Financement du Programme STEP : Mieux faire face aux défis de la maternité, briser l’isolement des femmes ayant vécu des abus ou de la négligence

Financement du Programme STEP : Mieux faire face aux défis de la maternité, briser l’isolement des femmes ayant vécu des abus ou de la négligence
© Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Briser l’isolement des femmes ayant vécu des abus, de la négligence ou d’autres formes de traumatismes interpersonnels au cours de leur enfance, leur redonner confiance et leur permettre de composer avec les défis particuliers de la grossesse et de la maternité : tels sont les impacts recherchés du Programme STEP développé par l’équipe de Nicolas Bertelot, professeur au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). 

Nicolas Bertelot, professeur au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec à Trois-Rivières

Le Programme STEP (Soutenir la transition et l’engagement dans la parentalité) propose ainsi une intervention pour les femmes enceintes ayant vécu de la maltraitance ou d’autres expériences de vie difficiles au cours de leur enfance.

« Les femmes enceintes ayant subi des traumatismes présentent un risque accru de détresse au cours de la grossesse, pouvant générer des sentiments désagréables à l’égard d’elles-mêmes ou de la maternité, ainsi que de possibles difficultés dans l’établissement de la relation avec l’enfant après sa naissance. D’où l’intérêt d’intervenir en période prénatale auprès des femmes enceintes ayant vécu des traumas dans leur enfance », explique le chercheur de l’UQTR.
Grâce à un nouveau financement de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) à hauteur de 1 368 726 $ sur 4 ans obtenu par le professeur Berthelot et ses collaborateurs du Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille (CEIDEF), le Programme STEP passe donc à une autre étape : celle du déploiement et de l’évaluation à grande échelle. Pour y arriver, l’équipe de chercheurs compte sur des partenariats avec plusieurs organisations, dont le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, le CIUSSS de la Capitale-Nationale et le CISSS Chaudière-Appalaches.

Phase 1 : le projet-pilote

Mené entre 2016 et 2021, le projet-pilote STEP a été mis en application auprès de 40 femmes enceintes ayant vécu une forme de traumatisme durant l’enfance. « Cette première phase confirme que c’est un programme utile, sensible à la réalité des femmes ayant vécu des traumatismes, qui favorise une prise de conscience, la résilience et un engagement positif dans la maternité. Comme le programme aborde des sujets sensibles auprès d’une clientèle en contexte de vulnérabilité, il fallait s’assurer que notre intervention améliore le mieux-être et qu’elle soit juste et sécuritaire avant de passer à une autre étape », soutient Nicolas Berthelot, également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en traumas développementaux

Phase 2 : l’implantation et l’évaluation à grande échelle

Le financement offert par l’ASPC permettra d’obtenir les données probantes nécessaires avant d’espérer déployer le Programme STEP à l’ensemble de la province et ailleurs au pays. Ainsi, sur un échantillon de 300 femmes, 150 d’entre elles participeront au Programme STEP en soi, qui consiste en près d’une dizaine de rencontres thématiques portant sur la maternité, sur l’expérience de traumatismes et comment celle-ci influence leur vécu de la maternité, et sur les forces et ressources qui les aident dans leur cheminement. Les 150 autres femmes de l’échantillon (le groupe de comparaison) suivront la trajectoire normale dans les soins de santé – c’est-à-dire qu’elles ne participeront pas aux rencontres – mais recevront néanmoins une documentation sur la santé mentale en cours de grossesse.

« En collaboration avec nos partenaires, la réalisation de la phase 2 nous permettra d’évaluer l’implantation du Programme STEP dans le milieu de la santé et des services sociaux. Un des objectifs consiste donc à former des intervenantes et intervenants pouvant offrir le programme de façon fidèle, de s’assurer qu’il est adapté à leur réalité et de voir s’il s’implante bien dans le milieu », affirme le professeur Berthelot.

Les chercheurs comptent aussi adapter le Programme STEP pour répondre aux besoins spécifiques de certains sous-groupes : les parents des Premières Nations, les femmes d’origines ethniques diverses qui auraient vécu des situations sensibles dans leur parcours migratoire, et les femmes présentant des problématiques de santé mentale.
Résultats attendus

À terme, l’étude permettra de mesurer l’impact véritable du Programme STEP chez la population visée, le cas échéant de pouvoir ensuite l’implanter à plus large échelle pour venir en aide au plus grand nombre de femmes enceintes ayant vécu des traumas. « Nous travaillons vraiment dans une perspective d’exploration de l’expérience de la maternité adaptée à leur situation particulière, et le fait d’être accompagnée d’intervenants compétents et bienveillants, ainsi que de personnes qui vivent des choses similaires, c’est l’ingrédient le plus important de notre programme. »

Éric Beaupré
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