DRUMMONDVILLE
Hôpital Sainte-Croix, les urgences débordent dans la région @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.
La pénurie de main-d’œuvre et son impact sur les soins et les services, notamment sur la première ligne, ajoutent de la pression sur un réseau de santé déjà fragilisé.
Avec 22 personnes à l’urgence et un taux d’occupation de 168%, l’hôpital Sainte-Croix peine à répondre à la demande et aux patients qui doivent attendre en moyenne plus de 4 heures à la salle d’attente, selon l’indice santé qui prend en compte le taux d’occupation et le temps d’attente des patients en tenant compte du nombre de médecins et du personnel disponible à l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville.
Dans ce contexte, le ministre de la Santé, Christian Dubé, le directeur national de la santé publique, Dr Luc Boileau, ainsi que le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence et urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal, Dr Gilbert Boucher, ont fait le point sur la situation.
En effet, comme le rapportait le Vingt55 au cours des derniers jours, la situation est difficile depuis le début des fêtes à Drummondville, alors que la situation à l’urgence ne va pas en s’améliorant de l’avis d’usager.
Une dame de 72 ans a également dû utiliser le sol de la salle d’attente des urgences de l’hôpital Sainte-Croix comme lit de fortune pendant les fêtes.
« Les chaises munies de plastiglace n’ont en rien contribué au confort. Après plus de 10 heures d’attente, j’ai dû me résigner à me coucher sur le sol, dans un coin isolé de l’urgence », a mentionné la septuagénaire souffrant de problèmes respiratoires et cardiaques. Celle-ci a finalement été prise en charge après 12 heures d’attente. « Il semble qu’un seul médecin puisse voir les patients, dans une ville de 100 000 habitants, c’est peu au prorata de la population », a ajouté la dame qui a contacté Vingt55 pour dénoncer la situation.
« Nous avons un hôpital, mais nous n’avons pas suffisamment de médecins pour répondre aux besoins des gens. Il faudra bien plus que de nouveaux murs pour régler le problème », a affirmé la septuagénaire inquiète autant pour sa santé que pour les soins offerts en l’absence de médecins en nombre suffisant. « J’ai reçu de très bons soins, un accueil plus qu’acceptable au triage, malgré les 12 heures d’attente. Je me considère chanceuse d’avoir été prise en charge avant une autre patiente jugée moins prioritaire, qui en était à près de 24 heures d’attente dans des conditions plutôt ordinairement mauvaises, sans couverture ni confort à disposition des patients, forcés d’attendre », a conclu la dame après son séjour.
Situation épidémiologique actuelle et à venir
Les cas d’infections respiratoires, causés par le virus respiratoire syncytial (VRS), la COVID-19 et, particulièrement, l’influenza (grippe saisonnière) sont encore très présents dans la population et dans les milieux de soins et de vie. La Direction nationale de la santé publique prévoit d’ailleurs une augmentation de la propagation, principalement de l’influenza pour les prochaines semaines, ce qui pourrait se traduire par une hausse de l’achalandage aux urgences. Soulignons d’ailleurs que le pic de grippe est encore à venir, car il serait attendu d’ici la fin janvier.
« Au retour des fêtes, l’augmentation de la circulation des virus respiratoires continue de rendre la situation dans nos hôpitaux particulièrement difficile. On a tous un rôle à jouer pour limiter la pression sur les urgences cet hiver mentionne Christian Dubé, ministre de la Santé. Tous les acteurs du réseau de la santé, incluant gestionnaires, travailleurs, travailleuses et médecins, sont au travail pour mettre en place les solutions concrètes pour améliorer l’accès aux services. Notre rôle est de les soutenir et de s’assurer que tout le monde ait les outils nécessaires. C’est un travail de coordination que nous réalisons présentement à l’échelle nationale, c’est Santé Québec qui est en train de prendre forme. Une fois de plus, je demande la collaboration de la population afin d’utiliser les options existantes avant de se rendre à l’urgence, si leur situation le permet. Je le réitère, personne ne doit toutefois hésiter à consulter l’urgence lorsque son état de santé le requiert. »
Des gestes concrets pour stabiliser la situation dans les urgences
Afin d’améliorer l’accès pour les patients et les patientes, ainsi que la fluidité dans l’ensemble des établissements du Québec, beaucoup de travail a été réalisé dans les derniers mois par l’équipe dédiée à la situation dans les urgences avec le ministère de la Santé et des Services sociaux et les gestionnaires du réseau. Alors qu’il s’agit d’un exercice important de coordination nationale, des solutions ciblées sont apportées dans les établissements où les enjeux sont les plus importants.
