Alcool au volant – Décès de Stéphanie Houle, le coroner Garneau fait deux recommandations

Alcool au volant – Décès de Stéphanie Houle, le coroner Garneau fait deux recommandations
Décès de Stéphanie Houle, le coroner Garneau recommande de réaliser et d'étudier la faisabilité d'abaisser le seuil limite d'alcool dans le sang de 0,08 mg/100 mL à 0,05 mg/100 mL @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le Bureau du coroner annonce le dépôt du rapport d’investigation du coroner Me Yvon Garneau portant sur le décès de Mme Stéphanie Houle, survenu le 1er octobre 2021, à la suite d’une collision routière alors que Mme Houle était passagère d’un véhicule qui circulait sur le chemin Hemming, à Drummondville.

La passagère du véhicule, Stéphanie Houle, 46 ans, avait succombé à ses blessures après que le véhicule à bord duquel elle se trouvait, et qui était conduit par Benoit Janvier, eut fait une violente embardée et plusieurs tonneaux, sur le chemin Hemming, à Drummondville.

Comme le rapportait le Vingt55 lors des tristes événements, c’est un peu avant 19 h 00, le 1er octobre 2021, face au 950, chemin Hemming, que Benoit Janvier circulait en direction sud au volant d’une Nissan Sentra, avec à son bord Stéphanie Houle, lorsqu’il a perdu la maîtrise du véhicule dans une courbe.

Une preuve accablante, une tragédie évitable, l’alcool au volant, la vitesse et la témérité du conducteur mis en cause.

L’accusé avait un peu plus du double de la limite permise par la loi dans le sang au moment de l’embardée. Celui-ci était demeuré incarcéré dans le véhicule avant d’être extirpé par l’équipe de désincarcération du service incendie de Drummondville. Les policiers avaient procédé à l’arrestation de l’accusé, qui était sorti sans blessure grave de l’accident. Stéphanie Houle, la passagère, qui venait de rencontrer l’accusé, n’a pas eu autant de chance et a perdu la vie, laissant également sa famille en deuil. L’accusé, au cours des procédures judiciaires auxquelles a assisté le Vingt55, a modifié son plaidoyer et a enregistré un plaidoyer de culpabilité devant l’honorable juge Gilles Lafrenière, en août 2023, en raison des preuves accablantes présentées par la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith.

Décès de Stéphanie Houle, le coroner Garneau recommande de réaliser et étudier la faisabilité d’abaisser le seuil limite d’alcool dans le sang de 0,08 mg/100 mL à 0,05 mg/100 mL @ Crédit vidéo archive Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Le coroner Garneau aborde la question des recommandations concernant la réduction de la limite légale d’alcool dans le sang autorisée au volant, suggérant de la faire passer de 0,08 à 0,05

Dans son rapport obtenu par le Ving55, le coroner Yvon Garneau indique notamment que des prélèvements sanguins, analysés au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal, ont révélé une alcoolémie de près de deux fois la limite légale pour le conducteur au moment de la perte de contrôle du véhicule. Son enquête a également démontré que certaines personnes ont pu être témoins de sa consommation d’alcool avant qu’il prenne le volant du véhicule avec Mme Houle comme passagère.

À la suite de son analyse complète des causes et des circonstances du décès, et dans le but d’améliorer la sécurité de tous les usagers de la route concernant les enjeux liés à la conduite d’un véhicule sous l’influence de l’alcool ou de drogues, ainsi qu’à la vitesse excessive, Me Garneau recommande deux choses:

D’abord, au ministère de la Sécurité publique du Québec, à la Société de l’assurance automobile du Québec, ainsi qu’à Éduc’alcool, de coordonner leurs efforts afin de mettre en place des activités de sensibilisation visant à rappeler au public l’importance de signaler aux policiers les conducteurs ayant ou semblant avoir les facultés affaiblies par l’alcool ou une drogue.

Ensuite, au ministère des Transports et de la Mobilité durable et à la Société de l’assurance automobile du Québec de réaliser dans les plus brefs délais leur analyse respective de la faisabilité d’abaisser le seuil limite d’alcool dans le sang de .08  à .05, ce qui nécessiterait une modification du Code de la sécurité routière en conséquence.

L’alcool au volant est un dossier qui aurait dû être davantage mis de l’avant lors du dépôt du Plan d’action en sécurité routière 2023-2024 déposé par la ministre Guilbault, en août dernier.

De l’avis de plusieurs intervenants, la vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable, Mme Geneviève Guilbault, aurait dû prendre cet aspect en compte dans le Plan d’action en sécurité routière 2023-2028, qui propose une approche inspirée de la Vision Zéro, un plan qui présentait 27 mesures pour réduire le nombre d’accidents, mais dans lequel l’alcool au volant avait été mis de côté.

À Drummondville, les interceptions et les arrestations en matière d’alcool au volant sont encore nombreuses et pratiquement quotidiennes, démontrant le peu d’impact des campagnes de prévention qui, de l’avis même des différents intervenants et magistrats dans nos palais de justice, semblent avoir perdu de leur efficacité devant le nombre important d’arrestations liées à l’alcool au volant, et ce, dans la MRC de Drummond seulement.

De l’avis de plusieurs intervenants, le Québec tarde à emboîter le pas efficacement, alors que les différentes campagnes de la SAAQ mises de l’avant ont démontré peu d’impact, au cours des dernières années, sur les statistiques, alors que l’alcool au volant figure encore parmi les causes les plus importantes de décès sur les routes du Québec, comme le démontrent les derniers bilans fournis par la Sûreté du Québec.

Le coroner Garneau insiste d’ailleurs dans son rapport pour rappeler que la preuve est faite quant à la diminution des accidents mortels depuis l’instauration d’une limite inférieure à 0,05 % ailleurs au Canada et dans le monde.

Contacté par Vingt55, le coroner Garneau confirme que chez nos voisins ontariens, entre autres, les mesures ont eu un impact positif sur la diminution du taux d’accidents liés à l’alcool au volant.

Des questions demeurent encore en suspens sur la responsabilisation citoyenne.

Comment se fait-il qu’aucune personne n’ait contacté les policiers (appel au 9-1-1) à la suite de l’observation de la conduite erratique et des comportements téméraires et négligents du conducteur en état d’ébriété qui a causé la mort de Mme Houle ?

Comment peut-on dissuader les personnes de conduire avec les facultés affaiblies par l’alcool et/ou une drogue et ainsi prévenir les tragédies routières ? questionne le Coroner Garneau, Une question d’ailleurs qui est couramment reprise par la juge Marie-Josée Ménard lors des mises en accusation et plaidoyers de culpabilité en matière de conduite avec facultés affaiblies à Drummondville en raison du peu d’efficacité des campagnes des dernières années

Décès de Stéphanie Houle, le coroner Garneau recommande de réaliser et d’étudier la faisabilité d’abaisser le seuil limite d’alcool dans le sang de 0,08 mg/100 mL à 0,05 mg/100 mL @ Crédit vidéo archive Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Benoit Janvier a été condamné à une peine de quatre ans et demi de pénitencier le 5 août dernier. @ Crédit vidéo archive Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Éric Beaupré
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