Littérature – Entrevue avec Sophie Montminy pour son premier roman, « Imparfaite »

Littérature – Entrevue avec Sophie Montminy pour son premier roman, « Imparfaite »
Sophie Montminy © Crédit photo Martine Doyon . Tous droits réservés.

Chronique littéraire de Jean-Sébastien Bourré

Jean-Sébastien Bourré, journaliste et rédacteur du Vingt55, a eu le plaisir de lire le premier roman de Sophie Montminy, « Imparfaite », publié aux éditions Québec Amérique et disponible en librairie depuis la fin août.

Sophie Montminy est connue dans le domaine de la mode et de la communication québécois. Elle y a œuvré – et y œuvre toujours! – comme journaliste, écrivaine, podcaster, animatrice, rédactrice, créatrice de contenus et productrice. Elle fait également la fierté (osons le dire!) de notre région, étant originaire de Drummondville, où elle a habité jusqu’au début de l’âge adulte.

Mme Montminy a également été rédactrice en chef du magazine « Clin d’œil », puis rédactrice en chef mode pour le même magazine. En 2016, elle a quitté son poste pour monter sa compagnie, Tagada inc., afin de devenir consultante pour les entreprises qui souhaitent se démarquer sur leurs différentes plateformes. Depuis 2019, son podcast « Femmes de fer » lui permet de rencontrer et de mettre à l’avant-plan des femmes qu’elle admire.

Le Vingt55 a eu l’occasion de rencontrer Mme Montminy à l’occasion de la sortie de son premier roman, « Imparfaite », qui mérite, en toute honnêteté, une note « parfaite ».

Le roman

Sous la narration d’Anna, jeune rédactrice ambitieuse du magazine mode Gisèle, les lectrices et lecteurs plongent dans les coulisses du milieu de la mode et la suivent dans son quotidien, où le travail et les réseaux sociaux occupent une place prédominante, si ce n’est toute la place. Outre son noyau d’amis, qui évoluent dans le même milieu professionnel, et ses collègues, Anna ne voit presque personne. Le « paraître » des réseaux sociaux la rapproche sans doute de la perfection aux yeux des autres…

Au détour d’une soirée entre amis dans un bar branché montréalais, Anna fait la rencontre de l’un des influenceurs Web les plus en vue du moment, Vince Tremblay, ou Mister Abs, qui plaît à toutes les femmes. Curieusement, il connaît le prénom d’Anna et l’invite à prendre un verre…

Histoire d’amour à l’eau de rose, sans intérêt ou difficile? À vous de le découvrir.

Pour Anna, le regard des autres est important : il permet de valider son existence, tout en fragilisant davantage sa confiance en elle. Le noyau de personnages qui gravite autour d’Anna est bien diversifié et des plus intéressants.

L’écriture de Sophie Montminy est vive, efficace, magnifiquement structurée et pourvue d’humour, et ce, toujours au bon moment. Une plume à découvrir!

Nous devons faire une petite mise en garde aux lectrices et lecteurs : il est possible que vous ayez du mal à décrocher du livre lorsque vous l’aurez commencé. Sur les 347 pages, nous en avons lu 200… dans une même journée.

Entrevue avec Sophie Montminy

Vingt55 : Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture d’un premier roman?

Sophie Montminy : Ça a toujours été un rêve de jeunesse, c’est peut-être cliché de dire ça. J’ai baigné énormément dans la littérature quand j’étais jeune, mes parents étaient des amoureux de culture, que ce soit la musique, les livres, les musées… L’univers de l’écriture m’a toujours fascinée. Par contre, je dois avouer que la première fois où je me suis vraiment impliquée dans la construction d’une histoire, c’était via le cinéma, parce que j’ai fait mes études au cégep en volet littérature et cinéma.

Ensuite, j’ai continué en cinéma à l’Université de Montréal, où j’ai touché à la scénarisation. Je me voyais beaucoup plus dans le milieu de l’image que de l’écrit, simplement parce que je me disais que c’était impossible pour moi de devenir écrivaine. Je n’ai aucune idée pourquoi j’avais ça en tête, mais je laissais la possibilité à d’autres artistes incroyables de devenir écrivains. Ce n’était pas mon chemin au départ. J’ai ensuite étudié en journalisme et je suis tombée sur le journalisme de terrain, majoritairement culturel et mode, pour ensuite devenir rédactrice en chef mode du magazine « Clin d’œil ». Je me suis beaucoup impliquée au niveau du Web aussi.

Cette histoire m’est venue quand j’ai quitté le milieu de la rédaction de magazines. Je l’ai écrit pour moi et plus ça avançait, plus je voyais que c’était sérieux. C’était la première fois que je construisais une histoire aussi sérieusement, aussi engagée et assidue.

Vingt55 : Combien de temps vous a-t-il fallu pour compléter l’écriture de votre roman?

Sophie Montminy : Six ans. Il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie : j’ai quitté le milieu de la rédaction, j’ai fondé mon entreprise, mon conjoint a une entreprise, j’ai eu un enfant, je me suis mariée… Je pense que tout ça a donné une maturité à l’histoire.

