En huit épisodes de vingt minutes chacun, l’équipe d’animation, composée de Schelby Jean-Baptiste (Unité 9, L’échappée), de Keithy Antoine (Je voudrais qu’on m’efface) et d’Irdens Exantus (La Maison-Bleue, L’échappée), explore différents mythes et tabous concernant les communautés noires et multiethniques afin de les déboulonner, mais aussi d’éduquer la population avec intelligence, humour et bienveillance.

Que pourrons-nous déconstruire dans cette deuxième saison?

D’abord, le vaudou. Cela requiert-il vraiment une poupée que l’on pique avec des épingles pour faire ce que l’on veut de la personne concernée? Eh bien… la réponse est non! À vous de découvrir ce qu’il en est réellement de la culture du vaudou et des croyances haïtiennes dans le premier épisode de la deuxième saison.

Nous sommes ensuite transportés au cœur de questionnements et de thématiques fort intéressants, portées par la voix des principales personnes concernées, soit les communautés noires et multiethniques : l’adoption interraciale, la discrimination médicale, l’homosexualité et le métissage dans les communautés noires, l’éducation à la sexualité, l’Amour Noir et, grand sujet de débats (surtout à Radio-Canada), l’utilisation du mot en N. Des invités de marque (les personnes concernées!) permettent d’approfondir la réflexion des sujets mis de l’avant dans cette série et les témoignages de chacun sont pertinents et justes.

Des épisodes à regarder en famille, ou en classe (pourquoi pas dans toutes les écoles secondaires de la province?), pour changer notre regard, assurément, mais aussi nous éduquer sur des réalités que nous connaissons peut-être moins, voire pas du tout. La force du concept de « Pa t’mentir » réside justement dans sa façon de susciter des discussions constructives pouvant se poursuivre dans notre salon une fois l’épisode terminé.

À l’occasion de la sortie de la deuxième saison sur l’Extra de TOU.TV, le Vingt55 a rencontré Schelby Jean-Baptiste, idéatrice, autrice et animatrice de « Pa t’mentir ».

D’où est né le projet « Pa t’mentir »?

C’est moi qui ai eu l’idée et je l’ai développée par la suite avec Simone Béatrice Gravel [NDLR : journaliste, scénariste et recherchiste]. Cette idée, je l’ai eue en 2019 et lorsqu’il y a eu, malheureusement, la tragique mort de George Floyd, c’est comme devenu une évidence qu’il fallait absolument le faire. On a contacté la boîte de production Trio Orange, qui a embarqué, puis TOU.TV. Dans les cinq dernières années, on a vu et vécu beaucoup de tensions en lien avec la diversité. Je me demandais comment avoir ces discussions difficiles dans la bienveillance et l’ouverture, avec une volonté d’avancer. C’est de là qu’est né « Pa t’mentir ».

Participes-tu à la création du contenu de chacun des épisodes?

Oui, j’en suis l’idéatrice, j’écris et j’anime.

C’est donc toi qui amènes les thématiques?

Je demande toujours l’avis de mes deux coanimateurs, Keithy Antoine et Irdens Exantus, avant de développer un sujet. On a une quête dans chaque épisode et je dois m’assurer qu’ils sont à l’aise avec le sujet. S’ils sont d’accord, on continue, et je leur demande ce qu’ils ont envie d’apprendre sur ce sujet-là, à quel point ils sont à l’aise de se livrer, puis on part.

Je présume qu’on se questionne sur ce qu’il est important d’amener comme point de vue éducatif au grand public afin de l’amener à déboulonner ses préjugés ou ses biais inconscients, par exemple?

Le but est aussi d’outiller tout le monde. On se rend compte, parfois, qu’on a envie d’avoir ce genre de discussion-là [dans la vie], mais on ne sait pas comment. On a peur d’être malhabile, on a peur de blesser, donc l’émission est comme une boîte à outils sur les questionnements que les gens peuvent avoir. On pose plein de questions que les gens peuvent reprendre en discussion. 20 minutes, c’est assez court, mais ça laisse la place à ouvrir le dialogue par la suite.

Les épisodes se prêtent bien au contexte scolaire, j’imagine?

On a eu quelques diffusions dans les écoles. Je pense que ça pourrait être un peu plus présent, mais jusqu’à maintenant, la réception est très agréable.

Vous parlez créole, à certains moments. Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer à utiliser une autre langue que le français?

Le titre, c’est « Pa t’mentir ». Donc, on n’est pas là pour se mentir, on est là pour être authentiques et nous, dans la vie de tous les jours, on se parle en français, en anglais et en créole. Pour nous, c’était vraiment important d’être authentiques, même quand on se livre sur des enjeux qui peuvent être délicats. C’est authentique, habité et représentatif de qui on est et de comment on vit.

Le titre, « Pa t’mentir », est-il créole?

« Pa t’mentir », c’est le slang créole montréalais, de l’expression « On ne va pas se mentir ».

Félicitations pour ce beau projet et merci pour cette charmante entrevue!

À propos de Schelby Jean-Baptiste

Interrogée sur ses projets en cours, Schelby était très heureuse de parler de la sortie prochaine, en novembre 2023, d’une série documentaire intitulée « Pourquoi tu restes? », pour la chaîne Télé-Québec. La série exposera « différentes techniques de manipulation utilisées par des manipulateurs et manipulatrices pour garder leur victime dans une relation toxique. On parle de violence conjugale et de ce qui mène à des dynamiques de violence conjugale », indique Schelby Jean-Baptiste, en entrevue au Vingt55.

Elle est également de la distribution de la série Fragments, de Serge Boucher, disponible intégralement depuis le 12 septembre sur l’Extra de TOU.TV.

Il semble n’y avoir que la scénarisation de fiction que Schelby n’a pas encore explorée… voilà un défi que nous lui souhaitons de relever un jour!

Pa t’mentir, deux saisons, seize épisodes disponibles sur l’Extra de TOU.TV.

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