L’Halloween : depuis les anciens Celtes jusqu’à à Drummondville…Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

L’Halloween : depuis les anciens Celtes jusqu’à à Drummondville…Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
L’Halloween, depuis les anciens Celtes jusqu’à à Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Comme à chaque automne, masques et bonbons à thématique « horrifique » sont en vente dans les magasins, des commerces et des résidences privées, sont décorés de crânes, chauve-souris, toiles d’araignées. Le Village Québécois d’Antan propose sa 15e édition de son « village hanté » pendant que le Carrefour Jeunesse-Emploi présente son « Presbytère hanté » et que le Centre-ville fut, cette année, le rendez-vous des montres fantômes.. Bref : c’est l’Halloween ! Mais d’où nous vient cette drôle de fête ?

L’Halloween, depuis les anciens Celtes jusqu’à à Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Deux origines ont été proposées pour la fête de l’Halloween, une origine celte et une origine chrétienne. D’un côté une fête celtique, la Samhain, de l’autre, la fête chrétienne de la Toussaint. En fait les deux hypothèses se complètent plus qu’elles ne s’opposent.

La Samhain, fêtée en Grande-Bretagne(Écosse, Pays de Galles) et en Irlande depuis l’Antiquité le 1er novembre marquait la fin des moissons et le début de l’hiver. Elle marquait apparemment, pour les Celtes, la division entre la période où les jours sont plus longs que les nuits et celle où c’est l’inverse. Selon certains auteurs, cette date était comprise comme un moment où le monde des morts et celui des vivants entraient en contact et où toutes sortes de mauvais esprits pouvaient se manifester. Masques et déguisements servaient à éloigner les mauvais esprits.

Du côté chrétien, la fête de la Toussaint (« Tous les saints ») a été instaurée officiellement par le pape Grégoire IV (827-844). En fait le Panthéon romain, ancien temple « païen », avait été consacré à la Vierge Marie et à « tous les martyres » deux siècles plus tôt par le pape Boniface IV en 609 ou 610. On y célébrait une fête de tous les saints le 13 mai, qui fut plus tard déplacée le 1er novembre.  Il n’est pas exclu que l’Église ait alors tenté de « christianiser » une fête « païenne ». En effet, non seulement la date coïncide avec celle de la Samhain mais le thème est voisin : les morts dans un cas, les saints dans l’autre et les saints, forcément, sont morts…  D’ailleurs en Angleterre, la fête christianisée prit le nom de All Hallow’s Eve (veillée de tous les saints), d’où vient le mot « Halloween ».

Comme souvent lorsqu’il s’agit de traditions populaires, l’évolution de l’Halloween est difficile à retracer dans le détail. On sait qu’au cours du Moyen-Âge apparut la coutume de passer aux portes pour demander l’aumône. Au XVe siècle, les pauvres cognaient aux portes en chantant des cantiques, et demandaient une aumône, qui était souvent un morceau de gâteau, en échange de quoi ils disaient des prières pour les âmes des défunts. Au fil du temps, cette « tâche » fut confiée aux enfants et les cantiques furent remplacées par des chansons profanes. Ceux qui refusaient de donner pouvaient subir des représailles, origine du « trick or treat » ( plus ou moins : « si tu ne me donnes rien, je te jouerai un tour ») des Anglophones.

L’habitude de déguiser les enfants semble être apparue au XIXe siècle.

La plus ancienne photo connue d’un enfant déguisé pour l’Halloween date de 1875 et elle est britannique. Au Canada, la première mention d’enfants déguisés pour l’Halloween apparaît en 1898, à Vancouver. Pour ce qui est de la citrouille, elle était originellement… un navet ! Dans un conte folklorique irlandais appelé « Jack-o-lantern »,  un personnage du nom de Stingy Jack (« Jack l’Avare ») se voit refuser l’accès au paradis et à l’enfer après son décès à cause des tours qu’il a joué au diable durant sa vie. Il doit errer dans la nuit noire avec seulement un charbon pour s’éclairer. Jack creuse alors un navet pour y déposer sa lanterne.  Dans les îles britanniques, on appela par la suite « Jack-o-lantern » des légumes divers sculptés de visages grimaçants et creusés pour y déposer une chandelle illuminée. On les déposait devant les fenêtres ou les portes pour effrayer les mauvais esprits.  Avec l’immigration des Irlandais en Amérique on choisit un légume plus gros et unique au continent américain : la citrouille.

La coutume de l’Halloween est restée américaine et canadienne-anglaise pendant longtemps. La preuve en est que la première mention de l’Halloween dans la presse drummondvilloise se trouve dans le journal La Parole du 4 novembre 1926 et que l’article entreprend d’expliquer ce qu’est la fête de l’Halloween et les coutumes qui s’y rattachent à ses lecteurs francophones.

Il ajoute que ces traditions sont « fêtées dans les cercles anglais et ils (sic) sont l’équivalent des soirées du Mardi Gras chez les Canadiens. » Clairement, la coutume n’était pas encore bien connue des Québécois francophones et était vue comme une coutume « anglaise ».  La coutume de souligner l’Halloween se répandit vraiment dans les milieux francophones à partir des années 1950, en se commercialisant. En 1973, dans La Parole de Drummondville du 24 octobre,  on peut voir une publicité du magasin Woolco qui annonce :

 « Masques d’Halloween assortis avec ou sans cheveux, tels que gorilles, démons, bouffons, chinois, etc… Le chat et la citrouille. Citrouille rieuse assise sur le dos du chat. Branchée, l’ampoule à l’intérieur crée une ambiance de mystère. (…) Costumes d’Halloween avec masques correspondants, choix de personnages dans les grandeurs de P.M.G. de 4 à 8 ans. bonbons assortis d’halloween une distribution complète de personnages et de masques pour l’Halloween».

Il semble que ce soit dans les années 1990 que les adultes s’intéressent à leur tour à l’Halloween. Sans doute parce que les enfants des années 1950 sont devenus les adultes de 1990…  La valeur commerciale de l’Halloween est évaluée à 1 milliards de dollars au Canada, ce qui en fait la deuxième fête la plus commerciale au monde, la première étant… Noël.

L’Halloween, depuis les anciens Celtes jusqu’à à Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Éric Beaupré
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