DRUMMONDVILLE
Le comité de Mobilisation Médicale et Citoyenne coprésidé par Dr René Roux et Me Normand Jutras a réuni une soixantaine de gens d’influence de la région de Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Mardi matin des médecins, le vice-doyen de la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke et la présidente intérimaire de la FIQSPSMCQ se sont joints au Dr Roux et à Me Normand Jutras pour décrier, une autre fois, la situation difficile actuelle à l’Hôpital Sainte-Croix et pour préciser les outils nécessaires permettant de mieux desservir la population de Drummond et du Centre-du-Québec en services de santé et services sociaux.
Un hôpital abandonné
« Le CIUSSS MCQ connaît depuis des années la détérioration de l’environnement physique de l’Hôpital Sainte-Croix, entre autres, par l’étude CIM ( analyse architecturale de la bâtisse) réalisé en 2019 pour le CIUSSS MCQ» a exposé Dr Roux. Il a rappelé qu’en 2011, il y a plus de douze ans, les médecins avaient sonné l’alarme quant aux problèmes de vétusté des lieux, mais tout était demeuré lettre morte.
À l’aide de photos percutantes, Dr Roux a démontré l’ampleur de la situation quant à la dégradation de la bâtisse. Il s’est interrogé sur le fait que le PQI 2023-2033 consacre plus de 8 milliards de dollars à la construction ou à la rénovation d’hôpitaux, mais que rien n’apparaît pour Drummondville. Selon lui la réponse est claire : le CIUSSS MCQ, malgré sa connaissance de la situation catastrophique, a trop tardé dans la prise de décision pour un nouvel hôpital à Drummondville.
Selon Dr Roux, il n’y a pas vingt façons d’obtenir des services hospitaliers à la hauteur de nos besoins actuels et futurs. « Nous devons être en mesure de prendre nos propres décisions et non attendre que le CIUSSS de Trois-Rivières ait la gentillesse de nous faire plaisir ». « Nous avons la maturité nécessaire pour décider nous-mêmes du type de ressources dont nous avons besoin…dont une région sociosanitaire et un hôpital régional »
Dr René Roux © Entrevue vidéo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Voyons grand pour notre population
Pour le Dr Steven Miller (chirurgien) les difficultés actuelles à l’Hôpital Sainte-Croix se posent au quotidien et il déplore que l’hôpital est loin de répondre aux normes gouvernementales à plusieurs niveau
« Il nous faut rapidement un nouvel hôpital, mais pas le même hôpital dans des mûrs neufs » selon Dr Miller. Les preneurs de décisions au régional et au national doivent avoir une vision à moyen et long terme quant à la desserte de la population de notre région métropolitaine et de la région du Centre-du-Québec. La croissance de notre population et notre situation géographique devraient conduire à une réflexion pour un hôpital d’envergure.
Pour Dr Miller le futur hôpital de Drummondville devra, par exemple, posséder un TEP scan (Tomographie à Émission de Positions) c’est-à-dire un système d’imagerie maintenant incontournable en cancérologie. Dans le nouvel hôpital il faudra offrir des services de radiothérapie, de cancérologie, de radiologie interventionnelle etc. « Les décideurs devront prévoir les percées technologiques comme la télémédecine, l’intelligence artificielle, la génomique, ou encore la robotique » conclut le chirurgien en précisant que les décisions pour notre population doivent être prises ici et non au nord du fleuve.
Dr Miller Steven / Chirurgie Hôpital Sainte-Croix de Drummondville © Entrevue vidéo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Maître chez-nous
Me Normand Jutras a été député de Drummond de 1994 à 2007 et il a occupé les postes de ministre de la Sécurité Publique et de la Justice au Gouvernement du Québec.
Dès 1997, Me Jutras a été le maître d’œuvre de la création de la région administrative du Centre-du-Québec et il a rappelé toutes les embûches que les dirigeants de la Mauricie avaient semé sur son chemin afin de l’empêcher de détacher le Centre-du-Québec de la Mauricie. À l’époque, il aura fallu l’intervention du Premier Ministre M. Lucien Bouchard pour trancher en faveur du Centre-du-Québec. « La bataille avait été féroce, parce que la Mauricie perdait sa vache-à-lait dans plusieurs domaines » explique l’ex-ministre.
« Voyant ce qui se passait en santé et services sociaux, j’ai décidé de sortir de ma retraite pour collaborer avec le groupe Mobilisation Médicale et Citoyenne » a précisé Me Jutras. Il trouve inacceptable que de plus en plus de services essentiels soient déplacés vers Trois-Rivières ou disparaissent comme l’urologie, les cliniques de santé sexuelle, les services de prévention au scolaire etc. Il s’interroge sur les raisons politiques et administratives visant la diminution des services en santé et services sociaux pour l’une des régions où la croissance démographique et économique est la plus accentuée au Québec.
Pour Normand Jutras, il est gênant que le Gouvernement du Québec accepte, pour deux populations relativement semblables en nombre, Mauricie : 281 000 personnes et le Centre-du-Québec : 259 000 personnes, que les ressources humaines, matérielles et financières semblent se répartir ainsi : 2/3 pour la Mauricie et 1/3 pour la population du Centre-du-Québec. « Où est l’équité quant on constate un écart potentiel de 300 millions de dollars en services annuellement en faveur de la Mauricie ?»
Pour l’ex-député de Drummond et ex-ministre régional, la création de la région sociosanitaire du Centre-du-Québec doit être une priorité pour les gens d’affaires, les dirigeants politiques et la population en général de Drummondville, Victoriaville, Plessisville, Nicolet et Bécancour pour :
Être soignés chez-nous.
