La vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable, Mme Geneviève Guilbault @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

La ministre fait cette annonce quelques jours après le décès de deux travailleurs de chantier et la sortie publique de différents partenaires et représentants syndicaux qui demandent au gouvernement d’agir directement afin d’offrir des mesures concrètes pour assurer un environnement de travail sécuritaire aux travailleurs et signaleurs de chantier routier.

Celle-ci se tiendra chaque année, la deuxième semaine de juin. L’ensemble des députés a adopté la motion, qui vise à conscientiser les usagers de la route à la sécurité des travailleurs routiers et à reconnaître toute l’importance de leur métier.

Cette semaine de sensibilisation, dont la première édition se tiendra à l’échelle du Québec du 10 au 16 juin 2024 sous le thème «La protection des travailleurs de chantier, j’embarque», s’inscrit dans le Plan d’action en sécurité routière 2023-2028 dévoilé par la ministre en août dernier. Le gouvernement du Québec a annoncé des mesures pour renforcer la protection des personnes les plus vulnérables.

En effet, le plan d’action, le projet de loi no 48 récemment adopté et la Semaine nationale de sensibilisation constituent des outils qui ont chacun leur rôle à jouer, soit la planification, la sanction et la prévention.

« Chaque année, nos travailleurs routiers sont victimes d’accidents et d’incivilités. C’est inacceptable! », a déclaré la ministre Geneviève Guilbault, vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable. « À l’approche de la saison intense des travaux, nous devons poser un geste fort pour soutenir ceux dont la vie est exposée aux risques engendrés par les comportements distraits, imprudents ou irrespectueux de certains usagers de la route. C’est pourquoi, comme il est indiqué dans le Plan d’action en sécurité routière que j’ai déposé il y a quelques mois, nous instaurons cette toute première semaine de sensibilisation afin de faire de la sécurité routière une responsabilité collective. Je tiens à remercier nos travailleurs routiers et j’incite les Québécois à faire de même pendant la Semaine nationale de sensibilisation à la sécurité des travailleurs routiers! »

Le Syndicat des Métallos a lancé récemment une ligne de dénonciation au sujet de la conformité et de la sécurité des chantiers routiers. Tous les citoyens qui constatent des situations potentiellement dangereuses sont invités à contacter le 1-833-428-1608.

« Des travailleurs paient de leur vie parce que les chantiers ne sont pas sécuritaires. Il faut redresser la situation rapidement. Avec 21 décès depuis 2008 et un nombre de lésions professionnelles qui a quadruplé entre 2016 et 2022, on ne peut pas dire que c’est le fruit d’un hasard. Une action est nécessaire pour redresser la situation », ajoute le représentant syndical des Métallos, Martin L’Abbée.

Le Syndicat mise entre autres sur une certification des agences de signalisation, l’inspection de la conformité des chantiers ainsi que des agences et une formation plus complète des travailleurs de la signalisation. « Lorsqu’un travailleur perd la vie, c’est un drame humain terrible. L’accumulation de tels drames doit faire prendre conscience au gouvernement et à tous les acteurs impliqués de l’urgence d’une action concertée majeure pour restaurer la sécurité des travaux de signalisation routière. Il en va de la vie des travailleurs et travailleuses et des usagers de la route », ajoute Nathalie Perron.

Le président de l’association des travailleurs en signalisation routière du Québec demande une enquête publique.

En entrevue au Vingt55, M. Jean-François Dionne, président de l’association des travailleurs en signalisation routière du Québec, déplore qu’en 16 ans, il y ait eu 19 décès et un nombre important de travailleurs et signaleurs blessés.

« Chaque décès est un de trop. Ces deux derniers cas, dont l’un est similaire à plusieurs égards à l’accident survenu à Saint-Cyrille, devraient mener à une enquête publique, précise M. Dionne. Il souligne également que le coroner Garneau avait émis d’importantes recommandations, lesquelles devraient être reprises et martelées à Québec afin de rappeler que nos signaleurs et travailleurs de chantier ne sont pas que des statistiques mais des hommes, des femmes, des pères et des mères de famille, et que leur sécurité ne doit pas être négligée ou laissée pour compte » d’ajouter le président de l’association des travailleurs en signalisation routière du Québec

De son côté, la ministre Geneviève Guilbault qui était à l’époque ministre responsable, avait refusé de commenter le décès de Pascal Cauchon et avait rejeté toute demande d’entrevue afin de répondre aux inquiétudes de la famille ainsi qu’aux interviews du Vingt55, renvoyant le dossier à son attaché politique et aux demandes par courriel qui sont restées sans réponse.

Deux signaleurs routiers ont perdu la vie au cours des derniers jours sur des chantiers routiers. Le Syndicat des Métallos offre ses sympathies aux familles et aux proches des deux travailleurs décédés tragiquement.

Les Métallos demandent de toute urgence une rencontre avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable pour discuter de la sécurité sur les chantiers routiers.

Ces récents événements ne sont pas sans rappeler le décès d’un signaleur de chantier à Drummondville

Pascal Cauchon, un signalisateur routier de 39 ans, a été mortellement happé le 8 avril 2021 par un train routier sur un chantier autoroutier à Saint-Cyrille-de-Wendover, dans la MRC de Drummond. Cet accident a amené le coroner Yvon Garneau à formuler plusieurs recommandations.

Comme le rapportait le Vingt55, le rapport pointait notamment le respect du «move over» comme étant au centre des préoccupations du coroner Garneau. Celui-ci avait souligné le non-respect de ce principe par le conducteur du semi-remorque impliqué dans l’accident fatal du signaleur routier Pascal Cochon.

Le beau-père de la victime, M. Michel Heinrich, a exprimé en entrevue au Vingt55 son regret que le conducteur du semi-remorque n’ait fait l’objet d’aucune accusation, estimant qu’une enquête plus approfondie aurait au moins dû aboutir au dépôt d’accusations contre lui.

Selon lui, les images de la cabine du camionneur ont démontré une négligence importante

« Les images vidéo de la caméra embarquée dans la cabine, pointant vers le chauffeur, ont montré une absence totale de manœuvre «move over», aucune attention réelle portée sur sa trajectoire alors qu’il fonçait directement sur le chantier autoroutier, quelques secondes avant l’impact fatal qui a coûté la vie de son beau-fils, travaillant sur le chantier », a commenté M. Heinrich en entrevue au Vingt55.

« Un accident sur un chantier autoroutier, où il y a déjà des panneaux de signalisation avancée, des gyrophares et un camion atténuateur d’impact, devrait suffire pour permettre de porter automatiquement des accusations de négligence », a mentionné M. Heinrich, qui ne comprend pas comment l’enquête de la sécurité du Québec n’a pas permis de déposer des accusations contre le conducteur, responsable de la mort de Pascal Cauchon de manière évitable, le père de famille considère que l’enquête a été bâclée et était incomplète.

Le coroner Garneau a également formulé des recommandations importantes pour améliorer la sécurité autour des chantiers autoroutiers.

En effet, comme l’évoquait le Vingt55 lors du dépôt du rapport, le coroner Garneau a suggéré à la SAAQ d’intensifier ses efforts en matière d’éducation et de sensibilisation des conducteurs quant à l’importance de respecter le corridor de sécurité lors de travaux routiers.

Au MTQ, le coroner a recommandé l’installation d’un panneau à messages variables (PMV) près des chantiers afin d’annoncer toute entrave de voie à l’avance et en temps réel.»

© Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.