Le fondateur de Drummondville, le colonel Fréderick-George Heriot contre les Patriotes …raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Le fondateur de Drummondville, le colonel Fréderick-George Heriot contre les Patriotes …raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Le fondateur de Drummondville, le colonel Fréderick-George Heriot © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

À partir de 1805, une lutte parlementaire féroce s’engage entre le gouverneur britannique du Bas-Canada et le parti qui représente la majorité francophone à l’Assemblée législative à Québec, appelé d’abord « Parti canadien », puis « Parti patriote ». La constitution accordée en 1791 par la Grande-Bretagne laisse en effet au gouverneur le choix absolu des membres de son gouvernement et il n’est pas tenu de les prendre dans le parti ayant remporté les élections. 

Le fondateur de Drummondville, le colonel Fréderick-George Heriot © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Les priorités de la puissance coloniale britannique n’étant pas celle de la colonie, les députés se voient de plus en plus frustrés par l’incapacité à faire adopter leurs projets de loi, malgré le soutien de la population. Du côté du gouverneur, on trouve une partie de la minorité anglophone (mais pas la totalité), les seigneurs, les magistrats, les riches marchands, regroupés par les Patriotes sous le vocable infamant de « Bureaucrates ».  Signalons qu’un conflit identique sévit dans le Haut-Canada (actuel Ontario). Le fondateur de Drummondville, le colonel Fréderick-George Heriot, de par sa fonction d’administrateur et sa carrière militaire dans l’armée britannique, se range résolument parmi les « Bureaucrates ». Il a, de plus, été nommé aide-de-camp du gouverneur en 1826.

Finalement, en juin 1837, le gouvernement interdit les assemblées patriotes. Le gouverneur dissout la chambre d’Assemblée après 6 jours de travaux. Des bagarres éclatent entre Patriotes et Bureaucrates à Montréal et les Patriotes tiennent des Assemblées illégales ailleurs dans la province. En novembre le gouverneur Gosford émettra des mandats d’arrestation contre 26 leaders patriotes, non sans avoir commencé à organiser les forces militaires en vue d’affrontements probables. Les troupes régulières ont été entièrement rappelées du Haut-Canada et on mobilise les milices régionales loyales au gouvernement. C’est là que le colonel Heriot se voit confié, par le général Sir John Colborne, commandant en chef des troupes britanniques au Canada,  l’organisation militaire des Cantons-de-l’Est et la mission de former et d’armer un corps de  800 volontaires, les Eastern Townships Volunteers.  Recrutant parmi les colons anglophones, majoritaires dans la région, le colonel met sur pied dix compagnies de Volontaires, qui seront stationnés à Melbourne. Leur mission est d’assurer le maintien de l’ordre non seulement en combattant les rebelles qui prendraient les armes mais aussi en traquant et arrêtant les citoyens qui tiendraient des propos séditieux ou se livreraient à toute forme d’agitation dans les comtés de Drummond, Sherbrooke et Stanstead.

Il y eut finalement peu de combats dans la région couverte par l’autorité du colonel Heriot. D’une part, l’écrasement des Patriotes par l’armée britannique, et le massacre qui s’ensuivit, à St-Eustache sur le Richelieu en décembre 1837 conduisit la plupart des leaders patriotes à fuir aux États-Unis. D’autre part, dans les Cantons de l’Est, les sympathisants à la cause patriote se recrutaient principalement parmi les colons Anglophones d’origine américaine qui n’étaient pas pour autant prêts à prendre les armes. C’est en 1838 que l’association des « Frères Chasseurs », mise sur pied par les Patriotes en exil, tente une invasion du Bas-Canada à partir du Vermont, avec environ 600 hommes. Ils sont défaits par la milice à Odelltown en Montérégie. Ce sera la dernière bataille des révoltes de 1837-1838.

Plus près de nous, les hommes du major Heriot se livrent surtout à des actions de police. Un certain Francis Blanchard du canton de Kingsey est arrêté en 1837 pour avoir distribué des tracts soutenant les Patriotes. Charles Charpentier, résident du Canton de Durham, est arrêté l’année suivante pour avoir… chanté La Marseillaise. Il faut savoir que l’hymne national français était, à l’époque, considéré comme chant révolutionnaire employé dans de nombreux pays et dans de nombreuses langues. On voit que la liberté d’expression connaissait alors de sérieuses limites. Plusieurs sympathisants anglophones seront aussi arrêtés dans les comtés de Sherbrooke et de Stanstead.

Autrement, Heriot se félicite de ce que tout soit calme dans son comté de Durham et qu’il n’y ait même aucun incident à signaler entre Anglophones et Francophones. Il faut dire que la présence de miliciens armés parcourant les chemins avait sans doute de quoi refroidir les esprits échauffés…

À la suite de la rébellion et de son échec, la Grande-Bretagne enverra un nouveau gouverneur pour les deux Canadas, avec des pouvoirs étendus, le fameux Lord Durham, dont le rapport, après donné raison aux Patriotes et aux Réformistes sur toute la ligne, recommandera l’union des deux provinces en une seule, dans le but d’assimiler les « Canadiens » ce peuple « sans histoire ni littérature ».  En 1840, le colonel Heriot sera membre du Conseil spécial chargé de gouverner les deux provinces jusqu’à l’entrée en vigueur de l’Acte d’Union en 1841. En 1841, il sera élevé au grade de major général.

Le fondateur de Drummondville, le colonel Fréderick-George Heriot © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

André Pelchat
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