Le baseball au temps des ligues mineures à Drummondville… Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Le baseball au temps des ligues mineures à Drummondville… Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
L’équipe de baseball des Clubs lors d’une partie sur le terrain de l’ancienne piste de course de Drummondville, vers 1949, actuellement le Centrexpo Cogeco. Source Société d’histoire de Drummond, Fonds Grands du sport.

DRUMMONDVILLE

Le hockey est notre sport national, c’est bien connu et le baseball celui des Américains. Mais le baseball a une histoire aussi ancienne au Canada qu’aux États-Unis. La première partie connue au pays s’est jouée le 4 juin 1838, à Beachville, ville située à l’est de London, en Ontario, soit sept ans avant la création du premier club américain, les Knickerbockers de New York, par Alexander Cartwright.

À Drummondville, le baseball était déjà joué couramment au début du vingtième siècle. Selon un journal de 1905, ce serait même le sport le plus apprécié du « grand public ». Pas le hockey, le baseball. Il s’agit alors de clubs amateurs. On joue contre Richmond, Victoriaville, Acton Vale, Saint-Hyacinthe, Sorel et Nicolet. Cependant, à cette époque on note, en Ontario, les premières tentatives de fonder une ligue mineure. Finalement, en 1922, apparaît la Ligue Ontario-Québec-Vermont qui joint l’Association nationale des Ligues de baseball professionnelles en 1924, le tout sous l’impulsion du promoteur sportif du Canadien Pacifique Joseph Page et de Jean Dubuc, lanceur à la retraite des Ligues majeures.

Finalement, en 1935, apparaît la Ligue provinciale de baseball, qui opère en dehors du circuit des Ligues majeures et qui comprendra 6 équipes dans autant de villes dont Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke, Thetford Mines, Granby (remplacée un temps par St-Hyacinthe) et Drummondville. Farnham en fera partie pendant un temps.

L’équipe de Drummondville changea de nom plusieurs fois. Faisant leurs débuts sous le nom de Tigres de Drummondville en 1940, équipe dissoute le 6 juillet de la même année après avoir affiché un mauvais bilan. La Ligue cesse ses activités durant la Seconde Guerre mondiale pour reprendre après.

Si Québec et Trois-Rivières ont été les équipes les plus performantes de la Ligue jusqu’à sa dissolution finale en 1971, signalons que les Cubs de Drummondville remportent le championnat de la Ligue en 1949, en partie grâce à son lanceur-vedette, Max Lanier.

Celui-ci a eu une carrière intéressante : joueur de la Ligue nationale né en Caroline du Nord, il partit, en 1946, avec six autres joueurs, jouer pour la Ligue mexicaine qui lui offrait plus d’argent.

Déçu des conditions au Mexique, il veut revenir dans la Ligue nationale en 1948 mais le commissaire de la Ligue Harry Chandler impose une suspension de 5 ans à tous ceux qui sont aller jouer pour la Ligue mexicaine. En riposte Lanier et d’autres joueurs poursuivent la Ligue, arguant que de telles pratiques violent la loi antitrust américaine. Les joueurs auront gain de cause en 1949 et, entretemps, Lanier jouera à Drummondville.  Il retournera toutefois jouer pour les Cardinals de Saint-Louis avant la fin de la saison, qu’il termine avec une fiche de 8-1, ayant donné 19 points en 78,1 manches, contre 74 retraits au bâton. Son départ sera considéré par plusieurs comme un « coup dur » pour l’équipe de Drummondville.

Cette année-là, les Cubs remportent le championnat de la Ligue 5 à 1 contre les Black Sox de Farnham, la victoire sera créditée à un autre grand joueur, Sam Maglie.

La Ligue provinciale servira aussi de bancs d’essais pour une expérience sociale : la déségrégation du baseball. Jusqu’aux année 40, aux USA, les Afro-américains jouaient dans une Ligue séparée, la Negro League. Cette règle ne s’appliquait pas au Canada et les équipes locales commencèrent à recruter des joueurs de talent de cette ligue. À Drummonville, on remarque Quincy Trouppe, en 1949. Frappeur ambidextre, ce joueur puissant maintient régulièrement une moyenne supérieure à .300.

Toutefois, avec les années 50, les choses changent. D’abord les clubs de la Ligue provinciale s’affilient avec des équipes du baseball majeur. En 1952, les Cubs signent une entente avec les Sénateurs de Washington, devenant officiellement la franchise des Sénateurs de classe C. Ils deviennent les Drummondville Royals en 1953. En 1954, ils s’affilient aux Philadelphia Athletics et sont renommés les Drummondville A’s. Les grandes équipes recrutent de plus en plus les meilleurs joueurs. De plus, la fin de la ségrégation dans le baseball majeur fait que la Ligue provinciale n’est plus le seul endroit où on peut voir jouer côte à côte Blancs, Noirs et Latinos, ce qui était un avantage comparatif pour la Ligue provinciale.  La télévision, à partir de 1953, diffuse les matches de la Ligue nationale et fait baisser les assistances. Les clubs de la Ligue provinciale doivent fermer les uns après les autres. Les Drummondville A’s font leur dernière saison en 1955.

Le baseball reprendra dans les années 1960 et, en 1965, la fusion de deux ligues locales amène la création d’une Ligue provinciale avec 9 équipes, dont les Royaux de Drummonville. Toutefois, ces équipes ne sont pas affiliées aux clubs des ligues majeures. Cependant, les équipes peinent à faire leurs frais et, dès 1970, il ne reste plus que 5 équipes en lice, Québec, Trois-Rivières, Thetford Mines, Sherbrooke et Drummondville.

De plus l’arrivée des Expos détournent l’attention du public vers les Ligues majeures et la Ligue provinciale cesse définitivement ses opérations en 1970.

À Drummondville, maintenant, les amateurs de baseball peuvent compter sur Le Brock, qui évoluait jusqu’en 2019, dans la Ligue de Baseball Senior de Québec l’équipe y a connu beaucoup de succès, remportant le championnat de saison et des séries à plusieurs occasions au niveau senior BB. Quelques joueurs actifs avec le Brock ont fait partie des défunts Dodgers de Drummondville qui ont évolué dans le circuit Bélisle durant cinq saisons de 2008 à 2012 le Brock est toujours tres actif dans la .Ligue de Baseball Majeur du Québec.

André Pelchat
CHRONIQUEUR
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