Meurtre de Suzanne Desjardins – Retour en cour de Jean-Luc Ferland, qui pourrait être déclaré délinquant à haut risque

Meurtre de Suzanne Desjardins – Retour en cour de Jean-Luc Ferland, qui pourrait être déclaré délinquant à haut risque
Jean-Luc Ferland était de retour au palais de justice de Drummondville © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Jean-Luc Ferland était de retour au palais de justice de Drummondville, aujourd’hui, afin de savoir si le tribunal entérinera la suggestion proposée par le ministère public de le déclarer délinquant à haut risque ou non, après avoir été trouvé non criminellement responsable du meurtre de sa mère, Suzanne Desjardins. Le meurtre était survenu en juillet 2020, à Drummondville

Jean-Luc Ferland était de retour au palais de justice de Drummondville © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Le Vingt55 a assisté aujourd’hui, jeudi 5 mai 2022, au retour en cour de Jean-Luc Ferland, reconnu le 8 février dernier non criminellement responsable du meurtre de sa mère, Suzanne Desjardins.

Des experts ont été entendus ce matin par les psychiatres ayant participé à l’évaluation psychiatrique de Jean-Luc Ferland, lors de son séjour à l’Institut Pinel, où il est sous la garde de l’institut depuis son arrestation.

Ce matin, le Dr Samuel Gauthier, la Dre France Proulx ainsi que la criminologue Sabrina Kimberly Allard ont tous témoigné à la demande du procureur de la Couronne, Me Kevin Mailhot.

Les trois experts sont d’avis que Jean-Luc Ferland représente un risque pour la société et présente également plusieurs facteurs de récidive et d’épisodes violents.

Appelé à témoigner par son avocate, Me Catherine-Valérie Levasseur, Jean-Luc Ferland a procédé, en présentiel, entouré de deux agents de Pinel, à la lecture d’un document.

En effet, Jean-Luc Ferland a lu une lettre destinée au juge Mario Longpré, lettre dans laquelle il a exprimé et évoqué les gestes irréversibles et la peine qui l’habitait depuis le décès de sa mère. Des événements qu’il a qualifiés de tragiques, réfutant cependant les diagnostics et les conclusions des évaluations présentées devant le tribunal, exprimant dès les premières lignes son insatisfaction au sujet de la demande présentée devant le tribunal, qui le placerait comme délinquant à haut risque. « Je ne me reconnais pas là-dedans. Je suis quelqu’un de pacifique qui ne veut pas faire de mal à personne, au contraire, je veux faire le bien autour de moi », a-t-il exprimé devant l’honorable juge Mario Longpré.

 « Je n’en reviens pas que j’ai tué ma mère. C’est sûr que je ne pourrai jamais réparer ça », a-t-il exprimé dans un moment d’émotion devant le tribunal. « La seule réparation que je pourrai faire, c’est de continuer mes thérapies et de prendre mes médicaments », a-t-il ajouté, conscient dit-il des gestes graves qu’il avait commis en juillet 2020.

Jean-Luc Ferland a attribué le meurtre et son état d’esprit lors des événements à la cessation de ses médicaments.

« Lorsque j’ai commis les gestes, je ne prenais plus de médicaments. C’est ma mère qui ne croyait pas à leurs effets, elle préférait des moyens naturels. » Selon lui, c’est sa mère qui l’avait persuadé d’arrêter de prendre sa médication, a-t-il témoigné. « Maintenant, je sais qu’il est important de les prendre pour pouvoir contrôler mes émotions et ma vie. Les médicaments, c’est la muraille contre les tragédies », a-t-il précisé dans son langage. « Seul un docteur pourrait décider que j’arrête », a-t-il confié au tribunal, se disant également prêt à prendre toute la médication nécessaire et à suivre les thérapies proposées par ses médecins s’il est libéré.