Au départ, quand je l’écrivais, c’était beaucoup plus axé sur la mode. En cours de route, j’ai voulu porter un regard critique sur la toxicité au travail, sur l’importance de la perfection et, évidemment, notre positionnement sur les médias sociaux face à ça. En six ans, j’ai eu le temps de faire énormément de recherches sur l’impact des médias sociaux sur la santé mentale et ça m’a donné le temps d’évoluer.

Vingt55 : Jusqu’à quel point est-ce inspiré de vos expériences dans les magazines ou d’autres sphères médiatiques ou culturelles dans lesquels vous avez évolué?

Sophie Montminy : J’ai toujours vu ce roman comme un backstage de ce qu’on peut voir dans le milieu. Moi, c’est l’univers dans lequel j’ai baigné, j’ai toujours été la fille de backstage, que ce soit quand j’étais stagiaire à la télé, quand j’ai fait de la radio étudiante, quand j’ai fait des plateaux de cinéma et, après, quand je suis arrivée dans le milieu du journalisme en ligne… Tout ça est assez véridique.

Évidemment, c’est romancé, les personnages n’existent pas. Chacun des personnages est l’amalgame de plusieurs des personnalités qui m’ont impactée, que ce soit positivement ou négativement. Certains membres de ma famille me lisent et me disent : « Oh! Mon Dieu, c’est toute ta vie, je te reconnais au complet », tandis que d’autres me lisent et me disent : « Voyons donc, as-tu vraiment vécu ça? »

Le questionnement le plus personnel, dans mon roman, concerne le regard de l’autre. Je n’ai pas caché et je ne le cacherai pas, les médias sociaux font partie de ma vie depuis très, très longtemps, depuis le début de ma carrière, qui a évolué là-dessus, et ensuite, je m’y suis vraiment laissée prendre pendant un certain temps. Ça m’a épuisée et dérangée.

Ça m’a amené énormément d’angoisse, même. J’ai développé une certaine dépendance aux médias en ligne. Je me suis vraiment questionnée sur le pourquoi on a tant besoin du regard de l’autre et la réponse est… positive et négative.

En psychologie, le regard de l’autre nous fait exister. Si l’autre ne nous regarde pas, on n’existe pas. C’est une réponse qui m’a vraiment fait du bien. C’est positif. D’un autre côté, si on a besoin à ce point d’être vus par les autres, c’est aussi qu’on ne se sent pas bien et qu’on a un besoin d’approbation de l’autre. Par contre, plus on se sent bien, moins on a besoin de cette approbation-là.

Ce questionnement, du début à la fin du roman, je ne sais pas à quel point il est évident, mais pour moi, ça a été ma trame de fond au complet.

Vingt55 : Qu’est-ce qui est plus fictif, a été davantage imaginé?

Sophie Montminy : Je pense que le protagoniste, je ne veux pas dire le vilain, mais le personnage qui va venir bouleverser le monde d’Anna, est très inventé. Ce n’est pas quelqu’un que j’ai connu. C’est plutôt un personnage composé de plusieurs histoires qui m’ont touchée, ou de certains agissements, ici et là, que j’ai vus, que j’ai entendus ou que des collègues m’ont racontés. C’est davantage une construction de plusieurs histoires ensemble. Cette partie-là est assez imaginaire, quoique certains me disent « je connais quelqu’un à qui c’est arrivé. »

Vingt55 : Y aura-t-il une suite?

Sophie Montminy : Ça, c’est la question à laquelle, pour l’instant, je n’ai pas de réponse. Étrangement, au départ, pour moi, c’était une trilogie. Il y a trois thèmes que je veux vraiment approfondir.

Pour le premier roman, « Imparfaite », c’étaient le perfectionnisme et le regard de l’autre. Pour l’instant, il y a un autre thème que j’ai le goût d’explorer avec cette gang-là que j’aime beaucoup. Je m’ennuie beaucoup de « les écrire », je pense que j’ai tellement vécu avec ces personnages-là que je m’ennuie d’eux. J’ai envie de les amener ailleurs, mais on va voir si c’est ce qui se présente tout de suite à moi, ou s’il y a une autre histoire qui m’intéresse énormément. À suivre.

Vingt55 : Il y a un autre projet possible?

Sophie Montminy : Oui, en fait j’en ai plusieurs, je suis justement en brainstorming créatif avec moi-même.

Le mot de la fin

Nous tenons à remercier Sophie Montminy pour cette entrevue au Vingt55 et en profitons pour formuler un souhait : qu’elle écrive la suite de ces beaux personnages et de cet univers unique et bien écrit. Il est facile d’imaginer la vie des personnages après le roman, mais ce qui nous intéresse le plus, c’est ce que l’écrivaine pourrait décider d’en faire…

Vous pourrez rencontrer Sophie Montminy lors d’une séance de signature au Renaud-Bray, Drummondville, Samedi 8 octobre à partir de 14 h 00

https://www.quebec-amerique.com/collections/adulte/litterature/qa-fiction/imparfaite-10552

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