Des actions prioritaires sont présentement mises en œuvre selon la réalité et les besoins de chaque région afin de désengorger les urgences et d’améliorer la fluidité des services rendus aux patients et patientes en amont de l’urgence, à l’hôpital et après. Notons par exemple :
En première ligne :
Évaluer les patients et patientes, notamment les personnes aînées, grâce au travail collaboratif d’infirmières, d’ambulanciers et d’ambulancières, afin de les diriger vers d’autres services que l’urgence;
Réorienter les patients et les patientes qui ne nécessitent pas de soins urgents (P4-P5), alors que ceux-ci occupent encore grandement les urgences, vers d’autres professionnels de l’hôpital ou du réseau pour éviter l’attente à l’urgence en gardant les plages de rendez-vous nécessaires, notamment grâce à une étroite collaboration avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).
Plusieurs rencontres sont prévues avec la FMOQ et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) pour recueillir leurs recommandations et mettre en place des solutions concrètes à court terme qui peuvent être implantées rapidement.
À l’hôpital :
S’assurer de la mise en place des plans de surcapacité afin que l’ensemble de l’hôpital soit mieux coordonné pour limiter la pression sur l’urgence;
Mettre à contribution les autres médecins et professionnels de l’hôpital pour mieux répartir la pression à travers les départements;
Permettre aux évaluations des médecins spécialistes et professionnels de la santé de se faire en même temps que le traitement médical d’une personne aînée, et non seulement après, afin de diminuer la durée de son séjour à l’hôpital.
Après une hospitalisation :
Ouvrir 500 places d’hébergement au cours des prochaines semaines, afin que des patients et patientes, souvent des aînés, qui ne nécessitent plus de soins à l’hôpital puissent être redirigés dans un milieu de vie adapté;
Offrir des services à domicile afin de permettre aux patients et patientes dont la situation le permet d’être soignés dans leur milieu et de libérer des lits à l’hôpital.
Bonnes pratiques à privilégier
Dans le contexte de la propagation actuelle des virus, pour la population, et particulièrement pour les personnes vulnérables, la prévention et la vaccination restent les meilleurs moyens pour se protéger des complications sévères dues à ces infections. Les vaccins contre la COVID-19 et l’influenza sont d’ailleurs offerts gratuitement à toute la population. Plusieurs rendez-vous sont toujours disponibles partout au Québec sur Clic Santé. Notons que bien qu’il soit toujours préférable de prendre rendez-vous, ceux qui se présenteront sans rendez-vous pourront dorénavant aussi être vaccinés.
Il demeure aussi important de rappeler les bonnes habitudes à prendre afin de réduire la transmission des virus :
En cas de fièvre, il est préférable de rester chez soi.
Jusqu’à la disparition des symptômes, le port du masque est privilégié afin de protéger les autres.
Lorsque des symptômes sont présents, il est également préférable d’éviter les contacts avec les personnes vulnérables et d’aviser les personnes que nous pourrions fréquenter de nos symptômes.
Rappelons également que tous les Québécois et Québécoises peuvent se munir de tests de dépistage rapides de la COVID-19 gratuitement dans les points de service locaux.
Autres options pour diminuer la pression sur les urgences
À nouveau, afin de diminuer la pression sur les urgences, le gouvernement demande à tous les citoyens et citoyennes de bien évaluer leurs besoins. Un guide d’autosoins peut d’ailleurs être consulté sur Québec.ca. Pour des problèmes de santé qui ne nécessitent pas de soins immédiats, par exemple un mal de gorge, une toux légère, une gastro-entérite (sans signes de déshydratation significative) ou des symptômes d’infection urinaire, plusieurs ressources existent, notamment les différentes options du 811, dont le guichet d’accès à la première ligne (GAP) pour les personnes qui n’ont pas de médecin de famille et la ligne pédiatrique pour les parents.
De plus, le déploiement des cliniques d’hiver se poursuit, 39 sont d’ailleurs déjà ouvertes un peu partout au Québec. Ces dernières permettent d’offrir davantage de plages de rendez-vous pour faciliter l’accès à un professionnel de la santé. Ainsi, lorsque la situation le nécessite, une infirmière du 811, option 1 (Info-Santé), peut offrir un rendez-vous afin d’éviter une attente inutile à l’urgence.