Violence conjugale – Mission accomplie pour le film « Mon dernier jour » un court-métrage choc

Violence conjugale – Mission accomplie pour le film « Mon dernier jour » un court-métrage choc
Mon dernier jour, un court-métrage qui suscite des cris du cœur à Drummondville © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le court-métrage « Mon dernier jour », ayant pour thème la violence conjugale, nous atteint droit au cœur, c’est le moins qu’on puisse dire, particulièrement dans le contexte actuel, au Québec, où nous avons malheureusement connu une vague de féminicides sans précédent. Le sujet ne laisse décidément personne indifférent et ce fut le cas lors de la première présentation officielle, qui s’est déroulée au Cinéma Capitol.

 Mon dernier jour © Entrevue vidéo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Nancy Morin et toute l’équipe de production, notamment le jeu brillant des comédiens, frappent à la bonne place dans ce court-métrage qui traite de violence conjugale.

Annie Hamel, directrice du Cinéma Capitol, recevait sur le tapis rouge, samedi dernier, l’équipe de production, le réalisateur et les acteurs du court-métrage « Mon dernier jour ».  »Une première que je qualifierais d’unique et de jamais vue pour moi explique La directrice du Cinéma Capitol de Drummondville Annie Hamel en entrevue au Vingt55. ‘’Un court-métrage porteur d’un message clair et qui a porté ses fruits immédiatement après la projection! » ajoute-t-elle.

Ce court-métrage relate le dernier jour d’une jeune infirmière, Sofia, qui voit sa vie basculer alors que son conjoint perd son emploi en pleine pandémie de COVID-19. Ce film met en lumière une triste réalité qui a, de façon inattendue, trouvé écho parmi les spectatrices dans la salle. En effet, à la fin de la projection, deux Drummondvilloises ont lancé un cri du cœur qui a pris tout le monde par surprise, dans la salle. Une première a spontanément crié : « Mais comment on dénonce? Qu’est-ce qu’on fait quand ça nous arrive ? J’ai souffert 25 ans de ma vie dans le plus grand silence », a-t-elle crié, incapable de rester muette davantage, brisant le silence pour la première fois de sa vie, tandis que le film prenait fin.

Cette femme a par la suite révélé son vécu sous l’emprise d’un conjoint violent qui a bien failli lui enlever la vie à plusieurs reprises, a-t-elle par ailleurs confié aux personnes présente et en entrevue au Vingt55.

Ce cri du cœur a saisi l’ensemble de l’audience présente, tout comme les acteurs et l’équipe de production qui assistaient à la première du court-métrage au Cinéma Capitol. Il était impossible de ne pas être touché, ému et ébranlé par cette prise de parole spontanée.

« Ma vie a été un enfer et cauchemar, 25 ans de silence à souffrir sous l’emprise de mon mari violent, contrôlant et jaloux. » Ce cri du cœur a été suivi d’un autre appel à l’aide, alors qu’une autre femme assise dans l’audience a également senti le besoin de dénoncer et de décrier son histoire : « C’est exactement comme le film; certaines d’entre nous en meurent, qu’est-ce qu’on peut faire? », a-t-elle lancé à son tour sous les regards attentifs de la foule.

Un membre de l’équipe de production a également pris la parole pour dénoncer des agressions subies. En résumé, les personnes ayant pris la parole sur place, à la fin de la projection du court-métrage, ont indiqué que les familles et les enfants se retrouvent tous prisonniers de ces histoires. Une autre personne a souligné que de telles agressions avaient eu des répercussions importantes sur sa vie.

La productrice et l’équipe touchée et émue d’un tel impact

La vie de la comédienne qui incarne Sofia dans « Mon dernier jour », Mélanie Dumais, a aussi été bouleversée par ce court-métrage de 13 minutes. Incarner Sofia l’a touchée, secouée et a changé sa vie, entre autres parce qu’elle a déjà été victime de violence conjugale.

La productrice, Nancy Morin, ayant elle-même frôlé la mort à cause de la violence conjugale, était aussi secouée et émue par les dénonciations et les messages à l’aide des deux femmes et d’un membre de son équipe. Elle a rappelé l’importance de dénoncer avant qu’il ne soit trop tard.

« La mort d’une victime est une mort de trop, la mort se vit dans le silence d’une vie et c’est une voix qui ne sera jamais entendue », a-t-elle ajouté. Même bien vivantes, certaines femmes craignent la mort chaque jour, terrées dans le silence. »

Le réalisateur, Steve Robillard, a ajouté son savoir-faire, a expliqué la productrice. Il n’était pas question de tomber dans les clichés, le scénario est si près de la réalité que des membres de l’équipe ont eu de la difficulté à tourner certaines scènes, a confié M. Robillard.

La comédienne principale, Mélanie Dumais, a vécu un blackout à un certain moment du tournage tant la scène fatidique a été tournée avec un réalisme frappant, une réalité qu’elle connaît bien pour avoir été victime de violence conjugale, relatant avoir frôlé la mort dans une situation similaire. « Voilà entre autres pourquoi je me suis impliquée dans ce film : d’abord et avant tout pour que les femmes, les victimes, parlent. Il y a bien des étapes qui meurtrissent ces femmes avant de dénoncer. Les victimes de violence conjugale doivent parler, c’est là le début de la fin pour elles, mais il faut le faire. Cela paraît insurmontable quand nous le vivons et, pourtant, l’aide existe. »

« Le film est inspiré de ce que les gens vivent, a ajouté Mme Morin. L’isolement causé par le confinement est une réalité. Des couples heureux vivent de beaux moments et, soudainement, tout dérape alors que, souvent, les victimes, des femmes, n’auront jamais eu le temps ou le courage de dénoncer, coincées dans une nouvelle réalité, celle d’un contexte de violence conjugale. Aussi, trop souvent, pour les proches qui n’auront jamais vu venir un drame pourtant trop fréquent », insiste autant Mme Morin que M. Robillard.

La productrice et les comédiens souhaitaient que « Mon dernier jour » brise les tabous, et ce, sans clichés. Nous avons été témoins, après la première présentation, de l’importance et de l’impact du film. « D’avoir entendu les deux femmes s’ouvrir sur leur passé et parler pour dénoncer, nous pouvons dire mission accomplie », résume Nancy Morin.

« C’est ça, la réalité, ça porte à réfléchir et à parler, autant pour ces femmes, ou autant pour les femmes que les hommes. C’était ce que je souhaitais », a exprimé Mme Morin, touchée et émue d’avoir, dès la première projection du court-métrage, incité quelques femmes à prendre la parole pour la première fois quant à leur vécu.

 » Le court-métrage, pour ma fille et moi, nous a permis de savoir que nous ne sommes pas seules et qu’il y a des organismes pour nous aider; qu’on doit en parler et que ce n’est pas normal de subir cela. Avoir su ça avant, on aurait consulté pour nous aider à avancer  » explique Mélanie Moreau qui a assisté à la présentation

Le court-métrage prendra le grand écran d’assaut pour encore quelques semaines. Espérons que le message sera entendu et aura l’impact voulu auprès des victimes et des personnes coincées dans une relation de violence conjugale, ont exprimé l’équipe de production et les acteurs du film.

Éric Beaupré
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