Injections autorisées de drogue chez les détenus à Drummondville : un geste illégal cautionné ? un non-sens aberrant

Injections autorisées de drogue chez les détenus à Drummondville : un geste illégal cautionné ? un non-sens aberrant
@ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le programme d’injection supervisée de drogue chez les détenus provoque des réactions fortes, tant chez les agents correctionnels que chez Mike Bolduc, président régional du Syndicat des agents correctionnels du Canada affilié à la CSN.

Les agents correctionnels de l’établissement de détention de Drummondville sont inquiets et dénoncent l’ouverture d’un service d’injection supervisée, tandis que le Service correctionnel du Canada (SCC) a mis en place le Service de prévention des surdoses (SPS) depuis quelques jours à Drummondville.

La consommation de drogues illégales, qui entrent de manière clandestine par drone, par des passeurs ou par tout autre moyen au pénitencier, devra être tolérée par les agents correctionnels, un non-sens dénoncé par le président régional du Syndicat des Agents Correctionnels du Canada-CSN, Mike Bolduc.

De son côté le Service correctionnel du Canada (SCC) définit et présente le Service de prévention des surdoses (SPS) comme une forme de traitement médical,

Ainsi, les détenus ayant accès au programme sont traités comme des patients. L’objectif du Service de prévention des surdoses, présenté par le Service correctionnel du Canada, est de prévenir les décès dus à des surdoses. Les injections et la consommation sont effectuées en présence de professionnels de la santé qui doivent intervenir en cas d’urgence médicale ou de surdose du détenu inscrit dans ce programme.

Depuis lundi, l’établissement de Drummondville offre aux détenus inscrits au programme la possibilité de consommer des drogues de manière illégale, en toute tranquillité et sous la supervision d’un agent correctionnel présent pour faire respecter la loi.

Cette approche est considérée comme un non-sens par les agents du milieu carcéral et par Mike Bolduc. « Il faut comprendre et surtout réaliser que la majorité des détenus du centre de détention sont incarcérés pour des crimes liés à la consommation », fait valoir Mike Bolduc en entrevue au Vingt55. « Il n’y a aucune logique dans ce programme qui n’a même pas une vocation thérapeutique. Un détenu inscrit pourrait passer tout son temps sous l’influence des drogues pour purger sa peine », s’indigne M. Bolduc.

Le programme laisse également place à plusieurs aberrations. comme l’a appris le Vingt55 auprès de représentants du milieu carcéral, un détenu pourrait ainsi prendre de la drogue livrée par drone, obtenue illégalement et présentant un risque grave pour sa santé.

« Les efforts pour empêcher les livraisons de drogue par drone sont déployés partout au pays », confirme M. Bolduc. « Les agents correctionnels n’ont clairement aucun contrôle sur la qualité de ce qui est livré, et le détenu bénéficie d’une immunité dès son inscription au programme. Il peut se rendre jusqu’au lieu de consommation prévu par le gouvernement sans être fouillé », ajoute-t-il.

« Le droit des détenus prévaut sur le gros bon sens et la sécurité des autres détenus et employés », déplore M. Bolduc. Aucun budget n’accompagne cette mesure, qui pourrait viser une mesure d’atténuation ou de contrôle de la consommation. Au contraire, cette mesure permet théoriquement à un détenu de passer sa sentence sous l’influence de drogue.

De plus, le service d’échange de seringues vise à limiter la propagation des maladies infectieuses et à réduire le risque d’infections parmi les détenus, représente un problème et enjeu de sécurité et risque tant pour les autres détenus que pour le personnel en service

Le programme d’échange de seringues est tout aussi discutable. Le président régional du Syndicat des agents correctionnels soulève les risques associés : « Nos agents font des fouilles régulières parmi les détenus pour enrayer la possession de seringues ou d’objets représentant un risque. Un détenu pourrait obtenir une seringue sous ce programme et la refiler à un autre, un contrôle très difficile qui risque de permettre la prolifération de maladies infectieuses dans le milieu carcéral. »

Les seringues ainsi mises en circulation dans le milieu carcéral représentent un risque de devenir des armes utilisées contre d’autres détenus et les agents. Il est facile d’imaginer que le contrôle sera très difficile et que les détenus pourraient trouver d’autres utilisations que celle de s’injecter des drogues.

Selon les informations obtenues et confirmées au Vingt55, le taux de participation au programme est faible. « Cautionner l’utilisation de drogue obtenue illégalement envoie le mauvais message, tant aux détenus qu’à ceux qui en assurent la livraison », lance M. Bolduc. « Quel message envoyons-nous aux victimes des gens en détention, souvent incarcérés pour des problèmes liés à la consommation de ces drogues ? Les tribunaux rappellent que les détenus doivent s’abstenir de consommer des drogues, mais en prison, ils peuvent impunément se promener et consommer leur dose sous le regard d’un agent correctionnel. Cela retire aux agents la capacité de faire respecter les lois », de confirme m Bolduc inquiet des mesures qui retirent de plus en plus de pouvoir aux agents correctionnels.

Un risque important demeure pour la santé et la sécurité des détennus et agents correctionnels

 » Bien que le milieu soit supervisé par des médecins en cas de surdose liée à la consommation ou à la mauvaise qualité de ce que le détenu s’injectera, il demeure un risque important pour la santé et la sécurité du détenu », ajoute Rémi Bolduc, président régional du Syndicat des agents correctionnels du Canada, en conclusion d’une interview au Vingt55. Il voit les deux mesures être mises en place sans considération pour la sécurité des employés des milieux carcéraux, notamment à Drummondville, ainsi que pour l’ensemble des établissements sous la juridiction des agents correctionnels du Canada.

Le président régional du Syndicat des agents correctionnels du Canada, Rémi Bolduc, en conclut : « Ces mesures sont mises en place sans considération pour la sécurité des employés des milieux carcéraux, tant à Drummondville que pour l’ensemble des établissements sous la juridiction des agents correctionnels du Canada

Éric Beaupré
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