Il y a 192 ans, Drummond est en élection pour la première fois ….Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Il y a 192 ans, Drummond est en élection pour la première fois ….Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Frederick George Heriot portant la Croix des Compagnons de l'Ordre militaire du Bain reçue en 1830 @ Société d'histoire de Drummond, Collection régionale / Vingt55. Tous droits racquités.

DRUMMONDVILLE

Le faible taux de participation aux élections municipales semble indiquer à quel point beaucoup de citoyens tiennent pour acquis le processus démocratique.  Pourtant, le droit, pour le peuple, de choisir ses dirigeants par élection est loin d’être un fait universel et ne fut pas toujours pratiqué ici.

En Nouvelle-France, le seul poste électif était celui de capitaine de milice. Celui-ci était choisi par ses hommes, en tant de guerre. Avec la conquête britannique, cette unique élection fut abolie et le gouverneur nomma les capitaines. Lors de l’invasion américaine de 1775, le général Wooster, désireux de gagner la population à la cause yankee, réinstaura l’élection des capitaines de milice. Ce fut sans lendemain puisque les forces américaines quittent la province au printemps suivant.

Ce fut en 1792 que le Bas-Canada eut sa chambre d’assemblée et que les premières élections furent organisées.

La colonie de St-François devint partie du comté de Drummond en 1829 et il fallut organiser une élection partielle pour lui trouver un représentant à l’Assemblée Législative.

À la subdivision de la circonscription de Buckingham, en 1829, le comté de Drummond est officiellement créé et l’élection partielle en vue de lui nommer un représentant au Parlement provincial a lieu le 7 novembre suivant. Tout le monde semble s’attendre à ce que le fondateur, Frederick George Heriot, soit élu sans opposition. Heriot bénéficie d’un prestige certain grâce à son passé militaire comme héros de la guerre de 1812 et un grand nombre de colons sont d’anciens soldats. De plus, il est le fondateur du village et un des principaux propriétaires fonciers.

Eh bien ! On découvre qu’il y a bien une opposition dans Drummond.

Un homme ose se présenter contre Heriot. Il s’agit de Francis Armstrong Evans, né en 1786, en Irlande. Connu comme un « réformiste », il a exercé divers métiers depuis son arrivée au Canada en 1816, dont celui de maître d’école. Il voulait d’abord devenir agriculteur mais la terre qui lui a été attribué dans la colonie de la rivière St-François s’est avérée un marécage incultivable. Il devint aussi correspondant du « British Colonist », journal publié à Stanstead. C’est ce poste qui lui a valu une certaine notoriété lorsqu’en 1827, un mandat d’arrêt fut émis contre lui pour mépris de cour, à la suite de plusieurs articles critiquant les autorités. C’est sans doute son expérience comme apprenti-agriculteur qui le pousse à devenir porte-parole des mécontents de la colonie.

À l’époque, il n’y a qu’un bureau de scrutin par comté. Tous n’ont pas droit de vote : il faut avoir 21 ans, être propriétaire de biens fonciers ou payer un montant minimum de loyer. Une minorité de citoyens se qualifie. Les femmes peuvent voter si elles remplissent ces conditions. Le scrutin peut durer jusqu’à trois jours. Le vote n’est pas secret : on déclare à haute voix, en public, quel candidat on appuie. L’intimidation, on le devine, est alors une tactique électorale importante. Les bagarres sont fréquentes.  Néanmoins, ce premier scrutin dans Drummond semble s’être déroulé de façon étonnamment calme et ordonnée.

Le 6 novembre, Heriot est escorté par une foule de partisans jusqu’à une plateforme située près du bureau de scrutin et prononce un discours soulignant les avantages pour la colonie d’être représentée à la Législature. Evans arrive à son tour, avec quelques personnes. Il fait son propre discours où il déclare avoir été poussé à se présenter par les recommandations de plusieurs concitoyens.  On commence ensuite le vote : Heriot l’emporte par 114 contre 28. Evans a néanmoins obtenu 20% des suffrages.  Le lendemain, aucun nouvel électeur ne se présente pour le journaliste et maître d’école. Il offre alors son vote à Heriot, se ralliant à la majorité et le militaire devient le premier député de Drummond.

L’élection suivante aura lieu en 1830 et Heriot sera alors réélu sans opposition. Élevé au grade de colonel la même année, il démissionnera en 1833 et poursuivra sa carrière militaire. Ardent loyaliste, il sera chargé de l’occupation militaire des Cantons-de-l’Est durant la révolte des Patriotes, en 1837 et 1838. Devenu major-général en 1841, il décèdera en 1843, à Drummondville.

Evans, pour sa part, déménage à Québec et il meurt en 1832, durant la grande épidémie de choléra asiatique.

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André Pelchat
CHRONIQUEUR
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