DRUMMONDVILLE
Marina Bonard : une sentence d’emprisonnement à perpétuité pour le meurtre de son père à Drummondville © Image vidéo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Le Vingt55 a assisté à la comparution. Marina Bonard, 38 ans, est arrivée en fin d’avant-midi afin de présenter un plaidoyer de culpabilité devant le tribunal pour le meurtre de son père.
Le nouveau plaidoyer fait suite à des discussions présentées devant l’honorable juge Éliane B. Perreault, entre la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith, et l’avocate en défense, Me Catherine Levasseur, qui devaient statuer sur leurs positions respectives en vue du procès, initialement prévu le 2 août.
Un rappel des faits
Selon les informations obtenues par le Vingt55 lors des événements, l’accusée aurait passé près de 72 heures avec le corps de son père dans la résidence avant d’être arrêtée par les policiers de la Sûreté du Québec. Le cadavre avait été découvert le lundi matin, l’enquête établissant que le meurtre aurait eu lieu le vendredi 19 juillet 2019.
La procureure de la Couronne a résumé les faits ainsi en cour :
Constatant que leur voisin n’était plus visible, plusieurs dames du voisinage se sont réunies pour en discuter. L’une d’elles s’est déplacée à la résidence de M. Bonard, où la fille de ce dernier lui a ouvert la porte et l’a laissée entrer. En faisant le tour des pièces, Marina Bonard aurait intimé à la voisine de ne pas ouvrir une porte en particulier, avant de la menacer avec un couteau . « La voisine quitte rapidement la résidence et contacte les policiers », avons-nous pu entendre en cours.
Un policier est entré en contact avec Marina Bonard, lui demandant de sortir de la maison pour discuter avec lui. Cette dernière lui a répondu : « Je sais pourquoi vous êtes là, je sais ce que vous allez trouver, c’était de la légitime défense. » a tanté de faire valoir cette dernière afin de justifier son crime.
C’est néanmoins dans les minutes suivantes que les policiers ont pu entrer dans la maison, constater qu’il y avait du sang et des produits nettoyants dans la cuisine, puis localiser le corps de l’homme de 76 ans.
Au centre de l’enquête du coroner, Yvon Garneau, et de la Sûreté du Québec, une imposante lettre écrite à la main et placée devant la porte d’entrée de la résidence de la victime avait permis, entre autres, de déposer des accusations contre l’accusée, Marina Bonard. Cette imposante « directive » avait été découverte à l’arrivée des policiers à la résidence de la victime.
Une scène de crime qui ne laisse aucun doute sur la violence des gestes, a par ailleurs relaté la procureure de la Couronne, lors de l’exposé des faits.
Un changement de plaidoyer, une sentence et un verdict à la suite d’une suggestion commune
À la faveur des négociations entre l’accusée, son avocate et la Couronne, Marina Bonard a plaidé coupable au chef d’accusation tel que porté en 2019, soit de meurtre au deuxième degré de son père, Jean Bonnard, ce qui met donc fin au procès et à l’attente de la famille.
La famille a assisté à la comparution et au prononcé de la sentence
« Malgré des délais très longs pour la famille, nous sommes satisfaits de pouvoir aujourd’hui tourner la page », a exprimé la nièce de la victime, présente au palais de justice. D’autres membres de la famille assistaient également en visioconférence à la comparution et au prononcé de la sentence. C’est visiblement émue que la nièce s’est brièvement adressée aux procureures, à la sortie du tribunal.
L’accusée admet et reconnaît les faits
Souffrant du spectre de l’autisme, Marina Bonard a, du banc des accusés, reconnu les faits. Sans émotion, celle-ci a admis que cette situation est « impardonnable et pas facile », a-t-elle livré après avoir enregistré son plaidoyer de culpabilité, admettant les faits reprochés et assurant le tribunal qu’elle comprend les conséquences de son plaidoyer de culpabilité.
Un membre de la famille livre un vibrant témoignage au nom de la famille et s’adresse à l’accusée
« Jean était un bon mari, un bon père, un frère et un oncle très apprécié, sa mort violente a été foudroyante, pour notre famille. Le caractère absurde de ce drame nous a plongés dans un état de colère et d’injustice insupportable », a exprimé la cousine de l’accusée et nièce de la victime, en s’adressant autant au tribunal qu’à l’accusée. Il est très difficile d’accepter une telle tragédie, surtout quand elle implique un autre membre de la famille, sa fille Marina », a-t-elle exprimé au nom de la famille avec émotion. Ainsi, Mme Pelletier s’est adressée à Marina. « Nous ne savons si tu as un certain repenti, mais le mal est fait, tu as enlevé la vie et ton père nous manquera pour toujours. Aujourd’hui, nous demandons que justice soit faite afin que tu ne reproduises pas un geste pareil et que nous puissions enfin tourner la page et faire notre deuil », a conclu la nièce de M. Bonard au nom de la famille.
