Au cœur de ce recueil et de cet album, on s’attache à la profondeur poétique d’un homme qui, au cours de sa vie, s’est laissé porter par les excès. Excès d’amour, d’amitié, d’émotions, de mots… et de drogue.

La démarche artistique de Fabien, le Poète Rebelle est ancrée dans des moments importants de sa vie : ceux où il a cessé de consommer. C’est ainsi qu’il retrouvait les mots, pour créer.

Tandis qu’il écrit des textes et performe depuis 2018, l’artiste s’est officiellement replongé dans la musique, à son piano, durant la pandémie, pour composer des pièces instrumentales afin d’accompagner ses textes. La symbiose entre les mots du texte et l’instrumental est parfaite pour les treize pièces de l’album. En fait, deux des pièces sont uniquement des instrumentales. Les textes suivront (peut-être) dans un prochain recueil, ou à tout le moins sur scène… à son lancement du 20 octobre ou à sa performance du 29 juin prochain à la Place-des-Arts de Montréal? L’artiste ne peut rien confirmer pour l’instant.

Sur un plan personnel, le Vingt55 a beaucoup aimé la neuvième pièce de l’album, intitulée « Le ruisseau », où il est question d’une amie du Poète Rebelle, Michèle, emportée trop tôt et de façon inattendue par la maladie durant la pandémie. Tandis que le recueil contient un court texte intitulé « Michèle », le texte sur lequel Fabien s’appuie dans son album est beaucoup plus développé et certainement plus poignant. C’est la pièce qui a fait monter le plus de larmes à nos yeux. Un hommage réussi.

L’album est très touchant et on l’écoute d’un trait, se laissant porter par la musique et les mots de l’artiste. Pourquoi n’est-il pas question du mot « chanson »? Parce qu’il ne chante pas. Fabien répond bien à cette question dans son texte « Pourquoi », qui figure en troisième place sur l’album.

Fabien! J’ai appris que tu écris des textes poétiques pis que tu composes de la musique. C’est bon, mais… mais pourquoi tu ne chantes pas?

Pourquoi je chanterais? Parce que tout l’monde chante?

Voilà un aperçu du Poète Rebelle avec qui le Vingt55 a eu le plaisir de s’entretenir.

Fabien, ma première question est très personnelle : jusqu’à quel point tout ce qui se trouve dans ton recueil est-il issu de ta vie privée?

C’est très inspiré de ce que j’ai vécu. Est-ce totalement la vérité? Non, par moment, c’est romancé.

Quelque chose revient souvent dans tes textes : la perte et le retour des mots. Quelle est la signification de ce retour constant entre les deux?

C’est un peu le reflet des moments de ma vie où je me suis perdu. Je me suis perdu et je perdais les mots en même temps. Comme je parle de consommation, dans le livre, il faut comprendre que quand on consomme, on perd les mots, il y a comme un appauvrissement du langage qui se fait. Pourquoi je parle que je retrouve les mots?  J’ai consommé pendant quelques années et quand j’ai arrêté, tout d’un coup, je réalisais : « Hein? Mon français revient ». Les mots que j’avais oubliés reviennent, les expressions reviennent. Je suis aussi allé en thérapie et l’intervenant nous parlait de l’appauvrissement du langage en état de consommation.

Est-ce que cela touche tout le monde qui consomme?

L’intervenant qui nous donnait des formations tous les matins disait que c’était le cas de tout le monde qui a des problèmes de consommation. Je constate aussi par moi-même que lorsque quelqu’un arrête de consommer depuis un certain nombre d’années, il y a une amélioration de son langage.

On ne peut passer sous silence le fait que le personnage du recueil, le Poète Rebelle, qui nous porte d’un thème à l’autre, a déjà consommé. Quel serait le message de ce recueil sur la consommation?

