Itinérance – De plus en plus de nouveaux visages, hommes et femmes dans les camps à ciel ouvert à Drummondville

Itinérance – De plus en plus de nouveaux visages, hommes et femmes dans les camps à ciel ouvert à Drummondville
De plus en plus de nouveaux visages, hommes et femmes dans les camps à ciel ouvert à Drummondville © Entrevue vidéo / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

L’itinérance prend de l’ampleur à Drummondville et au Centre-du-Québec. Longtemps cachée, l’itinérance se vit maintenant à ciel ouvert, à Drummondville, et les nouveaux visages, hommes et femmes, inquiètent autant les intervenants, les services de première ligne et les autorités, qui constatent une croissance de la problématique dans leurs interventions à Drummondville. En ce sens, Drummondville est passée d’une dizaine d’itinérants à une centaine en quelques mois à peine.

L’itinérance prend de l’ampleur à Drummondville et au Centre-du-Québec © Entrevue vidéo Pedro  / Vingt55. Tous droits réservés

L’itinérance est en réelle et constante augmentation, une réalité bien visible et marquée au centre-ville de Drummondville. Les solutions doivent être mises de l’avant rapidement et immédiatement. De l’avis de plusieurs intervenants et de l’avis des autorités drummondvilloises, l’itinérance a un nouveau visage : celui de femmes, majoritairement, une situation qui va en augmentant, précise d’ailleurs François Gosselin, coordonnateur de la clinique l’Ensoleilvent, en entrevue au Vingt55. « Une situation qui, il y a quelques années, était beaucoup plus rare que maintenant. Le nombre arrive presque à la parité dans la clientèle actuelle », précise le coordonnateur.

Au-delà du logement social ou du HLM, le logement abordable demeure la solution. Déjà, les solutions mises de l’avant ne suffisent et ne suffiront pas à combler les besoins actuels et le taux croissant de personnes en situation d’itinérance temporaire ou permanente.

Le Vingt55 est allé à la rencontre de personnes en situation d’itinérance afin de mieux comprendre la situation selon leur réalité.

Pedro, surnommé Robin des Bois, explique que pour lui, un retour à l’itinérance s’est imposé il y a quelques mois. Le principal problème est le prix des loyers. « L’aide sociale apporte le minimum, le prix des loyers a explosé, je n’arrive tout simplement pas à me loger à ce prix-là. Les loyers abordables sont rares et les propriétaires, sélectifs pour ceux qui en bénéficieront. J’ai un TOC compulsif, je ramasse et tente de me faire un salaire d’appoint avec le fer ou divers objets, les propriétaires n’aiment pas ça. Ils ont l’embarras du choix comme raison, quand vient le temps de décider du sort et de mettre à la porte une personne qui vient de la rue », explique de façon très lucide Pedro. « Travailler, oui, c’est possible, je suis maçon, mais mes TOC et problèmes, autant de consommation, liée à ma situation, que mes limitations font peur et sont rarement acceptés longtemps », admet le jeune homme, qui a choisi de vivre dans la rue, un mode de vie qui lui permet aussi, et surtout, de briser l’isolement.

« Nous devons nous relocaliser, les gens qui viennent nous déplacer n’ont pas de solutions, ils nous demandent de mieux nous cacher », expliquent Pédro et les quelques itinérants rencontrés par le Vingt55.

« Cachés derrière les églises, car ils ne nous acceptent pas à l’intérieur. » L’un d’eux a été dénoncé après avoir installé son petit campement à l’arrière d’une église du centre-ville. « Il pourrait mettre le feu », s’inquiétait le gestionnaire de l’église, qui a demandé aux policiers de l’évincer le plus rapidement possible.

