d’après un employé.

Des partenaires ont également quitté le projet en raison de manquements significatifs de la part de l’administration depuis l’arrivée du directeur.

Bien des accords ont été conclus mais n’ont pas été respectés, selon ces partenaires qui ont contacté le Vingt55. Des montants importants avaient été promis à la suite de ces engagements financiers, mais n’ont jamais été tenus par le directeur Jonathan Hughes Potvin. Suite à ces événements, certains acteurs du milieu des affaires préfèrent rester à l’écart des projets du Musée. Un partenaire a même affirmé que la gestion était manifestement cavalière, voire douteuse, dès le départ, et n’est pas surpris par la tournure des événements.

Les déficits financiers pourraient remonter à bien avant le dernier bilan, peut-être même et assurément plusieurs années de plus. Étrangement, personne n’a semblé vouloir sonner l’alarme, et ceux qui ont tenté d’y voir clair ont quitté leur poste en raison de pressions de la direction, selon un employé.

Comment se fait-il que la comptabilité et les dépenses n’aient jamais fait l’objet d’un véritable audit et d’une vérification externe, alors que d’importantes subventions remises par la Ville et les gouvernements ont été utilisées au fil des années ? questionne également l’employé

Administrer et gérer comme un club de photo, une gestion et administration remise en question

Un « musée » de cette envergure aurait nécessité des gestionnaires et des spécialistes du domaine de la photographie et de la gestion muséale. Aucune accréditation muséale d’importance ne pourrait être obtenue ou accordée si les administrateurs, gestionnaires et employés ne possèdent pas eux-mêmes des compétences significatives et efficaces, tant en gestion muséale qu’en connaissance et reconnaissance en photographie, ajoute un spécialiste, également préoccupé par la situation.

Actuellement, aucune personne n’a été formellement accusée.

Selon les informations obtenues par le Vingt55, tandis que certains dénoncent les agissements de certains employés, d’autres pointent du doigt ou blâment la direction générale ou la mauvaise gestion de certains membres du conseil d’administration du Musée.

Lorsqu’on donne accès à des individus, surtout en matière financière, il est essentiel de s’assurer de leurs qualifications et compétences. L’aveuglement volontaire ne peut en aucun cas justifier une mauvaise gestion, affirme un bénévole qui dit avoir été témoin de nombreux départs et changements de poste au sein du service financier du Musée National de la Photographie.

Il souligne la mauvaise publicité générée autour du Musée, le seul de cette envergure en Amérique du Nord, qui suscitait même l’envie des musées européens. Les personnes concernées tout comme la direction du Musée National de la Photo espèrent que l’enquête permettra de découvrir les véritables responsables, et surtout souhaitent que la survie du musée ne soit pas compromise.

Musée National de la Photographie de Drummondville  © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Éric Beaupré
PHOTOREPORTER
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