Jean-Luc Ferland a profité de son passage au tribunal pour faire quelques demandes. « J’aimerais récupérer certains items, mon cellulaire, des pins de manteau, mon béret et un chandail militaires, ainsi que mes bottes. »

Le Dr Gauthier a affirmé que Jean-Luc Ferland a une fascination marquée pour les armes blanches, tout comme l’a également rappelé le procureur de la couronne, ajoutant que Jean-Luc avait fait plusieurs demandes pour reprendre possession de ses armes depuis les événements et son admission à Pinel. « Il consent à abandonner sa collection d’armes saisie par les policiers », a admis le procureur de la couronne, « mais tout porte à croire que sa fascination ou intérêt pour les armes blanches et épées sont encore très présents chez Jean-Luc », a rappelé le procureur de la couronne.

Toujours dans l’évaluation psychiatrique de l’accusé, les experts rapportent que M. Ferland « manque d’empathie face aux crimes commis et leurs conséquences ». Rappelons qu’il souffre de schizophrénie, du syndrome d’Asperger et présente des symptômes de troubles mentaux sévères. Le Dr Gauthier estime que Jean-Luc Ferland devra effectuer un minimum de deux à trois ans de travail intensif avec des spécialistes avant que son état mental s’améliore, tandis que l’avocate, lors de son argumentaire, a exprimé que son client serait non seulement suivi pour deux à trois ans, voire jusqu’à dix ans.

Le procureur de la couronne a insisté sur les craintes et les risques que pouvait représenter ce dernier, autant pour la société que la famille, qui avait mentionné craindre également de voir Jean-Luc sortir trop rapidement, d’où l’importance de le voir déclaré délinquant à haut risque, selon le ministère public.

Ce n’est pas la première fois que l’accusé posait des gestes à caractère violent, en plus de conter plusieurs actifs en matière de violence, ainsi que des événements reliés à sa fascination pour les armes blanches. Il a même déjà bénéficié d’une non-responsabilité criminelle, a également rappelé la Couronne afin de faire valoir que le statut délinquant à haut risque permettrait d’offrir des garanties autant pour le bienêtre de l’accusé que pour la sécurité des citoyens.

Pour sa part, l’avocate de la défense, Me Catherine-Valérie Levasseur, a plutôt soutenu que le suivi amorcé, cette fois à Pinel, la prise de conscience de son client, qui reconnaît la gravité des gestes posés, les dommages et les torts irréparables commis et son état de conscience de sa maladie, avec la médication appropriée, étaient déjà prémisse importante à sa réhabilitation, comme il l’a lui-même témoigné.

 « Il est capable de nommer le diagnostic sans même hésiter. Il propose et même nomme des pistes de solution. » En acceptant de renoncer à récupérer sa collection d’armes, il démontre, à son avis, une réelle volonté de réintégrer la société par le biais de thérapie et même d’une médication par injection à la sortie de Pinel. L’avocate de la défense a également rappelé au juge que le fait de reconnaître l’accusé délinquant à haut risque est une mesure d’exception qui s’applique à de très rares cas, comme en font foi la jurisprudence et les quelques cas portés devant les tribunaux. « Bien que les spécialistes parlent de traitement et suivi pour les deux à trois prochaines années, il est clair que mon client, Jean-Luc, ne pourra ni recouvrer sa liberté avant plusieurs années, voire une dizaine, et que la commission des libérations devra se pencher sur la question rendue au terme de cette période de soins des intervenants de Pinel. »

Après avoir vu les psychologues et les intervenants, les explications de Jean-Luc Ferland et entendu les témoignages de la couronne et de la défense, l’honorable juge Mario Longpré a choisi de reporter sa décision sur le sort de Jean-Luc Ferland au 6 juin prochain, afin qu’il puisse analyser efficacement le dossier.

Jean-Luc Ferland lors de son arrestation 27 juillet 2020 suite au meurtre sa mère, Suzanne Desjardins à Drummondville  © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Il nous fait extrêmement plaisir de vous présenter les finalistes de l’édition 2021-2022 du Concours Élan CAE Drummond

Éric Beaupré
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