Il y a 70 ans, Drummondville faisait un accueil triomphal au Prince Philip et à la princesse Élizabeth. …raconte-moi l’histoire par André Pelchat

Il y a 70 ans, Drummondville faisait un accueil triomphal au Prince Philip et à la princesse Élizabeth. …raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Photo : Le prince Philip en visite, Drummondville 1951 , Société d’histoire Drummond, collection régionale ;

DRUMMONDVILLE

Le décès récent du prince consort, Philip d’Édimbourg, est une bonne occasion de rappeler un évènement dont les personnes les plus âgées se souviennent peut-être : en 1951, le prince Philip et sa jeune épouse, la princesse Élizabeth, s’arrêtèrent brièvement à Drummondville ! Élizabeth n’est pas encore reine à l’époque, son père, le roi George VI étant toujours vivant, mais tous savent qu’elle doit lui succéder, ce qui arrivera l’année suivante. 

C’est au mois de juillet que la presse nationale annonce la prochaine visite du couple princier au Canada. Des membres de la famille royale sont venus au pays plusieurs fois depuis 1786 mais un seul souverain a visité le Dominion : le roi George VI, accompagné de la reine-mère Elizabeth, en mai et juin 1939. Cette visite avait pour but évident de renforcer les liens entre la Grande-Bretagne, le Commonwealth et l’Empire à la veille de la Seconde guerre mondiale.  La visite de 1951 peut d’ailleurs être interprétée dans le même sens, dans le contexte de la guerre froide et du démantèlement -bien commencé- de l’Empire britannique (Guerre de Corée, indépendance de l’Inde et d’Israël, nationalisation du pétrole en Iran). Toujours est-il que le voyage princier comporte un parcours de 16 000 kilomètres à travers le pays, utilisant divers moyens de transport, avec des arrêts dans de nombreuses villes. Le jeudi 16 août, La Parole peut annoncer en première page que le couple s’arrêtera à Drummondville le 29 octobre !

Le 20 septembre suivant, le journal signale la formation, « à la suggestion du maire Antoine Biron », d’un comité de réception pour la visite de « Leurs Altesses la princesse Élizabeth et le duc d’Édimbourg ».  Le comité comprend, outre le maire lui-même :  M. C. Hargreaves, vice-président et administrateur de la Canadian Celanese, le major C.E. Vessot, commandant du 46e régiment, M. Fred West, commandant de la Légion canadienne, et enfin M. Jules Marceau, gérant de la Southern Canada Power. Bref, militaires et hommes d’affaire. Pas de femme ni de représentant du monde syndical, ni même, ce qui est plus surprenant à l’époque, de religieux ! On annonce aussi que le train royal ne pourra stationner en gare de Drummondville plus de dix minutes et que pas plus d’une vingtaine de personnes ne pourront, dans ce délai, être présentées aux deux visiteurs royaux.  Des plans pour la construction d’une plateforme de bienvenue de 24 pieds par 12 ont été faits.

Finalement, au jour prévu, à 10h30, une foule évaluée à plus de 30 000 personnes accueille le couple princier, accompagné par L’Honorable Hugues Lapointe, ministre des anciens combattants, et son épouse.

Évidemment, ces 30 000 et quelques badauds ne sont pas tous drummondvillois, la ville ayant à l’époque 37 000 habitants environ. La Parole précise que des gens sont venus de « la vaste région des Cantons de l’Est ». Accueillis sur la plateforme de bienvenue par le maire Biron, leurs Altesses sont présentées une sélection de personnalités des milieux industriels, militaires, politiques et religieux dont le curé de Saint-Frédéric M. Paul Mayrand, le Révérend de l’Église anglicane M. Harold Church ainsi que le député de Drummond-Arthabaska, M. Armand Cloutier, et son épouse. Là encore, les seules femmes sont les épouses et les filles des hommes invités. Le journal précise : « La princesse paraissait radieuse et le duc, par son attitude démocratique et même débonnaire, fut immédiatement très sympathique à la foule entière » qui « ovationna » le couple. Après les présentations, l’Harmonie de Drummondville joue le Salut Royal et le O Canada. Le train spécial devant conduire leurs altesses vers les Maritimes arrive avec un retard de 5 minutes, soit à 10h45. La visite aura donc duré 5 minutes de plus que prévu. Le couple salue la foule déchaînant « un enthousiasme presque indescriptible », avant de monter à bord et de partir.

Au mois de décembre, le maire Biron, reçoit une lettre de remerciement de la part du couple royal, signée par leur secrétaire particulier, Sir Martin Charteris. On peut y lire « Leurs Altesses Royales conserveront le souvenir de leur visite à Drummondville et de l’accueil émouvant que vous leur avez réservé. » La Parole du 13 décembre précise que ce document sera « conservé dans les archives ». Il doit y être encore…

Photo : Le prince Philip en visite, Drummondville 1951 , Société d’histoire Drummond, collection régionale ; C1-5.4g1

Pour en savoir plus :

Lien vers « Voyage royal » documentaire de l’ONF sur la visite du couple princier au Canada en 1951

https://www.onf.ca/film/voyage_royal/

Sources : Journal La Parole, Drummondville, jeudi 16 août 1951

                                                  Ibid, jeudi 20 septembre 1951, P A1

                                                  Ibid, jeudi 11 octobre 1951, P A1

                                                  Ibid ,jeudi 8 novembre 1951, P A1

                                                  Ibid, jeudi 13 décembre 1951, P A1

André Pelchat
CHRONIQUEUR
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