« Nous nous retrouvons ensemble, il y a beaucoup de nouveaux visages », explique également un autre itinérant rencontré par le Vingt55. De plus en plus de nouveaux visages. La semaine dernière, l’un d’eux a été arrêté alors qu’il s’installait dans le campement. « Il a volé des vélos d’une école, méchante idée, mais quand un gars ne vient pas de la place, il s’en fout de nous mettre dans le trouble. Chacun sa réalité, ses problèmes et ses moyens de survivre ou vivre dans la rue, bien lui a été arrêté, mais c’est tous nous autres qui écopent des pas cool. » De son avis, ceux-ci appartiennent à une minorité. Ainsi, l’itinérance apporte aussi, pour certains, ce genre de problématique et de stigmatisation qui n’aident pas. Nous avons nos organismes qui nous aident, nos citoyens aussi, qui passent nous aider, ça fait du bien ça aussi. Il y a la tablée populaire, le comptoir alimentaire, etc., qui aident aussi. » De plus en plus de filles et de femmes en font partie, à Drummondville, comme le précise cette personne en situation d’itinérance. « Elles n’arrivent plus à y arriver et on s’aide pareil, gars ou filles, on a les mêmes besoins : manger, dormir et vivre de notre mieux », ajoute-t-il.

Les nouveaux visages, hommes et femmes, inquiètent autant les intervenants, les services de première ligne et les autorités © Entrevue vidéo François Gosselin, coordonnateur de la clinique l’Ensoleilvent  / Vingt55. Tous droits réservés

Le retour des abris temporaires construits à partir de l’initiative de Mike Ward

« Il y aura un ou deux des abris construits à partir de l’initiative de Mike Ward, dans le stationnement », confirme en entrevue au Vingt55 François Gosselin, coordonnateur clinique de l’Ensoleilvent. « C’est une alternative, pour nous », explique François Gosselin, qui précise en plus que la ville, pour sa part, ne souhaite malheureusement pas reconduire le projet. « Nous sommes toujours en attente de solutions et demeurons ouverts aux discussions avec la ville, faute d’autre solution plus durable, aux dires des responsables du côté de la ville. » François Gosselin est cependant d’avis que cette alternative a sa raison d’être, « d’autant plus dans la situation actuelle, soit tant face à l’augmentation importante de l’itinérance à Drummondville que pour nos besoins qui sont en plus limités, quand un des usagers est désorganisé et que nous n’avons pas d’autre option », précise-t-il.

Les citoyens sont aussi invités à soutenir les organismes par des dons. « Ce sont bien sûr des campagnes et demandes déjà vues et entendues, mais ça reste, pour nous, les organismes, la façon la plus directe d’aider à trouver des logements, les financer et aussi nourrir et aider la clientèle dans le besoin », rappelle François Gosselin, en guise de conclusion.

Retour des abris temporaires construits à partir de l’initiative de Mike Ward © Entrevue vidéo François Gosselin, coordonnateur de la clinique l’Ensoleilvent  / Vingt55. Tous droits réservés

L’aide passe par des logements abordables et un meilleur soutien financier

Pour François Gosselin, l’aide du réseau est importante et les organismes d’ici tendent la main pour aider. Or, avec les limites actuelles sur le plan des ressources humaines, ayant trait tant aux travailleurs sociaux qu’aux intervenants de toutes sortes, la gestion de la situation n’est pas des plus évidentes, sans compter sur le plan financier, qui est aussi très limité. À Drummondville, la situation a changé, avec un nombre croissant de campements à ciel ouvert et un nombre encore très élevé d’itinérants, soit plus de 120 à 130, actuellement, qui utilisent les différents services confirme et précise François Gosselin, coordonnateur de la clinique l’Ensoleilvent, en entrevue au Vingt55

Sandrine Vanhoutte, du Centre d’écoute et prévention suicide (CEPS), a pour sa part aussi noté l’augmentation des appels et des problématiques liées à la santé mentale et à la détresse psychotique. « Les gens nous appellent souvent en situation de détresse, liée au problème d’argent ou de loyer, et sont incapables de faire face à la situation précaire dans laquelle ils se trouvent. Pour certains qui ne trouvent pas de solution, ils admettent la crainte de se retrouver à la rue », de préciser la directrice du CEPS.

Les nouveaux visages, hommes et femmes, inquiètent autant les intervenants, les services de première ligne et les autorités © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Éric Beaupré
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