Le message que je passerais par rapport à la consommation est qu’il est possible d’arrêter, qu’il est possible de vivre sans consommer. Ce que j’en comprends aujourd’hui, c’est qu’on gèle ce qu’on ne veut pas voir, ce qu’on a de la misère à accepter, qu’on gèle notre misère à « dealer » avec nos émotions. À accepter la vie telle qu’elle est, ou sa situation telle qu’elle est. On pense qu’en consommant, on devient plus fort… Au début, c’est pour le plaisir, mais à un moment donné, c’est plus le fun. Donc, de geler ce qui ne fait pas mon affaire ou ce que je ne veux pas voir ne fait que retarder le moment où je vais le voir. Je ne fais que m’enfouir davantage. Mon message, c’est que lorsque tu arrêtes, que tu acceptes la réalité telle qu’elle est, tu acceptes de vivre toutes tes émotions, qu’elles ne sont pas moins bonnes. C’est possible de s’en sortir et c’est vraiment au-delà de tes rêves les plus fous, après.

Quels sont tes rêves à toi?

Pour moi, écrire était un rêve d’enfance. Un jour je savais que j’écrirais un livre, je ne savais pas quoi, mais c’était clair pour moi. La consommation m’empêchait de faire mon projet. Quand j’ai arrêté, je me suis mis à écrire. J’ai écrit cinq spectacles différents! Je me suis mis à écrire à profusion. Lorsque je dis « au-delà de tes rêves les plus fous », quand tu arrêtes de consommer, c’est que moi, j’ai suivi trois ans de cours de piano classique, plus jeune, mais la prof me disait que je n’avais pas d’oreille. Alors quand la COVID est arrivée, avec l’abstinence et le rétablissement, j’ai médité et ça me disait : « Fabien, va donc t’acheter un piano et essaie de composer. »

Après les textes, il t’est donc apparu naturel de produire un album pour donner une autre vie à tes textes?

L’album, j’appelle ça un cadeau de rétablissement. Un rêve inespéré auquel je ne m’attendais pas dans la vie. Ce n’était pas prévu à mon cheminement que je compose un album de musique. Le producteur chez qui je me suis retrouvé, c’est un pianiste professionnel qui a enregistré la plupart des albums de Mario Pelchat, de Nicolas Ciccone… Me ramasser dans le même studio que ce monde-là… Wow!

Alors quand tu parles d’un gars qui se gelait, ne voulait plus vivre, perdait son langage et ses mots, était un peu dans la noirceur, puis qui arrête de consommer, se rétablit, vit ses rêves, retrouve son français, ses mots, publie un livre, enregistre un album… Tu vois le message de rétablissement?

Il se passe quelque chose quand tu arrêtes de consommer.

Dans tes textes, on constate que le Poète Rebelle va beaucoup dans les excès : l’amour, le désir, la passion, la sexualité, la drogue… Quel rapport as-tu avec l’excès?

Je suis un passionné. Quand j’embarque, j’y vais à fond. Soit j’embarque, soit je n’embarque pas. Je ne te dis pas que c’est bon d’aller tout le temps dans l’excès, mais j’ai probablement eu besoin d’y aller pour comprendre des choses, apprendre. Tu vois, aujourd’hui, j’essaie d’aller moins dans l’excès. Avec le rétablissement, j’apprends davantage à respecter mes limites.

En te lisant, on se retrouve comme dans un film où le personnage s’adresse au public, tu nous parles au « nous » et on sent que ce nous est très important. Ensuite, on le suit dans sa vie. Nous sommes témoins de divers pans de sa vie. Comment en es-tu arrivé à placer tes textes dans cet ordre ?

Quand j’ai su que la maison d’édition TNT voulait me publier, j’ai placé tous mes textes parterre, dans mon salon, j’ai essayé de les mettre dans l’ordre dans lequel je les ai vécus, ou dans l’ordre dans lequel je les ai écrits.

C’est lié. Je vois le fil conducteur du personnage à travers les textes. Comment as-tu rencontré l’éditeur qui a accepté de publier ton recueil ?

J’ai traversé ma peur. Moi, souvent, mon bonheur se trouve de l’autre côté de la peur. C’est hyper important comme message de rétablissement : le bonheur se trouve de l’autre côté de ma peur. Quand je traverse mes peurs, il se passe quelque chose de beau, et je le sais, mais parfois, je m’empêche de vivre quelque chose à cause de ma peur. Donc, quand je traverse cette peur, il se passe quelque chose. Je t’explique.

