Entrée en vigueur aujourd’hui du salaire minimum à 14,25 $, des réactions partagées

Entrée en vigueur aujourd’hui du salaire minimum à 14,25 $, des réactions partagées
© Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

L’entrée en vigueur aujourd’hui du salaire minimum à 14,25 $, soit une hausse de 5,56 %, ajoutera des coûts supplémentaires de 237,1 M$ aux entreprises affirme La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) qui constate que cette nouvelle hausse arrive dans un contexte de fragilité des PME, frappées par l’augmentation des coûts.

En effet, 60 % des PME affirment que l’augmentation des coûts entraîne un impact négatif significatif sur leurs activités.

« Cette hausse du salaire minimum s’ajoute aux autres augmentations que subissent nos petites entreprises depuis le début de l’année. De plus, les deux ans de restrictions sanitaires ont laissé un endettement moyen de 108 000 $ par PME québécoise ainsi que des revenus sous la normale pour une majorité d’entre elles. La réalité, c’est que leur capacité d’absorption des hausses de coûts n’est pas infinie. Cela aura un impact certain sur les entrepreneurs qui n’auront d’autres choix que d’augmenter les prix, de travailler plus d’heures afin d’alléger leurs coûts de main-d’œuvre, de réduire temporairement leurs marges bénéficiaires, voire même leurs investissements et prévisions de croissance », déclare François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI.

D’autres solutions méritent d’être aussi considérées, particulièrement en contexte inflationniste

Dans un contexte de forte augmentation des coûts qui défavorisent les petites entreprises, la FCEI croit que le gouvernement du Québec devrait épauler les petites entreprises. Selon les dirigeants de PME, les meilleurs moyens pour les accompagner lors d’une hausse du salaire minimum seraient de réduire le fardeau fiscal global (79 %), de baisser les taxes sur la masse salariale (73 %) ou d’offrir des crédits d’impôt (58 %). Ces résultats confirment ce que les PME feraient si leur fardeau fiscal était réduit : elles augmenteraient les conditions salariales dans plus de 70 % des cas.

Par ailleurs, les prévisions de hausses salariales ont grimpé à 3,3 % en avril 2022, ce qui en fait la plus importante hausse depuis le lancement du Baromètre des affaires de la FCEI en 2009. Donc, avec une baisse du fardeau fiscal, les petites entreprises pourraient augmenter encore plus les salaires.

De plus, la FCEI rappelle qu’il existe des mesures plus efficaces pour lutter contre la pauvreté qu’une hausse considérable du salaire minimum qui fait mal aux PME. La bonification du montant personnel de base, l’amélioration des primes au travail ou les crédits d’impôt ciblés bénéficieraient directement aux employés à bas salaire et atteindraient cette cible sans créer de pression supplémentaire sur les PME déjà fragiles.

« De telles décisions du gouvernement dans ce contexte difficile doivent se prendre avec un souci d’équilibre afin de ne pas induire un choc trop important sur les petites entreprises. Aujourd’hui encore, nous avons la démonstration qu’il est temps que le gouvernement du Québec agisse avec énergie pour réduire le poids fiscal des PME le plus lourd de la fédération canadienne, car cela générerait des impacts positifs sur les entreprises, leurs employés et l’économie », conclut François Vincent.

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Un salaire minimum viable, une solution pour palier à la pénurie de main-d’œuvre, dit Québec solidaire

À l’occasion de la journée internationale des travailleurs, qui s’adonne aussi à être le jour où le nouveau salaire minimum entre en vigueur, le responsable solidaire en matière de travail, Alexandre Leduc, déplore pour sa part la vision passéiste du gouvernement qui avance une maigre hausse qui ne répond pas aux besoins, ni des travailleurs, ni des entreprises qui peine à combler leurs postes

« Toutes les semaines sans faute, je croise des commerces qui affichent des salaires d’entrée au-dessus du salaire minimum. Ces entreprises ont compris quelque chose que le gouvernement ne comprend toujours pas : un salaire minimum viable, c’est un moyen pour lutter contre la difficulté de recruter parce que ça rend les postes au salaire minimum plus attrayant. Quand des grandes entreprises comme McDonald’s ont compris ça avant le gouvernement, on peut se demander avec raison dans quel monde vit la CAQ », questionne M. Leduc.

