Prévision économique 2023 -Trois perspectives étonnantes pour la prochaine année

Prévision économique 2023 -Trois perspectives étonnantes pour la prochaine année
Frédéric Laurin, Professeur d’économie à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME

DRUMMONDVILLE

Tout économiste que je suis, je ne dispose malheureusement pas d’une boule de cristal magique pour entrevoir le futur, et je ne m’aventurerai pas à prononcer des prédictions économiques pour 2023.

Mais, en tant que spécialiste en développement régional, j’ai la grande chance de pouvoir côtoyer les PME locales et les milieux socio-économiques régionaux. Cette expérience sur le terrain me permet de tracer un portrait relativement optimiste pour la prochaine année, contrairement à ce qu’on peut lire dans les grands médias.

Voici donc trois perspectives étonnantes pour 2023.

  1. Un ralentissement économique qui serait bénéfique

La forte inflation que nous connaissons actuellement provient d’une demande trop forte par rapport à l’offre. Les consommateurs sont heureux du déconfinement, et ils dépensent! Mais les entreprises, de leur côté, subissent les pénuries de main-d’œuvre et de graves problèmes d’approvisionnement. Les confinements pandémiques dans des milliers d’usines à travers le monde ont perturbé les chaînes d’approvisionnement. Les entreprises ont donc des difficultés à obtenir les employés, les composantes et les matériaux nécessaires pour assembler leurs produits.

Toutes ces pénuries font en sorte qu’un grand nombre de PME québécoises sont déjà à pleine capacité, ayant des difficultés à répondre à la demande. Il y a des retards de production. Elles sont nombreuses à refuser carrément des clients, à ralentir la cadence de production, à réduire leurs heures d’ouverture, à allonger les délais de livraison ou à mettre des projets d’investissement sur pause. Cette cadence de production effrénée, en contexte de pénuries, épuise les chefs d’entreprise ainsi que leurs employés.

On rajoute à ces problèmes un épuisement physique et psychologique généré par le stress et le surplus de travail qu’a occasionné la période pandémique des deux dernières années. De nombreux dirigeants d’entreprises, de gestionnaires et de travailleurs sont au bout du rouleau.

C’est pourquoi un petit ralentissement économique serait bienvenu en 2023.

Il résoudrait d’office le problème de l’inflation, en calmant le rythme des dépenses dans l’économie. La réduction de l’inflation et le ralentissement économique convaincraient possiblement la Banque du Canada de cesser d’hausser ses taux d’intérêt, ou peut-être même de les diminuer. Les détenteurs d’hypothèque en seront heureux!

Et surtout, un ralentissement économique offrirait un répit salutaire aux entreprises et aux employés, leur permettant de souffler un peu après la pandémie, l’inflation, le casse-tête des pénuries de main-d’œuvre, les retards de production et les blocages des chaînes d’approvisionnement.

  1. Ralentissement économique, mais pas de chômage

Certains économistes prévoient une hausse du taux de chômage dans les prochains mois en raison du ralentissement économique. Je ne vois pas comment cela peut être possible compte tenu de la gravité des pénuries de main-d’œuvre. Les employeurs sont désespérément en manque de travailleurs. On le voit clairement sur le terrain. Un ralentissement calmerait la demande pour des employés supplémentaires.

Bref, contrairement à la logique économique standard, un ralentissement en 2023 ne créera probablement pas de chômage! Les temps sont extraordinaires…

  1. Fin de l’inflation

Historiquement, lorsque le niveau d’inflation est élevé, on peut prévoir que cette hausse des prix persistera sur une longue période. Mais peut-être pas cette fois-ci.

La très grande majorité de l’inflation est générée par des problèmes conjoncturels, donc temporaires :

  • Les confinements qui ont créé des pénuries d’approvisionnement;
  • La situation pandémique qui a subitement modifié les habitudes de consommation des gens. Par exemple, la forte hausse de la demande pour du matériel de plein-air et de loisir, alors qu’il était impossible de voyager;
  • Le boom post-confinement : les consommateurs qui se sont rués dans les centres commerciaux, les restaurants, les cinémas et les avions à la fin des confinements;
  • La guerre en Ukraine qui a haussé le prix du pétrole, mais aussi le prix du blé et des engrais.

Les confinements sont maintenant terminés. On espère que la guerre en Ukraine prendra fin rapidement elle aussi. Mais en attendant, les marchés se sont ajustés et ont trouvé d’autres sources d’approvisionnement en dehors de l’Ukraine et de la Russie.

Conséquence : les prix de l’essence rediminuent. L’inflation ne cesse de s’essouffler depuis septembre 2022. La hausse des taux d’intérêt va probablement faire le reste du travail pour modérer les prix.

C’est pour toutes ces raisons que j’entretiens ce surprenant optimisme pour l’économie de 2023. Ça devrait bien aller… si la tendance se maintient, comme disait Bernard Derome!

C’est à condition qu’une autre tuile de style guerre internationale ou COVID-19 ne nous tombe pas sur la tête pendant l’année! Je n’ai pas de don divinatoire pour prévoir cela.

Bonne année 2023!

 

Frédéric Laurin

Professeur d’économie à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME

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