DRUMMONDVILLE

Fleuriste Bergeron © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
La fête comprenait des sacrifices et des offrandes au dieu, durant lesquels des jeunes hommes désignés d’office devaient rire aux éclats, puis courir dans toute la ville de Rome, armés de lanières de cuir. Les femmes qui désiraient avoir un enfant se présentaient pour être fouettées avec ces lanières, un rituel censé les rendre fécondes. La fête donnait ensuite lieu à des réjouissances prolongées qui dégénéraient souvent en orgie.
On conçoit qu’avec la conversion de l’Empire au christianisme, de telles festivités durent cesser. En 492, le pape Gélase Ier interdit la fête. Comme l’Église le faisait souvent dans ces cas-là, elle « christianisa » la célébration en la dédiant à un saint chrétien, en l’occurrence Saint Valentin de Rome, qui aurait été décapité en 269, devenant ainsi un martyr.
Ce n’est que des siècles plus tard, au XVe siècle, que l’on trouve une allusion à la Saint-Valentin comme jour où les amoureux choisissaient leur partenaire ou renouvelaient leur serment, en raison de la croyance selon laquelle février était la période où les oiseaux s’appariaient. En 1496, le pape Alexandre VI donna à ce saint le titre de « patron des amoureux ». Cela n’empêcha pas l’Église de condamner les fréquentations entre jeunes gens sous prétexte de cette fête.
Au XIXe siècle, le contenu religieux de la fête fut complètement évacué. Aux États-Unis, à la même époque, la Saint-Valentin se commercialisa. La vente des « cartes Saint-Valentin » se répandit, et les fleuristes suivirent le mouvement. Offrir des fleurs à une personne aimée étant une tradition ancienne, la Saint-Valentin, devenue la « fête des amoureux », offrait un prétexte idéal.
Au Québec, il fallut un peu plus de temps pour que la Saint-Valentin entre dans les mœurs. Selon l’historien Réjean Lemoine, souligner cette fête au Québec a déjà été « impensable ». Avant la Révolution tranquille, « il n’y avait pas de fête de l’amour, parce que ça représentait la mixité, le couple, et tranquillement, tu déclinais vers le péché. Le seul amour permis, c’était l’amour de Dieu », dit-il. « On célébrait la fidélité dans le mariage », ajoute-t-il, notamment lors des 30e, 40e ou 60e anniversaires de mariage.
Avec les années 1960, la Saint-Valentin fut importée, en même temps que bien d’autres influences états-uniennes. C’est à cette époque que Les Bel Air chantaient Cupidon. Le 14 février devint alors une journée florissante pour le commerce des fleurs.
À Drummondville, M. Camille St-Onge, propriétaire depuis plus de 28 ans de Fleuriste Bergeron, a récemment annoncé un départ à la retraite bien mérité. Ce commerce, une véritable institution, a célébré son 50e anniversaire en octobre 2022 et continuera de fleurir les souvenirs.
M. St-Onge a débuté comme simple employé d’été alors qu’il étudiait la comptabilité, à une époque où l’entreprise était située sur la rue Lindsay et appartenait à ses fondateurs, Mme Sylviane Ouellet Bergeron et M. Gérald Bergeron. « Tout a changé depuis ce temps-là », dit-il. « À l’époque, c’était roses, chrysanthèmes, glaïeuls et œillets, et c’était à peu près tout. Aujourd’hui, les gens veulent ce qu’ils voient sur Pinterest et d’autres plateformes. Il faut avoir une marchandise très variée. »
Selon lui, la rose demeure néanmoins la fleur la plus demandée à la Saint-Valentin, mais les fleurs exotiques gagnent en popularité, et les clients préfèrent désormais des bouquets plus diversifiés. De plus, il remarque que « les clients attendent souvent la journée du 14 pour commander. Il faut se préparer avant si on veut éviter la rupture de stock. Le 14, il y a toujours un gros rush. » Cependant, il précise que « la plus grosse fête pour les fleuristes n’est pas la Saint-Valentin, mais la Fête des Mères ».
Quant à l’avenir, M. St-Onge, en annonçant son départ à la retraite, a évoqué ses projets personnels, mettant en avant la santé, l’énergie et le désir de prendre le temps… tout en continuant à s’impliquer dans l’artisanat floral, une passion qui continue de germer en lui. Camille St-Onge a confirmé en entrevue au Vingt55 qu’il s’apprêtait à prendre sa retraite, ou plutôt une semi-retraite, alors qu’il passera le flambeau de cette enseigne emblématique, qui continuera assurément de fleurir à Drummondville.
Fleuriste Bergeron © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.