Québec annonce une offensive comprenant une formation accélérée payée pour le secteur de la construction

Québec annonce une offensive comprenant une formation accélérée payée pour le secteur de la construction
Québec annonce une offensive comprenant une formation accélérée payée pour le secteur de la construction @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le gouvernement du Québec lance une offensive de formation en construction visant à former entre 4000 et 5000 personnes additionnelles pour qu’elles occupent des métiers en forte demande sur les chantiers, soit ceux de charpentier-menuisier, d’opérateur de pelles, d’opérateur d’équipement lourd, de ferblantier, de frigoriste, d’électricien et de tuyauteur.

C’est ce qu’ont annoncé le premier ministre du Québec, François Legault, la ministre de l’Emploi et ministre responsable de la région de la Côte-Nord, Kateri Champagne Jourdain, le ministre de l’Éducation et ministre responsable de la région de la Chaudière-Appalaches, Bernard Drainville, et le ministre du Travail et ministre responsable de la région de la Mauricie, de la région de l’Abitibi-Témiscamingue et de la région du Nord-du-Québec, Jean Boulet.

Quatre nouvelles formations de courte durée

Des formations de courte durée (attestations d’études professionnelles), allant de quatre à six mois, pour devenir charpentier-menuisier ou charpentière-menuisière, opérateur ou opératrice de pelles, opérateur ou opératrice d’équipement lourd, ferblantier ou ferblantière ainsi que frigoriste, ont ainsi été créées. Un soutien de 750 $ par semaine sera offert aux étudiants et étudiantes durant leur parcours. Il s’agit d’une mesure exceptionnelle et ponctuelle.

Les personnes qui ne sont plus aux études depuis au moins un an et qui respectent les conditions générales d’admission des programmes d’études menant à ces métiers peuvent s’inscrire dès maintenant, en ligne. Les formations débuteront dès janvier 2024. Il sera possible de s’inscrire jusqu’au 15 décembre prochain.

Un effort supplémentaire pour les programmes d’études menant au DEP

Les personnes qui s’inscriront, d’ici le 15 décembre 2023, à un programme menant à un diplôme d’études professionnelles (DEP) pour devenir charpentier-menuisier ou charpentière-menuisière, opérateur ou opératrice de pelles, opérateur ou opératrice d’équipement lourd, ferblantier ou ferblantière ainsi que frigoriste pourraient obtenir, sous certaines conditions, une bourse allant de 9 000 $ à 15 000 $ dès leur diplomation. Il en va de même pour celles qui entreprendront ces mêmes formations en novembre et décembre 2023.

De plus, la capacité d’accueil du DEP Électricité et celui de Plomberie et chauffage, deux formations dans lesquelles il y a actuellement des listes d’attente, sera également augmentée dès janvier.

Un investissement de 300 M$ est prévu pour réaliser cette offensive.

« Je suis très fier d’annoncer cette grande offensive de formation en construction. On a des projets ambitieux pour répondre aux besoins des Québécois, comme les logements, les écoles et les infrastructures sportives, et ça prend du monde pour construire tout ça. Si on veut réduire le déficit de main-d’œuvre avec des travailleuses et travailleurs qualifiés, on doit passer par la formation et la rendre plus attractive précise François Legault, premier ministre du Québec, On veut augmenter le nombre de personnes formées et leur offrir des formations courtes pour qu’elles soient prêtes à entrer sur les chantiers dès l’été 2024. Ça représente un investissement important de 300 M$. On a déjà réussi à amener du renfort en santé, et j’ai confiance qu’on pourra répéter cette réussite en construction. On aura plus de professionnelles et professionnels qualifiés pour faire lever les projets dont le Québec a besoin! »

Un programme attrayant, mais une réflexion en profondeur sur les programmes de formation est urgente

« L’Offensive formation en construction nous apparaît comme une mesure qui permettra un meilleur accès à l’industrie pour toutes et tous, notamment les personnes qui souhaitent une réorientation de carrière, mais qui n’ont pas le luxe de se permettre un temps d’arrêt non rémunéré », soutient Isabelle Demers, vice-présidente développement stratégique, affaires publiques et innovation à l’APCHQ.

Les programmes actuels de formation en centres professionnels peuvent être moins attrayants pour des travailleurs et travailleuses manuels moins enclins à s’asseoir sur les bancs d’école.

« Jamais, au cours des cinq dernières années, les programmes de formation professionnelle associés aux métiers de la construction n’ont formé un nombre aussi faible de diplômés. À l’inverse, les programmes d’alternance travail-études connaissent un succès notoire depuis un an au Québec.  Il y en a encore peu, mais l’industrie au complet, y compris les syndicats, veut pousser dans cette voie.  À notre avis, en plus de l’Offensive formation en construction, une révision des programmes, y compris pour les métiers visés par les AEP temporaires, est urgente », conclut madame Demers.

Formations incomplètes en construction – Tourner les coins ronds n’est pas la solution, selon la FSE-CSQ

« Avec les mesures annoncées aujourd’hui et le message sur les formations incomplètes lancé par le gouvernement, on est en droit de se demander quel avenir auront les formations déjà en place, reconnues et enseignées dans les centres de formation professionnelle. Allons-nous faire comme avec les préposés aux bénéficiaires et vider les cohortes d’élèves qui auraient suivi des formations complètes pour les pousser vers des demi-formations? Le gouvernement est malheureusement encore et toujours séduit par cette même formule à courte vue de réduction majeure de la durée des formations, qui abaisse la barre de la qualité pour répondre aux besoins immédiats du marché. Quelles qu’elles soient, les formations écourtées ne sont pas une solution viable si nous voulons maintenir la qualité de la formation des travailleuses et travailleurs québécois », a fait savoir la présidente de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini.

Pourtant, si les enseignantes et enseignants de la formation professionnelle avaient été consultés par un gouvernement qui se serait mis sur le mode écoute, ceux-ci auraient probablement suggéré d’autres options plus payantes à terme pour augmenter le nombre de personnes diplômées. Par ailleurs, l’amélioration des conditions de travail des enseignants de la formation professionnelle permettrait d’en attirer un plus grand nombre, ce qui faciliterait le démarrage des cohortes et l’encadrement des élèves.

Rappelons que les personnes qui manquent de formation souffrent d’une faible mobilité dans leur métier et ont plus de chance de le quitter, ce qui accentue la pénurie, et ce, dans tous les domaines concernés.

Éric Beaupré
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