J’ai été invité à performer dans un spectacle de talent pour une fraternité. J’avais envoyé une démo, mais je ne voulais plus y aller. Or, au dernier moment, j’ai décidé de vaincre ma peur et d’y aller. J’ai fait mes deux trucs, qui ont été super appréciés par le public dans la salle. Il y avait un écrivain publié par TNT qui m’a dit : « C’est écœurant ce que tu fais, où puis-je voir ce que tu fais? » Je l’ai référé à mon YouTube. Il m’a dit que je devais être publié et m’a demandé d’envoyer mes textes à son éditeur et de lui dire que c’est lui qui nous mettait en contact.

Wow! Bravo! Qu’est-ce qui t’apparaît comme étant le plus important dans ce recueil et cet album?

De cheminer. Mon cheminement. De cheminer au travers de la création. Dès que j’arrête de consommer, je redeviens un artiste. Il n’y a pas de création quand je consomme.

Quel a été ton plus grand cheminement?

D’arrêter de me raconter des histoires.

Mettre mes émotions moins bonnes sur papier m’a permis de me rendre compte de ma réalité telle qu’elle est. Quand je les mets sur papier, j’arrête de me raconter des histoires. Ça me permet de me rendre compte qu’il y a des choses que je veux changer et améliorer. On est tous des êtres humains en évolution. Il n’y a personne de parfait, moi le premier.

Je me rends compte qu’à travers la création et les années, il y a eu une évolution. Je sais que je ne suis pas la même personne qu’il y a cinq ans, dix ans. Pourquoi je te dis ça? Parce que je travaille les douze étapes dans des groupes de rétablissement. Je les ai faites à plusieurs reprises; je regarde les réponses que j’écrivais, les premières fois que j’ai travaillé ces étapes, et je les compare avec mes réponses de la deuxième, troisième fois où j’ai repris le travail sur ces douze étapes… Je ne te dirais pas que je suis gêné de mes premières réponses, parce que c’était ce que je vivais et c’est ce que j’ai écrit, mais il y a un peu plus de profondeur et je vois qu’il y a eu une évolution dans mon écriture. Je vois que j’ai grandi à travers ça.

Mon passé n’est pas un lieu de résidence, mais de référence. Je sais que lorsque je suis ici, dans le moment présent, et en harmonie avec ce qui m’entoure, je suis bien. Et je suis tout le temps bien quand je suis dans le moment présent.

Je suis heureux d’avoir fait la paix avec mon passé pour mieux vivre au présent.

Fabien, merci de nous faire prendre conscience de toutes ces belles choses et de nous partager des choses si intimes dans ce recueil et sur ton album!

Pour assister au double lancement de l’artiste, à Montréal, rendez-vous le 20 octobre à 17 h au Tambour Sainte-Catherine, situé au 4264 rue Sainte-Catherine Est, Montréal, QC H1V 1X6.

Pour voir Fabien, le Poète Rebelle en performance, les billets seront très bientôt en vente pour la salle Claude-Léveillée de la Place-des-Arts de Montréal, le samedi 29 juin 2024.  

Il est possible de vous procurer le recueil PENSÉES DÉSHABILLÉES de Fabien, le Poète Rebelle, via le site des Éditions TNT : https://editionstnt.com/produit/pensees-dehabillees/?fbclid=IwAR25att72oS9nLFYbx1QRigICVtSj2iR4_Zmki5ZQI1jMukYXpuyIn4RXzA

L’album MISE À NU est actuellement disponible auprès de l’artiste :

https://www.facebook.com/LePoeteRebelle 

https://www.instagram.com/le_poete_rebelle?fbclid=IwAR0KkWJBOyihNPbqKBdS5eqFM_s2YAb6LiqtyASocyMfuzejNRQyk46uZ3U

Puis sur diverses plateformes d’écoute de musique en ligne. Par contre, en vous procurant l’album, vous aurez droit à l’intégralité des treize pièces, tandis qu’en ligne, seulement douze sont accessibles. Voici les principales plateformes d’écoute pour MISE À NU : https://push.fm/fl/v29hpggy?fbclid=IwAR16miI4T_XAELkWFBoE7emJRZflrSAjaUwY2ex-23xEai-874v9IuXwZYE

Pour suivre l’artiste sur sa chaîne YouTube: https://www.youtube.com/@FabienLePoeteRebelle