« C’est avec beaucoup d’incompréhension sur la situation que nous vivons tout ça », a affirmé Mme Pelleter, la nièce de M. Bonard, au Vingt55 : « Rien ne ramènera mon oncle, Jean. Il me manque et à ses proches et sa famille. La sentence d’aujourd’hui nous permettra de faire notre deuil et tourner la page », a-t-elle mentionné à la sortie du tribunal à la suite du prononcé de la sentence. « Nous ne comprendrons jamais ce qui l’a poussée à commettre ce geste », a confié au Vingt55 la nièce, toujours émue à la sortie du tribunal. « Malgré les délais, les procureures et la juge ont rendu justice et effectuent un travail remarquable, bien qu’aucune justice ni sentence ne nous ramènera Jean, mais, nous pourrons tourner la page », a-t-elle conclu.
Marina Bonard : une sentence d’emprisonnement à perpétuité pour le meurtre de son père à Drummondville © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Une sentence d’emprisonnement à perpétuité
La procureure de la Couronne a rappelé les facteurs aggravants et atténuants afin de sceller la sentence qui a été suggérée à la cour. « Le rapport de la psychiatre légiste, Marie-Michelle Boulanger, a été déposé le 15 septembre 2021. […] À propos de la responsabilité criminelle de l’accusée, […] nous avons considéré tous les principes des déterminations des peines du Code criminel, tout en coïncidant la gravité objective du meurtre au deuxième degré, punissable d’une sentence à perpétuité, tout en considérant la gravité objective pour la famille », a fait valoir la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith, rappelant que l’avocate en défense, Me Levasseur, avait également participé à cette évaluation sur la sentence, qui a été déposée devant le tribunal afin de statuer, essentiellement, sur la période d’éligibilité à une libération conditionnelle de l’accusée.
Après avoir relevé le résultat du rapport et soulevé la réalité du spectre de l’autisme de l’accusée parmi les facteurs atténuants, ainsi que l’absence d’antécédents, la procureure de la Couronne a rappelé au tribunal la gravité et la violence des gestes, alors qu’il a été permis d’apprendre que la victime est décédée des suites de 26 plaies causées par un couteau. Le passage à l’acte sans mobile véritable, la vulnérabilité de l’homme victime, l’absence de sentiments de culpabilité et de remords de l’accusée, l’animosité toujours exprimée par l’accusée à l’endroit de son père sont autant de facteurs aggravants, tout comme le degré de responsabilité de l’accusée, qui a tenté de dissimuler son crime par différents moyens, ont été pris en compte, ont convenu et exposé les procureures.
C’est en présence de son avocate, Me Catherine-Valérie Levasseur, et de la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith, que l’accusée a pris connaissance de la sentence qui lui a été imposée. L’accusée a accepté la sentence sans broncher. Celle-ci a tenu à affirmer qu’elle comprenait le mal qu’elle a fait, voulant rassurer le tribunal au passage qu’elle ne voudrait faire de mal à personne d’autre.
Un mobile nébuleux et inexpliqué, a rappelé l’honorable juge, au moment de rendre sa sentence
L’honorable juge Éliane B. Perreault a rapidement rendu sa décision et la sentence, rappelant le caractère particulier de cette affaire. Après un court délibéré, la juge a donc entériné la sentence telle que suggérée, soit une sentence à perpétuité assortie d’une possibilité de libération après 10 ans, à partir de la mise en accusation, rappelant que cette libération n’est pas garantie ni automatique. La magistrate a profité de l’occasion pour souligner le travail exhaustif et complet des procureures au dossier, ainsi que la collaboration de la famille et des différents intervenants.
La juge a également assorti la sentence d’emprisonnement à perpétuité de plusieurs conditions, comme l’interdiction d’avoir des armes prohibées ou toutes armes à perpétuité. Marina Bonard devra fournir un échantillon d’ADN. Le tribunal a également ordonné la destruction des éléments saisis au dossier.
Marina Bonard lors de son arrestation le 19 juillet 2019, à Drummondville © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.