Attirer et garder les médecins et les autres professionnels en santé et services sociaux;
Se donner une gestion de proximité et un sentiment d’appartenance;
S’assurer d’une répartition équitable des ressources.
« Que la région administrative du Centre-du-Québec soit la seule au Québec à ne pas être une région sociosanitaire n’a plus aucun sens en 2023 »
Me Normand Jutras © Entrevue vidéo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Dr Matthieu Touchette, vice-doyen aux études médicales postdoctorales à l’Université de Sherbrooke © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Vers une affiliation universitaire encore plus forte
Dr Matthieu Touchette, vice-doyen aux études médicales postdoctorales à l’Université de Sherbrooke, a rappelé la collaboration des médecins de l’Hôpital Sainte-Croix et de l’Université de Sherbrooke pour la formation de milliers de médecins au Québec, au fil des ans. Dans le contexte de l’augmentation des effectifs d’étudiants en médecine, il voit d’un très bon œil la construction d’un éventuel Centre Hospitalier Affilié Universitaire Régional (CHAUR) à Drummondville.
Il salue également les initiatives du Centre-du-Québec visant la création d’une région sociosanitaire autonome. Pour Dr Touchette, la création d’une région sociosanitaire viendrait renforcer les liens de l’Université de Sherbrooke avec, entre autres, les équipes médicales de Drummondville et de Victoriaville. Une telle opportunité permettrait des prises de décisions plus rapides et surtout le recrutement médical serait facilité pour la population du Centre-du-Québec.
Plusieurs invités ont pris la parole, parmi lesquels, Sébastien Schneeberger. Député de Drummond–Bois-Francs, M. Alain Carrier, ancien maire de Drummondville, ainsi qu’Alexandre Cusson, de même que le conseiller et maire adjoint de la ville de Drummondville M. Yves Grondon, afin d’exprimer leur position et commenter le dossier de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville ainsi que le développement de la région sociosanitaire de Drummondville.
Madame Patricia Mailhot, présidente intérimaire du Syndicat des professionnelles en soins de la Maurice et du Centre-du-Québec © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Pour le recrutement et la rétention des professionnels en santé au Centre-du-Québec
Madame Patricia Mailhot, présidente intérimaire du Syndicat des professionnelles en soins de la Maurice et du Centre-du-Québec, déplore les impacts de la centralisation du système de santé au Québec. Les CIUSSS où l’on retrouve plus de 20 000 employés ayant à couvrir une très vaste région, comme celui de la Mauricie et du Centre-du-Québec, ne peuvent pas offrir un milieu de travail intéressant. Pour madame Mailhot le CIUSSS MCQ a créé une gouvernance rebutante pour le personnel. « Actuellement, par exemple, les membres du personnel de l’Hôpital Sainte-Croix n’ont plus de nom…Chacun et chacune doit s’identifier par son numéro d’employé et ce n’est pas très motivant pour une personne » précise-t’elle.
La pénurie exceptionnelle de professionnels en santé et services sociaux au Centre-du-Québec jumelée à un taux d’absentéisme particulièrement élevé et à des départs massifs vers d’autres régions sont des indicateurs des difficultés profondes vécues au Centre-du-Québec et particulièrement à Drummondville. « Le personnel est démotivé et le sentiment d’appartenance est disparu du milieu de travail . De plus, la vétusté de l’Hôpital Sainte-Croix vient ajouter une autre explication à l’exode du personnel », ajoute la présidente intérimaire de la région.
Madame Mailhot demeure convaincue que les démarches de décentralisation amorcée au Centre-du-Québec viendront améliorer la situation du personnel. Elle invite les décideurs au Québec à analyser la situation au Centre-du-Québec et plus spécifiquement à l’Hôpital Sainte-Croix, où le personnel professionnel ne pourra pas maintenir très longtemps la qualité des soins et services sans un changement majeur de la gouvernance et une amélioration rapide de l’environnement physique des lieux.
Sébastien Schneeberger. Député de Drummond–Bois-Francs © Entrevue Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
M. Alain Carrier / Homme d’affaire et ancien maire de Drummondville © Entrevue Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Alexandre Cusson / Ancien maire de Drummondville © Entrevue Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
M. Yves Grondin / Conseiller et maire adjoint Ville de Drummondville © Entrevue Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Il semble y avoir un consensus parmi les intervenants que la nécessité d’un nouvel hôpital à Drummondville est indéniable. L’hôpital actuel est dépassé, tant en ce qui concerne ses installations que ses équipements, et il ne parvient plus à répondre de manière adéquate aux besoins de la population. Malgré des investissements à court terme, l’établissement n’est plus en mesure de satisfaire les exigences et les normes d’une population en croissance et vieillissante, comme l’a souligné le Dr. René Roux lors d’une entrevue au Vingt55 le 4 octobre dernier.
En résumé, le Dr Roux et Me Jutras ont rappelé les principaux messages de la rencontre en précisant à leur auditoire qu’ils ont transmis des renseignements pertinents et vérifiables, nous vous avons présenté une structure hospitalière ne répondant pas aux normes, nous vous avons expliqué le lien entre la structure de l’hôpital, le milieu de travail non accueillant et le danger d’attendre 15 ans avant d’avoir un nouvel hôpital, nous vous avons expliqué l’importance d’être maître chez soi, en démontrant qu’une région sociosanitaire était le seul moyen d’y parvenir »
Tous et toutes sont invités à collaborer pour nous s’assurer du développement des soins de santé et services sociaux à Drummondville et au Centre-du-Québec conclut le Dr René Roux
Le Dr Roux et Me Jutras ont rappelé les principaux messages © Entrevue vidéo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.