Des rumeurs qui prennent des apparences de vérité : le comportement des élus de la MRC de Drummond vivement dénoncé

Des rumeurs qui prennent des apparences de vérité : le comportement des élus de la MRC de Drummond vivement dénoncé
© Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

C’est sur un fond de crise municipale, alors que la ville de Drummondville et la municipalité de Wickham ont annoncé une fusion entre le service incendie de Wickham et devant des pressions, que le maire de Wickham a remis sa démission. Des semaines lourdes ont précédé cette annonce de fusion.

Les citoyens de la MRC de Drummond et de Wickham font l’objet d’accusations d’histoires sordides de présumées plaintes qui ont fait le tour des médias, au cours des dernières semaines; des rumeurs qui prennent des allures de vérité, une situation que dénoncent des citoyens.

Les rumeurs laissent entendre que la conjointe du maire démissionnaire Ian Lacharité se serait fait cracher au visage. Celles-ci sont rapportées par différents élus de la MRC de Drummond depuis le départ de M. Lacharité.

Des citoyens de Wickham sont la cible de propos, de rumeurs et de commentaires aussi inquiétants que néfastes pour la petite municipalité de 2700 habitants. En effet, M. Jacques Demers, président de la Fédération des municipalités du Québec invité à l’émission de TVA « Le monde à l’envers », animée par Stéphane Bureau, a pour sa part confirmé en ondes avoir entendu cette information.

Des accusations et affirmations qui n’ont pas été confirmées et n’ont pas fait l’objet de plaintes, selon des informations obtenues par le Vingt55.

Ni le maire sortant, Ian Lacharité, ni sa famille n’ont commenté le dossier. Interpelé par le Vingt55 au lendemain de sa démission, M. Lacharité a simplement référé le Vingt55 à sa lettre de démission, dans laquelle il avait confirmé avoir dénoncé certains agissements, mais s’était abstenu de commenter la nature du dossier qui était entre les mains des policiers et enquêteurs.

« Depuis un certain temps, les orientations du Conseil et mes valeurs personnelles prennent des routes différentes », avait mentionné le maire afin de préciser les motifs de sa démission. « Dans ce contexte, j’invite tous les conseillers/conseillères ainsi que la prochaine personne qui agira à titre de maire à faire en sorte de ramener l’unité au sein de l’ensemble des Wickhamois », avait soutenu le maire dans sa lettre de démission. « Je continue de prôner que la Municipalité de Wickham est un magnifique endroit où il fait bon vivre ! » a ajouté le maire, souhaitant voir l’harmonie revenir au sein du conseil, pour le bien des citoyens et de sa municipalité. « Les dernières semaines ont été particulièrement lourdes pour moi, mais surtout pour ma famille. Que des citoyens soient en désaccord avec une décision du Conseil, c’est une chose, mais qu’ils intimident et menacent directement et indirectement ma famille, c’est inadmissible. La limite a été dépassée et ma décision est irrévocable. J’évalue maintenant la possibilité de porter plainte », avait également mentionné le maire, sans toutefois préciser la nature des propos en question.

« J’ai en effet rencontré les policiers, dénoncé certains agissements », s’est contenté de confirmer en entrevue au Vingt55 le maire démissionnaire Ian Lacharité, au lendemain de son départ. « Comme le dossier est entre les mains des enquêteurs, il est d’usage de ne pas commenter le dossier afin de ne pas nuire à l’enquête en cours », avait simplement mentionné M. Lacharité.

Contacté par le Vingt55, le porte-parole de la Sûreté du Québec, Louis-Phillipe Ruel, a également confirmé qu’aucun dossier en cours d’enquête ne pouvait faire l’objet de commentaires par le service de police.

Des élus montent aux barricades, prennent la parole et dénoncent l’inacceptable… Les citoyens font de même

« Il faut dénoncer ces comportements inacceptables », a commenté la mairesse de Drummondville, Mme Stéphanie Lacoste en point de presse. « Lorsque des lettres d’intimidation sont envoyées à des directions générales de municipalité, quand des employés sont victimes d’intimidation par des citoyens sur le stationnement d’un hôtel de ville à la sortie du bureau, quand des pneus d’auto sont crevés, que les familles, les enfants sont visés par des menaces et de l’intimidation dans l’espace public, quand on doit engager des agents de sécurité pour pouvoir tenir une consultation publique, quand les médias sociaux deviennent une arme, qu’on crée des faux comptes pour se permettre de commenter en ayant un faux sentiment d’anonymat, oui, il y a lieu d’agir pour dénoncer cette violence », a insisté la mairesse de Drummondville. « Ces exemples sont des faits qui sont vécus dans le présent mandat dans la MRC de Drummondville », a également affirmé la mairesse de Drummondville, en point de presse, dénonçant du même souffle les événements liés au départ de Ian Lacharité, quelques heures après la démission du maire de Wickham.

Pourtant, aucun élu de Drummondville ou de Wickham n’a porté de telles accusations, aucune plainte n’a été retenue en ce sens, font remarquer des citoyens.

« Faire planer le spectre de l’intimidation et de telles menaces sur le dos des Wickhamois ou des citoyens de Drummond est aussi inacceptable que l’instrumentalisation et l’utilisation des médias pour entretenir pareil discours », dénoncent autant madame Daneau que quelques citoyens et citoyennes qui ont pris la parole depuis le point de presse de la MRC de Drummond, tenu par la mairesse de Drummondville en présence de M. Jacques Demers, le 24 mars dernier, à Drummondville.

