Téléphone et communication : la révolution des communications dans la région de Drummond… raconte-moi l’histoire par André Pelchatt

Téléphone et communication : la révolution des communications dans la région de Drummond… raconte-moi l’histoire par André Pelchatt
Un standard téléphonique (1960) un des plus ancien type de commutateur téléphonique @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le long congé des Fêtes nous a permis de nous rapprocher et l’occasion de retrouvailles pour plusieurs. À défaut, pour ceux qui étaient trop éloignés nous avons communiqué par téléphone, courriel, zoom ou avec d’autres moyens technologiques. On réfléchit rarement au fait que tous ces moyens n’existaient pas pendant la plus grande partie de l’histoire de l’humanité. Avant le milieu du XIXe siècle, seule une lettre envoyée par la poste pouvait suppléer à la présence physique de l’autre.

Le télégraphe électrique, inventé dans les années 1830 et perfectionné par Samuel Morse, fut le premier moyen de vaincre la distance. Les premières lignes suivaient essentiellement les voies ferrées et étaient installées par les compagnies de chemin de fer, d’abord dans le but de faciliter l’entretien des équipements ferroviaires. Dans notre région, la première ligne fut installée sur la ligne Richmond-Lévis du Grand Tronc, en 1855, avant de s’étendre aux autres centres régionaux. En 1863, un habitant d’Arthabaska écrivait que les nouvelles mettaient moins de temps à arriver de France que de Montréal quinze ans plus tôt !

Le système n’est pourtant pas sans faille : on constate de nombreux bris de service, notamment lors de grands vents, destruction de fils ou d’instruments par la foudre et même, en 1859, des pannes importantes eurent lieu à la suite d’une tempête solaire et d’aurores boréales spectaculaires qui firent sauter les circuits électriques !

De toute façon, le coût d’envoyer un message privé était prohibitif pour la plupart des citoyens. On payait au mot (d’où le style dit « télégraphique ») et on s’en tenait donc à l’essentiel pour des messages réservés aux choses sérieuses : messages d’affaire, avis de décès, etc.

Le téléphone lui, fut créé par Alexander Graham Bell en 1876 (en fait un italo-américain nommé Antonio Meuci avait développé le concept avant lui mais n’avait pas les 10 dollars nécessaires pour déposer un brevet…) et celui-ci créa la compagnie Bell Telephone l’année suivante. La filiale canadienne de l’entreprise s’impose comme principal fournisseur vers 1880 et la compagnie du Grand Tronc entreprend de relier ses stations ferroviaires et ses bureaux par ce nouveau moyen de communication. Le système est entièrement manuel : tous les appels passent par une centrale et une téléphoniste établit la communication entre les usagers. La nouvelle technologie intéresse surtout les gens d’affaire car l’abonnement annuel coûte 15$, ce qui est hors de portée de la grande majorité des habitants.

Cependant, pour étendre le réseau au-delà des stations de chemin de fer, les hommes d’affaire durent souvent investir leur temps et leur argent. En 1884, à Victoriaville, Achille Gagnon fait poser à ses frais les premiers poteaux de téléphone. Deux marchands, Paul Tourigny et W.C. Houle, font installer une ligne entre Victoriaville et Warwick. Progressivement, la compagnie Bell achètera la plupart des entreprises locales de téléphonie dans les années 1890. Ces efforts dispersés ne sont pas sans inconvénients : Durham-sud obtient sa ligne en 1894 mais on ne peut y téléphoner à Arthabaska car, là-bas, le réseau appartient à Bell alors que celui de Durham appartient encore à un indépendant ! Les réseaux privés ne sont pas intégrés à un réseau plus vaste.  Les appareils téléphoniques se trouvent encore essentiellement dans les gares,  commerces, les bureaux de poste et autres lieux d’affaire. Seule une élite possède un appareil à la maison, surtout dans les villes car les campagnes ne sont souvent pas desservies.  Les appels doivent encore passer par une centrale : il est impossible d’appeler quelqu’un directement. Les appareils sont pourvus d’une manivelle. En la tournant on déclenche une sonnerie qui alerte une opératrice qui répond. On lui donne alors le nom et l’adresse de la personne à joindre et celle-ci établit le contact. De plus, il faut appeler pendant les heures de travail de la centrale : elles n’ont souvent pas de personnel de nuit.  Impossible donc, de faire un appel urgent à minuit ou une heure du matin si la centrale locale est fermée.

Les numéros de téléphone qu’on signale avec un cadran à roulette ne se généralise que dans les années 30. Pour les utiliser il faut une centrale automatisée. À Drummondville, il y en aura une en 1937, la première dans la région. Dans la décennie qui suit les entreprises de téléphone procéderont progressivement à la mise à niveau de leur technologie. Ce sera plus long dans les campagnes. Le canton de Warwick ne sera rejoint par ces nouveaux équipements qu’en 1958.

Il devient alors possible à tous de téléphoner à un parent ou un ami pour prendre des nouvelles…ou en donner!

André Pelchat
CHRONIQUEUR
PROFILE

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