Alors que le salaire minimum atteint 14,25$ de l’heure aujourd’hui, le ministre Boulet a affirmé il y a plus d’un mois qu’il pourrait franchir la barre du 15$ l’an prochain, montrant ainsi son incompréhension de la réalité actuelle du travail au salaire minimum.

« Franchement! 15$, on en avait besoin il y a cinq ans, ce n’est plus un salaire viable aujourd’hui. Ça fait des mois qu’on parle de la crise du coût de la vie, est-ce que M. Boulet croit que les gens au salaire minimum sont immunisés à la hausse de tous les biens de base? J’ai le malheur de lui annoncer que ce n’est pas le cas et qu’aujourd’hui, un salaire minimum décent et viable, c’est 18$ de l’heure », poursuit le député.

Le Collectif pour un Québec sans pauvreté considère cette faible hausse comme irresponsable et insultante pour les centaines de milliers de travailleurs et travailleuses qui vivent dans la pauvreté et qui perdent chaque jour un peu plus de leur pouvoir d’achat.

Des travailleuses et des travailleurs qui s’appauvrissent

Rappelons que, depuis l’automne dernier, le Collectif revendique un salaire minimum d’au moins 18 $ l’heure. C’est le montant qu’il faut pour espérer sortir de la pauvreté en travaillant à temps plein au Québec. En 2021, 855 100 travailleuses et travailleurs gagnaient 18 $ l’heure ou moins.

« Avec son augmentation ridicule du salaire minimum, non seulement le gouvernement refuse-t-il d’aider ces personnes à sortir de la pauvreté, mais il les regarde s’appauvrir sans broncher, lance la porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. En effet, la hausse de 75 cents n’accote même pas la hausse du coût de la vie des 12 derniers mois. Alors que l’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 6,7 % de mars 2021 à mars 2022 au Québec ─ du jamais-vu dans les 30 dernières années ─ la hausse de 75 cents du salaire minimum correspond à une augmentation de 5,5 %.

« Et précisons que ce sont seulement les personnes gagnant moins de 14,25 $ qui profiteront de cette hausse insuffisante. Pour toutes les personnes gagnant entre 14,25 $ et 18 $, c’est le statu quo. Déjà, en novembre dernier, les Banques alimentaires du Québec nous rappelaient que le nombre de personnes avec des revenus d’emploi qui ont eu recours à leurs services a connu une hausse de 40 % entre mars 2019 et mars 2021, en raison de la pandémie et de la forte inflationTout porte à croire que la tendance n’est pas près de s’inverser… et le gouvernement s’en lave les mains! »

Un ministre dépassé selon Virginie Larivière

Pendant ce temps, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, nous apprenait le 31 mars dernier qu’il n’est « pas fermé du tout » à l’idée que le salaire minimum atteigne ou même dépasse les 15 $ l’heure en 2023, en autant que le salaire horaire moyen augmente à 30 $ ou plus.

Virginie Larivière poursuit : « En dehors du fait que ce montant est complètement dépassé, le vrai problème, c’est que le ministre se cache derrière un postulat économique fort douteux pour justifier ses hausses timides. Selon ce postulat, un salaire minimum dépassant 50 % du salaire horaire moyen entraînerait de lourdes pertes d’emploi. Plusieurs provinces canadiennes ont toutefois dépassé ce seuil au cours des dernières années, que ce soit la Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique, l’Ontario, l’Alberta ou l’Île-du-Prince-Édouard, et ce, sans impacts négatifs sur l’emploi.

« Un autre argument invoqué par le ministre Boulet est qu’il veut ménager les entreprises qui ne l’ont pas eu facile pendant la pandémie. Mais pourquoi ne se laisse-t-il pas guider par la même empathie envers les travailleuses et les travailleurs à faible revenu, qui en ont aussi arraché pendant la crise sanitaire? Pourquoi un tel parti pris? Pourquoi serait-ce aux travailleuses et aux travailleurs de payer la note? »

Pour vivre comme du monde

Le 1er mai, ce n’est pas seulement le jour de l’entrée en vigueur de la hausse du salaire minimum. C’est aussi la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, qui se tient cette année sous le thème « Pour vivre comme du monde ». Aux côtés de ses partenaires de la coalition Minimum 18 $, le Collectif participera aux activités de cette journée pour rappeler au gouvernement que, pour vivre comme du monde, il faut notamment un salaire minimum d’au moins 18 $ l’heure.

Éric Beaupré
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