Campagne de salissage et de dénigrement, des citoyens dénoncent l’instrumentalisation des médias pour accuser des citoyens et un village

« Les rumeurs véhiculées par les élus et représentants municipaux pèsent lourds et ne sont pas sans conséquence pour les citoyens, alors que le principal intéressé ne s’est même pas exprimé en raison de l’enquête qui est en cours », font également valoir des citoyens qui dénoncent à leur tour la campagne de salissage et de dénigrement dont ils se disent eux-mêmes victimes de la part des élus.

« Le désengagement des élus de Wickham et de la province n’est-il pas plutôt, justement, en raison du monopole ou du comportement inapproprié de certains élus qui, manifestement, utilisent à mauvais escient leur pouvoir dans certaines municipalités, au détriment de l’écoute et du respect des citoyens? » questionnent également quelques citoyens de la MRC de Drummond.

Le départ de M. Lacharité, qui pointe la discorde au sein de son conseil, en est un bel exemple, de l’avis de plusieurs citoyens de la MRC de Drummond venus à la rencontre du Vingt55 afin de dénoncer la situation qui prend une ampleur démesurée sur la place publique.

M. Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, a pour sa part répondu aux questions du Vingt55. « Pour ma part, en effet, je n’ai jamais affirmé qu’il s’agissait de M. Lacharité. C’est l’animateur, M. Stéphane Bureau, qui a rappelé en début d’entrevue que la conjointe du maire de Wickham, Ian Lacharité, s’était fait cracher au visage. J’ai simplement affirmé avoir entendu cette information », a précisé M. Demers, en entrevue au Vingt55.

Questionné à savoir d’où venait cette affirmation, M. Demers a préféré ne pas commenter ni préciser sa source.

« Comme vous, je l’ai entendu, voilà tout », a conclu le président de la Fédération des municipalités du Québec, qui a également confirmé au Vingt55 ne pas avoir abordé directement le sujet ou la question avec l’ex-maire Ian Lacharité.

Des citoyens dénoncent le pouvoir et la proximité financière entre certaines salles de nouvelles et l’appareil municipal pour instrumentaliser ou orienter le discours.

« La complaisance de certains médias et journalistes a-t-elle un prix, à Drummondville? » questionne un regroupement de citoyens qui invite la FPJQ et le conseil de presse à se pencher sur le dossier de la MRC de Drummond et de Wickham.

« Nous invitons la FPJQ et le conseil de presse à enquêter et à s’interroger sur la proximité et l’orientation des discours des élus dans certains médias. La complaisance de certains médias semble tributaire des revenus dont ils disposent de la part de la Ville de Drummondville », ajoute Mme Daneau.

« Quand le budget octroyé à un média ou des mandats octroyés à la conjointe d’un journaliste semblent orienter les discours, il y a lieu de se questionner sur la rigueur journalistique et d’une salle de nouvelles », d’ajouter des citoyens inquiets de la démocratie et de la réelle indépendance journalistique.

« Il faut que ça cesse, la propagande et la complaisance de certains médias, c’est inacceptable », a également mentionné madame Luce Daneau dans une sortie publique, en début de semaine, à Wickham.

Intimidations et menaces, deux poids deux mesures dans le discours de certains élus, des représentants municipaux et des médias

« Est-ce que la complaisance des médias va de pair avec les liens qu’entretiendrait la salle de nouvelles ou un journaliste avec l’appareil municipal? Est-ce préjudiciable à la qualité de l’information qui nous est ensuite transmise? » questionnent des citoyens et hommes d’affaires de la région.

« Oui », croient également des citoyens de L’Avenir ayant demandé à parler au Vingt55 et qui ont vu passer sous silence, dans les médias, le départ d’un conseiller municipal qui s’en était pris physiquement et verbalement à une citoyenne, lors d’un échange très houleux.

« Il y avait un journaliste, dans la salle, témoin de cette situation. Comment se fait-il que cet événement, qui n’est pas sans fondement, fût négligé dans nos médias à Drummondville? Brandir le bâton de l’intimidation quand ça fait notre affaire est inacceptable, en politique municipale, surtout quand il sert seulement l’intérêt des élus », de conclure une citoyenne qui préfère garder l’anonymat, craignant elle-même des représailles de la part d’élus.

Le dossier principal, celui des fusions des services incendie de Wickham, de L’Avenir, les réelles raisons du départ du maire de Wickham M. Ian Lacharité, et de son successeurs Charles-Antoine Fauteux ont tous été mis de côté et dans l’ombre du dossier de l’intimidation mis de l’avant par les élus.

Pouvons-nous mettre de côté les rumeurs et gérer les priorités suggèrent les citoyens et hommes d’affaires de la MRC de Drummond qui voit là un écran de fumée mis en place pour dévier le sujet et le discours. « L’intimidation et les menaces envers les élus, c’est inacceptable, en effet, ajoute la citoyenne, mais les mêmes pratiques le sont tout autant venant de nos élus. »

Invitée à commenter la situation, la ville de Drummondville n’avait pas répondu à nos demandes d’entrevue au moment de publier ce texte.

Éric Beaupré
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