Hopital Sainte-Croix de Drummondville © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Des infirmières et des infirmiers craignent les annonces que le CIUSSS MCQ s’apprête à faire. Des bris de service, des heures supplémentaires et un manque de personnel affaibliront les soins offerts aux usagers. La vague de démissions qui en découlera laisse craindre le pire, selon bon nombre d’infirmières et d’infirmiers, à Drummondville.

En effet, en 2022, le manque de planification adéquate, entre les capacités de répondre aux besoins et la main-d’œuvre, avait occasionné plusieurs bris de service, une situation qui inquiète à nouveau les employés. La situation semble vouloir se répéter, déplorent les employés au bout du rouleau rencontrés par le Vingt55.

« Nous risquons clairement de faire les frais d’une improvisation et de stratégies qui semblent planer à Drummondville. C’est un retour en arrière, nous étions déplacés sans préavis d’un service à l’autre, situation qui avait occasionné beaucoup de temps supplémentaire à l’époque. Les gestionnaires avaient même dû combler des postes faute de main-d’œuvre », rappelle une infirmière, qui craint de voir, cette fois, les démissions causer encore plus de tort et des bris de service.

Les infirmières disent non à la fusion des services et demandent un changement de cap et, des gestionnaires du CIUSSS/MCQ,

« Nous nous dirigeons clairement vers une diminution de la qualité des soins apportés aux usagers », affirme une autre infirmière qui a contacté le Vingt55, en début de journée samedi.

« Dans les dernières semaines, nous avons senti la fatigue et l’épuisement gagner les troupes sur chaque étage et dans chaque service. Pour plusieurs, la pression devient trop forte, le spectre d’un nouveau bris de service fait craindre le pire, même le désengagement. Nous avons des familles, des vies et nous voulons continuer d’offrir le meilleur aux usagers et aux patients. La gestion actuelle est invivable et intenable, les congés de maladie, sont de plus en plus nombreux, l’impact sur les soins et services est palpable et ceux et celles qui tentent de tenir le fort ne voient pas la lumière au bout du tunnel », ont fait valoir encore une fois les infirmières.

Entre mai et septembre 2022, une importante diminution du personnel en raison de congés de maladie et de départs à la retraite a affecté les services. « Nous en sommes bien conscientes, mais la pression et le manque d’organisation sont à l’origine des départs. La fatigue et l’épuisement aussi, tandis que le désengagement et le manque de valorisation de la profession et des différents services expliquent également la baisse, qui représente près du quart des infirmières, sinon plus du côté des infirmières auxiliaires, alors qu’un nombre important de préposés aux bénéficiaires ont délaissé les soins de santé et leurs postes.

« Les fusions proposées ne sont pas des options viables et, qui plus est, risquent d’affaiblir encore plus le réseau et les services offerts aux usagers », croit une infirmière. « En rotation aux trois semaines pour remplir des tâches et fonctions qui, pour bon nombre d’entre nous, sont nouvelles ou en dehors de nos champs de compétence, c’est non seulement une perte de temps mais d’énergie. Le temps d’être en mesure d’être efficace et d’offrir des soins et services adéquats, les semaines et les mois passeront, l’épuisement gagnera assurément de plus en plus d’infirmiers et infirmières. La tâche ne fera que s’alourdir, le découragement se fait déjà sentir, l’épuisement aussi. L’effort et l’aide passent obligatoirement par des embauches massives, une amélioration des conditions et une valorisation du travail, et surtout une meilleure organisation de la direction et du CIUSSS », croit l’infirmière qui, après des années d’efforts, craint de retourner à la case départ.

Certains services seraient épargnés par les nouvelles annonces

Selon les informations qui émanent du personnel et qui ont été transmises au Vingt55, le réseau local de services de santé et de services sociaux, soit les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, ne sera pas touché pour l’instant par les mesures qui seront annoncées par le CIUSSS MCQ. Cependant, tous les secteurs où les gens ne travaillent pas les fins de semaine seront fusionnés avec d’autres qui offrent le service de 24/7 avec plus ou moins la même vocation. Pour donner un exemple, disons que les « suivis cognitifs » seront fusionnés avec les unités du Centre Frederick-George-Heriot.

La direction du CIUSSS Mauricie et Centre-du-Québec a réitéré, de son côté, la semaine dernière, la nécessité d’imposer les weekends de travail aux infirmières pour continuer à offrir des soins en demandant la solidarité des équipes en place, malgré leurs signes évidents d’épuisement et de désaccord avec la nouvelle mesure imposée par la direction du CIUSSS MCQ.

Le Tribunal administratif du travail) prend position en effet dans une décision rendue aujourd’hui, le Tribunal administratif du travail, ordonne à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec de cesser d’encourager ses membres à démissionner et, ordonne à tous les employés de demeurer en poste et déclarent également illégales les actions prises par ceux-ci, affirment que les actions pouvaient être préjudiciable pour la population. Le syndicat a pour sa part annoncé vouloir tenir une manifestation devant l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville demain dimanche 26 mars de midi à 14h comme prévu.

La situation se corse et devient de plus en plus tendue entre les infirmières et les infirmiers du CIUSSS MCQ qui manifesteront demain, dimanche, à Drummondville.

Les soins et services en hébergement, aux urgences et dans les unités de soins, sont déjà affectés par le manque de personnel. Considérant les départs des derniers mois, « la situation ne fera que s’aggraver, craint une infirmière qui compte plus de vingt ans de métier.

Former ceux qui devront jouer à la chaise musicale est une tâche colossale et, en ce moment, cette stratégie n’est pas favorisée sur les étages.

Les réaffectations risquent et auront assurément des impacts majeurs sur la qualité des services qui seront offerts et sur le moral des infirmiers et infirmières, ce qui risque d’occasionner une vague de départs et de démissions, c’est écrit dans le ciel et très prévisible », assure l’infirmière, qui a signé la pétition circulant sur les étages.