Projet collaboratif entre la France et le Québec : Étudier l’épineuse question de la liberté d’expression et de création

Projet collaboratif entre la France et le Québec : Étudier l’épineuse question de la liberté d’expression et de création
La professeure Mathilde Barraband, du Département de lettres et communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

DRUMMONDVILLE

Depuis une vingtaine d’années, de manière renforcée, le sujet de la liberté d’expression et de création polarise l’opinion publique à travers le monde. Qu’on pense à la littérature, au cinéma, à la musique ou à l’art contemporain, certaines œuvres ou publications ont mené à de vives critiques populaires, de la censure, d’importants procès ou même des attentats.

Pour étudier ce phénomène et plus largement les enjeux de la liberté d’expression, les Fonds de recherche du Québec (FRQ) et le Centre national de la recherche scientifique français (CNRS) ont récemment créé la Chaire collective de recherche France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression. La professeure Mathilde Barraband, du Département de lettres et communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), en est cotitulaire avec trois autres chercheurs du Québec et quatre chercheurs de la France, tous reconnus pour leur expertise sur la question de la liberté d’expression.

En équipe, les cotitulaires de la Chaire, leurs 21 cochercheurs et une quarantaine de collaborateurs et partenaires auront pour mission de documenter et d’analyser conjointement les principaux enjeux de recherche définis dans quatre axes précis, soit :  démocratie et droits humains fondamentaux, croyances et identités religieuses, savoirs et sciences, ainsi que censure et création. C’est justement à ce dernier axe que la professeure de l’UQTR consacrera ses travaux.

« Nos terrains d’analyse seront le Québec et la France. Ici comme là-bas, la censure à proprement parler n’existe plus, sauf pour le cinéma. Les créateurs et diffuseurs n’ont pas à faire approuver leur création par des instances autorisées, ils peuvent faire circuler librement leur art. Il reste qu’ils demeurent responsables devant les publics et devant la loi. Certaines œuvres d’art ont pu susciter d’importantes polémiques et même des procès », explique la professeure Barraband, qui est aussi directrice du Laboratoire de recherche L’art en procès, situé à l’UQTR. 

La chercheuse et son équipe entendent fournir et analyser des données qui permettront à ceux et celles qui jugent et légifèrent de disposer de balises. Leur souhait est aussi d’aider les artistes et les diffuseurs à mieux saisir leurs droits et devoirs, car les lignes du droit et de l’éthique ont beaucoup bougé ces dernières années en matière de liberté de création. Cela peut amener les artistes à sous-estimer ou surestimer ce qu’ils peuvent faire ou non.

« Outre l’analyse des procès et des polémiques, mon équipe veut chercher à mieux saisir les rouages de l’autocensure. On dit beaucoup qu’elle se renforce depuis quelques décennies, après un long moment où l’art se définissait comme essentiellement transgressif de la morale, du bon goût, ou du bon sens. Est-ce vrai? Si oui, quelle est la part de contrainte dans cette autocensure? Ne faut-il plutôt parler d’autorégulation, dans le sens où l’exigence éthique émane aussi des acteurs du milieu artistique eux-mêmes? », interroge Mme Barraband.

Notons finalement que la Chaire collective de recherche France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression bénéficie d’un octroi de 2 millions de dollars venant du Fonds de recherche du Québec (FRQ). En France, la Chaire sera soutenue par le Centre national de la recherche scientifique français (CNRS) et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR). Dans son ensemble, cette Chaire permettra au Québec et à la France de jouer un rôle pilote dans ce domaine à l’échelle mondiale.

« Cette nouvelle Chaire de recherche France-Québec permettra à des chercheuses et des chercheurs d’horizons différents de porter un regard interdisciplinaire sur les grands enjeux et débats contemporains touchant la liberté d’expression. Je suis convaincu que les travaux qui en émaneront seront porteurs de connaissances, le tout dans un contexte de renforcement de la collaboration scientifique entre la France et le Québec, avec l’intention de faire rayonner la recherche fondamentale à l’échelle internationale », souligne M. Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec.

Éric Beaupré
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